Quinzième bonbon - 3/4

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La situation perdura encore quelque temps, et l'ambiance dans la maison devint vite électrique. Tout le monde évitait soigneusement Nox et Flocon, qui ne se cachaient pas pour afficher leur écœurante complicité. Les autres pensionnaires déployaient alors des trésors d'imagination pour ne pas tomber sur eux, même quand ils décidaient d'aller s'installer dans le jardin. Ou pire, dans le grand salon.

Personne n'osait se plaindre à voix haute, et les regards noirs jetés aux deux concernés ne les affectaient pas le moins du monde ; personne d'autre ne semblait exister en dehors de leur bulle de perversion malsaine. Parfois, pourtant, ils allaient s'enfermer dans la chambre de Flocon, et ces longues heures d'isolement étaient les seuls instants de répits de la maison.

Ce ne fut qu'au bout de quatre jours que la décision de Mordigann porta ses fruits.

L'après-midi avait commencé sans que rien ne change. Quelques clients avaient bravé la menace, faisant fi de l'aura malfaisante qui imprégnait les murs depuis l'arrivée de Nox. Ce dernier s'était installé à l'extérieur, sur une grande méridienne placée à l'ombre d'un arbre, pour une sieste réparatrice en compagnie de Flocon.

L'intrisuion fut si rapide que les mécanismes de défense ne s'étaient pas déclenchés ; Mordigann les avait de toute manière désactivé, par prudence.

Malgré son rôle de gardien de la maison, Driss eut la présence d'esprit de ne pas intervenir. Il sentit tout de suite que cette créature-là était bien trop puissante pour lui et fit plutôt de son mieux pour contenir la formidable chape de froid qui recouvrit soudain la maison.

Nox n'eut même pas le temps de brandir ses tentacules pour se protéger de la vague de glace qui s'abattit sur lui. D'énormes pointes glacées surgirent tout autour de lui pour le transpercer. Il bondit en arrière, renversant précipitamment son siège, juste à temps pour s'échapper. Il ne vit pas Flocon s'envoler à tire d'aile, ne put qu'essayer de s'enfuir avant que la glace ne se referme sur lui et n'emprisonne solidement ses membres.

– Toi !

Nox, les yeux écarquillés, vit s'avancer vers lui une chevelure indigo qu'il ne connaissait que trop bien.

Elle n'appartenait pas à Flocon. Elle surmontait le port de tête altier d'un homme aussi grand que massif, qui avançait vers lui d'un pas furibond au milieu de ce chaos glacé.

Drapé de vêtements faits de givre et de feuilles, la barbe taillée avec soin et garnie de fleurs sauvages, le roi des fées des neiges se dressait devant lui.

Et il avait l'air furieux.

– Tu pensais pouvoir t'en prendre impunément à l'un de mes enfants ?!

Cerné de stalactites acérées, Nox voulut protester mais sitôt qu'il ouvrit la bouche, les pointes de glace se rapprochèrent dangereusement de lui pour l'inciter à garder le silence. Alors il referma vivement la mâchoire.

Le jardin n'était plus qu'un immense cratère recouvert de givre. Le froid avait enveloppé la maison et même les oiseaux s'étaient envolés précipitamment, désertant les lieux pour se mettre à l'abri.

– Si tu lui as fait le moindre mal... !

Le roi des fées ne termina pas sa phrase. Flocon, redevenu aussi petit qu'un moineau, voleta furieusement devant lui pour s'interposer devant Nox. Son père, d'abord surpris, fronça les sourcils et le menaça de l'index.

– Ah, toi, tu n'as pas ton mot à dire. Est-ce que tu sais depuis combien de temps je te cherche ? Tu aurais pu me faire savoir que tu étais ici, et en sécurité !

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