Un amour de Jeunesse (tome 2) ~En Pause~

Chapitre 11:

    Deux longues heures se sont écoulés depuis le retour de Stefan. Je dis longue car elles ont été très éprouvantes pour lui comme pour moi. Ca y est, il savait tout. Les coups, l’alcool, la garde, mon quotidien, tout. Ca avait été pour moi assez libérateur de tout partager avec lui. Personne n’était au courant car je m’étais de moi même forcé de ne rien dire. J’étais comme redevable envers Rayane car il m’avait aimé de la même manière que Stefan avait su le faire auparavant. Il avait su me faire retrouver le sourire, la joie de vivre, et de réels sentiments. J’avais pu tourner la page car il ne m’avait jamais abandonné lui. Mais à présent, le bonheur avait laissé place à de la torture. Je ne pouvais pas continuer à vivre dans cet enfer. Je n’étais même pas sur de l’aimer encore, alors pourquoi continuer? Parce qu’il avait besoin de moi? Il m’avait fait comprendre que non et que je n’étais qu’un fardeau à ses yeux.

Toute cette histoire rappelait des souvenirs douloureux à Stefan. Sa mère avait vécu le même sort que moi mais elle, elle avait eu le courage de partir dès la première fois. Sur le coup je ne m’en étais même pas rendu compte mais c’est vrai que c’est exactement les mêmes circonstances: les coups, l’alcool, la violence même envers les enfants. Comme quoi, ces horreurs n’arrivent pas qu’aux autres et font parti du quotidien de bons nombres de femmes...

Sa réaction était assez impressionnante et confirmé le fait qu’il ressentait toujours quelques choses pour moi. Il ne ressentait que colère et remords de n’avoir rien pu faire avant.

Après que j’eus terminé le long récit de ma vie, il prit les clefs de sa voiture ainsi que sa veste. Il me demanda de rester bien sagement sur le canapé en attendant qu’il revienne. Mais je savais ce qu’il s'apprêtait à faire et c’était impossible pour moi de faire comme si de rien. Je le suppliai de m'emmener avec lui pour essayer du mieux que je pouvais de le contrôler. Il ne s’y opposa pas en voyant ma détermination. On monta tous les deux dans la mercedes, le trajet allait être long, enfin, c’est ce que je pensais quand il n’avait pas encore démarré… A peine après avoir mis le contact, il accéléra à toute allure comme si les minutes étaient comptées. J’étais terrorisée à l’idée de le revoir et à vrai dire, j’essayais réellement de le faire changer d’avis, de rentrer et d’oublier tout ce qui s’était passé aujourd’hui. Mais rien ne pouvait se mettre en travers de son chemin, il était décidé à le punir pour tout ce qu’il m’avait fait endurer. Après 5 minutes de trajet mouvementé, il freina d’un coup sec devant mon immeuble. Il sortit de la voiture à une vitesse folle et monta les escaliers 4 par 4. J’hurlai son nom, lui criait de revenir et le suppliai de ne rien faire. Il m’ignora et continua sur sa lancée. Pour ma part, j’essayai de le suivre comme je pouvais. On arriva enfin à notre palier, face à la porte de mon “ancien” chez moi. Il ne prit pas la peine de sonner bien évidemment et ouvra la porte. D’un regard enragé, il fouilla partout dans l’appartement à la recherche de Rayane. Je ne l’avais jamais vu dans un tel état, on aurait dit un monstre… C’était sûrement cette partie de lui qu’il redoutait tant à l’époque où nous étions ensemble.

En apercevant Rayane sur le balcon, il tapa un sprint jusqu'à lui, faisant tomber bon nombre d’affaires sur son passage. Rayane semblait tellement innocent, ne comprenant rien à la situation. Mais la présence des coups donnés par Stefan allait peut être lui remettre les idées en place. C’était assez bizarre de voir la situation s’inverser. Ce n’était plus lui qui frappait à présent… Je n’étais pas heureuse de le voir se mettre en pièce sous mes yeux, mais il le méritait, malheureusement… Stefan se déchaîna sans relâche sur lui, jusqu’à le mettre à terre et le rendre presque inconscient. Je n’osai bouger, paralysé par ces images si terrifiantes. Il n’était plus lui même et si je ne l’arrêtais pas, il allait réellement le tuer. J’accourus jusqu’à eux et enferma Stefan de mes bras en pleurant.

“Stefan! Je t’en supplie ARRÊTE!!!”

Il se détacha de Rayane, se releva et se tourna vers moi. Ce visage, jamais je ne l’oublierai… Des yeux rouges de rage, une mâchoire serrée, des joues chauffées de colère. Je posai mes mains sur cette figure si impressionnante, et éclatai en sanglot dans ses bras. Je sentis son coeur se ralentir, et ses nerfs se décontracter. Je le pris par le bras et le sortis de cet appartement qui ne causait que des problèmes. On rejoignit la voiture dans un silence profond. Des voisins qui avaient été alerté par des cris avaient déjà appelé les secours et nous avait demandé de ne pas quitter les lieux car la police allait arriver, ce que nous ne respections pas, bien évidemment.  Stefan roulait toujours aussi vite sur la route du retour. Il était crispé et je vous avouerai que aucun mot ne pouvait décrire ce qui venait de se passer. Au moment où je me décidai à en parler, il prit la parole, me coupant dans mon élan.

“Lara, je t’en supplie, aides moi à ne pas faire demi-tour pour achever cet enfoiré.

-Stefan… soufflai-je à court d’argument.

-Il ne mérite que ça. Comme a-t-il osé te lever la main dessus? Et toi, pourquoi tu n’as rien dit? Je te pensais réellement plus courageuse que cela. m’avoua-t-il sans me regarder.

Sans le savoir, il venait de me blesser. C’est vrai que je n’avais rien dit mais je n’avais pas besoin qu’on me rappelle sans cesse à quel point j’avais merdé.

-Tu veux savoir pourquoi je n’ai rien dit et pourquoi je n’ai rien fait? Parce que je l’aimais Stefan, je l’aimais vraiment. Cet enfoiré, comme tu dis, c’est la personne qui m’a permise de revivre après que tu m'aies laissé tomber pour faire ta vie ailleurs!

Voyant qu’il ne réagissait pas à mes propos, je repris de plus belle:

Il était là quand toi tu n’y étais pas. Il m’a aidé à traverser bon nombre d’épreuves mais surtout il m’a aidé à me remettre de l’abandon que je venais de vivre!

-Je ne te permets pas Lara. Je t’avais dis que j’allais revenir et me revoilà aujourd’hui.

-Après dix ans Stefan! Dix ans! Tu ne m’as laissé aucune nouvelle, rien! Tu ne me répondais plus au téléphone, les lettres et les messages tu ne cherchais même pas à y prêter attention!

D’un coup sec, Stefan frena et se gara sur le bas côté de la route, il sortit de la voiture avec violence et commença à marcher dans le champs qui bordé la nationale. Je descendis à mon tour de la voiture:

Reviens ici, j’en ai pas terminé avec toi! Hurlai-je

-Tu crois que je ne regrette pas la connerie que j’ai faite? Tu crois que ça a été facile pour moi de ne plus te parler?! Je t’aime Lara, la voilà la vérité! Je n’ai jamais pu tourner la page ni passer à autre chose car je suis fou amoureux de toi…”