Retrouvailles arrosées

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 — Mais où est-il encore parti? s'impatienta Céleste.

— Dire qu'on venait juste de le retrouver, souffla Scyllia.

— Il n'a pas dû aller bien loin, les rassura Elisabeth.

Nous commencions à errer entre les bâtiments de l'académie sans aucun indice. J'avais envie de rester positive, surtout pour Céleste, mais cela me semblait bien compliqué. L'endroit était immense et le pire, c'est que nous n'étions même pas sûrs qu'il était encore dans les parages.

— Il finira bien par rentrer, non ? demanda Ronan.

— Quand il aura détruit toute l'académie, peut-être bien, s'exaspéra Céleste.

— Cela semble bien difficile vu qu'elle se répare d'elle-même, pouffa Zoé amusée. Même moi je n'ai pas réussi à lui faire une seule égratignure. Mais peut-être que Scyllia arriverait à en faire un champ de ruine.

Céleste et moi nous tournâmes incrédules vers la furie, puis vers la fillette. Comment pouvait-elle détruire quelque chose d'aussi grand ? Elle paraissait si innocente. Le plus intriguant était le ton qu'avait employé son amie. Pensif et détaché, comme si cette réflexion était banale.

— Ce qui m'interroge, c'est comment a-t-il pu apprendre les runes élémentaires en si peu de temps alors qu'il est sensé n'avoir aucun pouvoir, songea Camille.

— J'y ai déjà réfléchi, expliqua Elisabeth. Il faut une quantité colossale d'énergie pour faire venir quelqu'un d'une autre dimension. Il est donc possible qu'il se soit imprégné de magie pendant la téléportation, ce qui expliquerait pourquoi il peut lancer des sorts.

— Pourtant, il ne me voit toujours pas, m'étonnais-je.

— Ce potentiel magique doit être instable et éphémère, ça doit être pour ça.

Nous arpentions les différents bâtiments, mais nous devions nous rendre à l'évidence, nos recherches étaient vaines. Les enfants restaient silencieux et ne se décourageaient pas, mais Brumi gigotait dans tous les sens malgré les caresses de sa maîtresse. Soudain, il lui échappa des bras et fila droit devant lui.

— Brumi, non ! lui ordonna Zoé en se précipitant derrière lui.

— Je viens avec toi, informa Zack.

Les deux enfants se précipitèrent à la poursuite de la petite boule de poils. Décidément, ce Brumi leur causait bien des soucis. Nous continuions notre chemin en déambulant au hasard dans les allées de pierre blanche sans découvrir le moindre passage de Lucas. J'aurais imaginé trouver des traces de son passages : des murs ruinés, des portes pulvérisées, des fenêtres éclatées... Mais absolument rien n'était détérioré.

— Peut-être devrions-nous nous séparer une nouvelle fois ? proposa Sin.

— Tu as raison, souffla Elisabeth. Ronan et Camille, cherchez près des terrains d'entraînement, Lise et Alex, retournez au bâtiment des salles de classe, Scyllia et Sin...

— On l'a trouvé ! hurla Zack en nous faisant des grands signes de ses deux bras.

Le petit groupe accourut rapidement au près de Zack avec Céleste à sa tête.

— Où est-il ? s'affola Céleste.

— Euh... bredouilla Zack. Je préfère vous montrer.

— Où est Zoé ? s'inquiéta Lise.

— Brumi et elle sont restés avec Lucas et le directeur.

— Enzo ? Cet abruti est ici ? s'indigna Elisabeth.

— Suivez-moi, somma Zack.

Guidé par le jeune homme, nous nous précipitions dans un bâtiment à l'autre bout de l'académie. Cette course nous mena directement au second étage de cet édifice qui servait de dortoir. Au détour d'un couloir, nous vîmes Lucas aux côtés du directeur et de Zoé. Un étrange lasso violet transparent aux reflets bleutés entourait ses pieds, ses poignets et ses bras. Il ne pouvait absolument pas bouger.

— Je ne me répéterais pas, comment as-tu fait pour passer les sécurités de cette pièce ? gronda Enzo d'une voix autoritaire.

— Je vous l'ai déjà dit, je n'en sais rien ! J'ai juste posé discrètement ma main sur ce dessin que j'avais fait juste avant et je me suis retrouvé là.

— Où est-ce qu'il était ? demanda Céleste.

— Dans le bain des filles du deuxième étage, indiqua la furie.

— Pardon ?! Mais tu vas pas bien ? Tu fais dans le voyeurisme maintenant ? s'énerva mon amie.

— Je vous ai dit que je n'avais pas fait exprès ! En plus, les bains étaient vides et si c'est pour voir des enfants, ça n'en vaut pas la peine.

Je voyais bien que la tension montait dans le groupe, surtout chez les filles qui étaient indignées de ce qu'il venait de faire. D'après ce que Céleste m'avait raconté sur lui, il était très difficile de savoir s'il mentait ou non. À cet instant, ce don se retournait contre lui.

— Vous aviez raison, souffla Enzo. Le laisser en liberté dans ce monde n'était pas une bonne idée. Je vais lui effacer la mémoire et le renvoyer chez lui.

— Enzo non ... !

Sans laisser à Elisabeth le temps de finir sa phrase, le directeur disparut en emportant Lucas dans une pluie d'étincelle, comme l'ami de Céleste l'avait fait peu de temps avant.

— Eh bien c'est réglé, annonçais-je avec un sourire pour détendre l'atmosphère.

— Je ne crois pas, rétorqua la duchesse entre ses dents. Scyllia, peux-tu me prêter une dague ?

La fillette regarda l'enseignante pendant un instant et fit apparaître dans l'une de ses main une lame noire et rouge. Une aura malsaine se dégageait de cette lame. Elle était semblable à celle d'un déchu... Non, elle était bien plus malfaisante. Elisabeth se saisit de la dague et remercia son élève avec un regard noir.

— Qu'est-ce qui se passe maman ? demanda Lise, la jumelle.

— Vous ne connaissez pas Enzo comme je le connais moi. Cet imbécile a installé tout un système de sécurité dans les bains pour éviter le voyeurisme, et comme il était le plus gros pervers de l'école lorsqu'il était étudiant, il croyait connaître toutes les techniques et les avoir contrées avec ses sortilèges. Depuis qu'il l'a installé, il défie quiconque de s'y frotter et de le surpasser en ingéniosité. Tout ça pour vous dire que ça n'était pas des regards réprobateurs qu'il lui lançait, mais des regards de fierté. Il ne compte pas le renvoyer chez lui.

— Mais alors pourquoi avoir demandé cette dague ? demandais-je, obnubilée par la lame maléfique qu'elle tenait en main.

— Pour lui trancher la gorge la prochaine fois que je le croiserais, ragea-t-elle.

Céleste et Scyllia: Quand Céleste découvre le monde de ScylliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant