J'essayais de voler tant bien que mal au-dessus de la ville, mais je me sentais divaguer. Tout tanguait autour de moi comme si j'avais reçu un mauvais coup sur la tête. Je ressentais aussi comme une étrange impression venant de mon ventre, une envie irrépressible de vomir. Est-ce cela que l'on nomme des nausées ? Je n'en ai pourtant jamais eu. Je me laissais guider par la puissance de Céleste, sa magie seule était mon guide dans cette envolée tortueuse. Après un trajet qui me semblait une éternité, j'aperçus enfin l'académie. Je fonçais droit sur l'entrée en percevant la présence de mon amie. Je la vis enfin, elle m'attendait entourée d'Elisabeth et des enfants.
— Lili ! m'appela Céleste tout heureuse.
Je me laissai tomber dans le creux de sa main. Je sentis mes forces m'abandonner. L'adrénaline m'a tenue jusqu'ici, mais j'avais l'impression de ne plus pouvoir faire un mètre de plus.
— Lucas et Enzo sont... au... truc grand...
— Au truc grand ? me reprit Céleste.
— Oui tu sais, là où il y a beaucoup de gens.
— Il faudrait être plus précise, s'impatienta Camille.
— Là où vit le grand Lucas ! terminais-je.
— Le grand Lucas ? m'interrogea Zack.
— Non ! Mais non ! comprit la duchesse. C'est pas vrai ! J'aurai dû m'en douter ! C'est évident ! Cet idiot veut profiter du fait que Lucas ressemble au roi dans sa jeunesse !
— Mais où sont-ils ? s'agaça Céleste.
— Au château, répondirent en chœur les jumeaux.
— La p'tite a deviné, d'ailleurs ils sont en train de faire des trucs bizarres, genre des lois.
— Comment ça ? s'emporta Elisabeth.
— Lili, tu es sûre que tout va bien ? s'inquiéta Céleste.
— Oui, ça va, je me sens pas comme d'habitude, mais... Oh ! Je n'avais jamais remarqué comme tu es belle, Céleste ! Et tu es courageuse, tellement courageuse ! Tu as tellement de sagesse aussi ! Et ta force est tellement... tellement forte !
— Lili, que t'arrive-t-il ?
— Je ne m'en étais pas rendu compte, pas à ce point... sanglotais-je. Et dire que je suis ton premier séraphin. Le premier séraphin de la gardienne.
— Et j'en suis très heureuse tu sais, poursuivit Céleste. Je suis très fière de toi.
— Mais comment le peux-tu ? lui demandais-je entre deux sanglots. Je ne suis qu'un apprentie séraphin. Je suis si faible et si inutile à côté des séraphins élémentaires. Regarde Watery et Firey ils sont...
— Aussi importants que toi, trancha Céleste. Voyons Lili, qu'est-ce qu'il te prend ?
— Me gronde pas ! m'énervais-je comme un enfant venant de se faire réprimander. Tu sais que c'est vrai. Tu me dis des choses pour me faire plaisir, juste parce que je suis mignonne et que tu es adorable avec tout le monde.
Je m'arrêtai subitement et commençai à me moucher contre le pouce de mon amie. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Pourquoi je parlais de ces choses enfouies au fond de mon cœur ? Je sais que j'ai toujours cette peur de ne pas être utile pour la gardienne et que Watery et Firey sont plus puissants que moi. Mais je sais aussi que ma crainte n'est pas justifiée. J'ai aidé Céleste à maintes reprises et j'ai compris depuis bien longtemps que j'ai réussi à être un pilier indispensable dans sa quête. Alors pourquoi déballais-je tout ça ? Et pourquoi me sentais-je si nauséeuse tout d'un coup ?
— Céleste, je... Hips... Pardon... J'ai envie de...
Je n'eus même pas le temps de finir ma phrase que je rendis le bout de muffin que Céleste m'avait gentiment proposé au petit déjeuner.
— Pardon, m'excusais-je les yeux plein de larmes.
— Lili, mais que se passe-t-il ? s'alarma Céleste.
— Ce bougre, bouillonnait Elisabeth, il n'aurait pas osé !
— Vous pensez qu'Enzo aurait pu lui jeter un sort ? redouta Céleste.
— J'en suis convaincue, rétorqua la duchesse furieuse.
— Très bien... Il a beau être un homme sympathique de prime abord, il a beau être votre directeur adoré, il a beau être un archimage reconnu et puissant, mais je m'en moque ! Il a osé toucher à ma Lili et il va le payer ! Le payer très cher !
— Je suis ravie d'avoir trouver une complice de votre envergure ma chère, se réjouit Elisabeth d'un sourire satisfait.
— Mais il n'a peut-être pas fait exprès, commença Zoé, moi j'ai déjà mis le feu à mon coussin le plus doux par accident.
— Enzo qui aurait jeté un sort sans faire exprès, se moqua Ronan.
— Direction le palais, ordonna Céleste les yeux plein de rage en s'aventurant hors de l'enceinte de l'académie.
— Je vous montre le chemin, sourit Elisabeth.
— On va encore devoir adoucir les choses, souffla Scyllia. Non Shed, ne te réjouis pas, ce n'est pas une guerre ouverte où tous les coups sont permis ! Et non je ne te laisserai pas parler à Céleste pour la conforter dans sa colère !
Je ne comprenais plus vraiment ce qu'il se passait autour de moi. Je sentis la rage de vaincre de Céleste et d'Elisabeth, ainsi je compris que nous allions au palais pour qu'elles puissent régler leur compte. Mais ce qui m'inquiétai davantage c'étaient les paroles de la petite Scyllia. À qui avait-t-elle bien pu parler sur un ton aussi ferme ? Qui pouvait bien être ce Shed qui semblait satisfait de cette querelle ? Avant que j'ai pu trouver un semblant de réponse à ma question, je m'écroulais dans la paume de mon amie et me sentis partir soudainement dans un sommeil sans rêve.
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Céleste et Scyllia: Quand Céleste découvre le monde de Scyllia
FantasiAlors que Scyllia continue d'étudier à l'académie, Enzo donne exceptionnellement un "cours spécial" sur les mondes parallèles. Toujours dans la démesure, il décide d'invoquer l'une des personnes les plus importantes du monde dont il parle. Cependan...