Chapitre 16

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« Si tu vis dans l'ombre, tu n'approcheras jamais du Soleil »

Jacques Mesrine

Nous étions tous – Walid, Rédouane, Luce, Lalie, Anaïs, Priscilla et moi-même - réunis autour de la table de la cuisine. Tous étaient au courant des nombreux mensonges d'Ajeff. Ils avaient plutôt bien réagi. Enfin... j'imaginais que ça serait pire.

- Bon. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Rédouane.

- Je pense qu'on devrait demander à Justinien, dit Anaïs.

- Euh... c'est qui Justinien ? demandais-je, perdue.

- Ah nan ! J'sais déjà c'qu'il va dire, ce lèche-cul. C'est chiant, dit Luce.

- Oui... mais c'est comme même le chef du personnel... dit Anaïs.

- Mais on ne travaille plus pour ce menteur ! s'exclama Lalie. Moi, je suis d'accord avec Luce : le suce boule, on l'emmerde.


- Euh... vous pouvez me répondre ? demandais-je à nouveau.

- Justinien c'est le chef du personnel et il est... comment dire... commença Walid

- C'est un lèche-cul, dit Luce.

- Il est en admiration devant Ajeff, termina Walid.

Qui dans ce monde peut admirer Ajeff en connaissant sa vraie personnalité ?

- Qui est un lèche-cul ? demanda une voix forte.

Tout le monde se retourna. J'entendis Lalie jurer et Luce soupirer. L'homme qui se tenait devant nous, les poings sur les hanches, affichait un air autoritaire. Il était plutôt petit, était châtain et avait des yeux marron. Il était l'exemple parfait du monsieur tout le monde, si on ne prenait pas en compte son air hautain et supérieur.

- Vous devriez vous mettre au travail au lieu de discuter, reprit-il, autoritaire.

- On a bien le droit à une pause, Justinien, dit Lalie en soupirant.

C'était donc lui Justinien... je l'aurais imaginé plus... moins...

Plus imposant.

- Qui est le chef du personnel ici ? Aucun de vous en tout cas, puisque c'est moi, dit-il avec un sourire vainqueur.

- À propos de ça... on voulait te dire un truc... commença Rédouane.

- On démissionne, termina Luce avec un sourire en coin.

- Vous ne pouvez pas faire ça, dit-il.

- Bien sûr que si, on le peut, reprit Luce, toujours avec son sourire.

- Si vous démissionnez, je vous fais exécuter.

- Et qui va nous exécuter monsieur le géni ? demanda Anaïs. On compte tous démissionner et il n'y a pas d'autre personnel. Et c'est pas toi, avec ton corp de lâche, qui va nous battre.

Il fronça les sourcils et sembla réfléchir pendant quelques secondes. Il finit par sourire après son moment de réflection.

- Toi, là, dit-il en faisant un mouvement de menton vers moi. Zya, c'est ça ? Tu commences par tuer les putes, et après tu t'occupes des deux bâtards.

Ce qu'il venait de dire sur mes compagnons me répugnait et me mettait hors de moi. Je m'avançai vers lui d'un air mauvais. Je vis Luce ricaner légèrement et Lalie la réprimender. Je pris Justinien par le col et le plaquai contre le mur. Je lui mis un coup de poing bien placé à la machoir. Il avait déjà une trace violacée à l'endroit où je l'avais frappé.

- Ne les insulte pas. Sinon je te bute jusqu'à ce que tu sois à terre et que tu craches ton sang.

Il tremblait et me regardait avec des yeux. Luce rit franchement avant de dire :

- Ne l'énerve pas, elle a fait le camp d'entraînement de l'armée. On a un pit-bull !

- C'est pas très sympa de la qualifier de pit-bull... fit remarquer Walid.

- Rooh... ça va...

- Sinon, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Anaïs.

- On a le temps de réfléchir ! s'exclama Lalie

- Surtout si on se débarrasse du suce-boule et du menteur... dit Priscilla pensivement.

Tout le monde la dévisagea, étonnés par ce qu'elle venait de dire.

- Ne vous faîtes pas de fausses idées ! Je ne parlais pas de les éliminer ! Plutôt... de les enfermer... s'exclama Priscilla.


- C'est vrai que ce serait pratique... avoua Rédouane.

- Qu-qu-quoi ?! s'exclama Justinien, que je tenais toujours par le col. N-ne m'enfermez pas ! J-je ferais tout ce que vous voulez ! En-enfermez plutôt votre pit-bull, elle est dangereuse !

Je lui jetai un regard assassin, ce qui le pétrifia sur place.

- Je connais un endroit où on pourrait les enfermer, déclara Walid.

- Parfait ! Zya et Walid, emmenez Justinien et allez chercher Ajeff s'il vous plait.

Je pris Justinien sur mon épaule. Il n'osa pas se débattre, trop effrayer par mon regard. Walid s'élança à la recherche d'Ajeff. Au bout de quelques minutes à tourner à rond dans toute la villa, nous finîmes par retourner à notre point de départ : la cuisine. Nous nous apprêtions à rentrer dans la grande pièce, mais nous entendîmes un coup de feu venant de derrire nous. Justinient gémit de douleur et je sentis du sang couler le long de mon épaule. Je me retournai et vis Ajeff, un pistolet braqué sur nous à la main. Je lâchai Justinien qui retomba brusquement au sol dans un cri de douleur. Rédouane, alerté par le bruit, ouvrit la porte de la cuisine et resta immobile quelques secondes, surpris par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Ses yeux s'agrandirent encore lorsqu'il vit l'arme qu'Ajeff tenait à la main. Il ne lui fallut pas plus de temps pour réagir : il saisit le corps de Justinien et le projeta quelques mètres plus loin, arrachant un énième gémissement de douleur au blessé. Rédouane prit un objet dans sa poche qui s'avérait être un poignard. Ajeff réagit directement et lui tira une balle dans l'épaule. Il s'écroula de douleur en se tenant l'épaule et en grimaçant. Je récupérai son poignard et m'élançai vers Ajeff. Il prit peur et tira à l'aveuglette. Malgré tout, la balle arrive dans mon bras. J'avais horriblement mal mais j'ignorai la douleur, continuant de courir vers Ajeff. Lorsque j'arrivai devant lui, je le poignardai dans la cuisse. Il laissa échapper un cri de douleur et tira à nouveau une balle qui arriva dans mon ventre. Ma tête tournait et je n'arrivais plus à penser correctement. Je finis par m'écrouler au sol en perdant connaissance.

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