La semaine a été longue. J'ai passé mes journées à lutter pour ne pas déserter et mes nuits à épier les moindres va-et-vient dans l'Hexagone Ballard grâce aux enregistrements des caméras de surveillance. J'ai peu dormi mais l'adrénaline me tient debout, je suis sur la bonne piste. Un stock indécent de nutriments en solution a été livré mercredi au siège des états-majors de l'Armée et ce n'est certainement pas pour les officiers et les secrétaires ! Je miserais plutôt sur des petits singes...
« Tu es sûr de toi ? me demande Océane. C'est bizarre quand même. »
La jeune femme est de nouveau au volant de la Polestar d'Eliott. Je comprends ses doutes face à mon intuition. Je serai bientôt plus convaincant, ce n'est qu'une question de temps.
« Il me manque encore quelques preuves mais avoue que l'indice est gros !
— Si tu le dis. Tu m'as fait confiance, j'imagine que c'est mon tour. »
J'espère tellement avoir raison. J'en ai besoin.Dès que je passe la porte de la villa, je me mets à la recherche de la salle de tir. Je m'oriente grâce au volume de la musique. Très vite, je gravis un escalier de teck pour arriver là d'où les notes proviennent. La pièce est vaste bien que basse. Ses murs sont couverts de livres. Le soleil caresse leur couverture. Certains ouvrages sont abîmés, je les devine victime des balles de notre trio de tireurs. Çà et là trônent de vieux bibelots. Un globe, une pile de CDs et une maquette de TGV se côtoient sur les étagères. Soudain, une balle traverse mon champ de vision. Alors que Kylian continue à tirer, Gaspard et Eliott s'approchent de moi.
« Alors camarade ! me hèle le blond. Tu es venu en stoemmelings la dernière fois, je ne t'ai même pas vu. Qu'est-ce que tu fiches ?— Excuses moi. J'étais absorbé par mes recherches. Tout se passe bien ici ?
— A merveille. »
Son amant me répond avec cynisme. Notre échange l'exaspère.
« Viens, il faut qu'on parle. »
Il me tire derrière lui. Docile, je le suis jusqu'au deuxième étage, non sans jeter un regard contrit à notre ami belge.J'y découvre un toit végétalisé où pousse un verger fleuri. Eliott me devance à travers les arbres d'un pas lent. Le jeune homme se tourne vers moi, il hésite à parler puis se lance :
« Il faut que j'y aille. Tu le sais. Même seul, même condamné d'avance. Je dois le faire.
— Ce n'est pas ce qu'elle voudrait.
— Tu n'en sais rien ! s'énerve-t-il. J'ai parlé avec Neil. Je me suis fait passer pour un trompettiste de son orchestre. Il n'a aucune idée de ce qu'ils lui font !
— Et est-ce qu'il pourra la voir ?
— Pas avant le procès et la date n'est toujours pas fixée ! Je ne peux pas attendre autant pour savoir...
— Pour ça, je peux peut-être t'aider. »
Ce que je suis en train de faire relève de la stupidité. Prendre de tels risques pour finalement souffrir... Mais je ne peux pas le laisser dans l'ignorance. Je ne peux pas y rester non plus.
« Comment ?
— Les caméras de la prison.
— Sérieux ? Tu sais faire ça ? »
J'acquiesce doucement. Avant d'arriver dans le Zéphyr, je n'aurais même pas imaginé cela possible mais les pirater ne doit pas être plus compliqué que pour celle du ministère.
« Alors qu'est-ce qu'on attend ? On devrait déjà y être ! »
Son excitation m'inquiète. Il a toujours de l'espoir alors que ce que nous allons voir n'aura rien de réconfortant, j'en suis sûr. Pourtant, c'est trop tard. Je ne peux plus me rétracter maintenant. J'ai encore un petit délai devant moi pour me préparer à ce qui va se dessiner sous nos yeux, le temps de m'insinuer dans leur système de surveillance. Mais c'est tout. D'ici quelques heures, nous saurons.J'ai rejoint mon poste sans parler à Romain de ce que nous allions faire avec Eliott. Il aurait trouvé mille et une bonnes raisons de ne pas le faire alors qu'il n'était même pas là. Il ne peut pas ressentir notre désespoir et notre culpabilité. Il tient à elle mais il ne l'a pas abandonnée.
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Genève 8 [TERMINÉ]
Science FictionDans ce monde, la guerre n'existe plus ! Cinquante ans après nous, en 2070, les armes à feu ont été définitivement bannies de la planète. Une bonne nouvelle pour l'humanité qui a enfin décidé d'arrêter de s'entretuer ! Maintenant, tout se joue par o...