Les excuses d'un farceur

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Après un rapide passage par la prison pour déposer Raven et le remettre aux autorités, Enzo nous téléporta tous devant le palais du roi. À peine étions-nous apparus que les gardes de la porte nous encerclaient, armes en mains pointées vers nous. Ils les abaissèrent légèrement lorsqu'ils virent Elisabeth, mais n'allèrent pas jusqu'à rengainer.

— Les téléportations sont interdites dans l'enceinte de la capitale ! réprimanda l'un des gardes.

D'un mouvement de main, Enzo fit disparaître tous les gardes et commença à avancer vers l'entrée comme si de rien était.

— Enzo... Où les as-tu emmenés ? s'inquiéta la duchesse.

— Bah, ils n'étaient pas contents qu'on se soit téléporté, alors je les ai emmenés au poste de garde le plus proche pour qu'ils portent plainte, répondit-il en haussant les épaules.

— Mais combien d'endroits as-tu marqués pour faire des téléportations aussi facilement ?

— Si je te le disais, tu ne me croirais pas. Enfin bref, allons présenter nos excuses à Alice.

— Non, toi, tu vas présenter des excuses à Alice ! rectifia-t-elle en courant légèrement pour le rattraper.

— Ça fait vraiment bizarre de voir des adultes se comporter comme des enfants, commenta Céleste.

— Et encore, tu n'as pas vu comment Enzo était avec le roi, rit Lise. De vrais gamins.

Tous les enfants hochèrent la tête, d'accord avec ce qu'elle avait dit, puis se mirent en route pour rattraper leurs enseignants. Enfin, je pouvais arpenter ses couloirs sans être pressée et sans craindre de me faire envoyer à l'autre bout du palais par un sort. Les décorations étaient sublimes et me faisaient penser aux photos des châteaux de la renaissance qui se trouvaient dans le livre d'histoire de Céleste.

Les deux archimages marchaient devant, tout en continuant de se chamailler pour des broutilles et nous emmenèrent dans un grand salon, bien plus spacieux que celui où s'étaient installés Enzo et Lucas lorsqu'il s'était fait passer pour le roi. À l'intérieur, Alice était confortablement installée, un gros livre dans les mains.

— Je croyais qu'Enzo devait être en prison, dit-elle sans lever les yeux de sa lecture.

— Il y a eu un petit incident à la prison, et il a quelque chose à te dire, rétorqua la duchesse en le poussant en avant.

— Oui, alors, en fait, on voulait savoir s'il était possible d'organiser un petit banquet convivial ic...

Avant qu'il n'ait le temps de finir sa phrase, Elisabeth lui pinça le bras. Le directeur poussa alors un cri aigu qui lui fit perdre toute crédibilité... Du moins, ce qui lui en restait.

— D'accord, d'accord. En vérité, je suis ici pour m'excuser.

Surprise et intriguée, la sœur du roi referma son livre, le posa à côté d'elle et fixa le directeur dans les yeux en attendant la suite, les bras croisés.

— Je m'excuse d'avoir essayé d'usurper le trône de ton frère, souffla-t-il.

— Et ?

— Et de t'avoir observé en cachette trois-cent quatre-vingt-dix-sept fois.

— Et ?

— Et de m'être levé le jour de ton mariage pour dire que je m'y opposais, tout en listant à ton mari tous tes défauts. Sur ce coup, même ma femme m'avait dit que j'étais allé trop loin.

— Et ?

— Je m'excuse aussi pour toutes les blagues de mauvais goûts que j'ai pu te faire. Comme la fois ou je t'ai enfermée dans les écuries en te faisant croire qu'il y avait une licorne à l'intérieur.

— Et ?

— Parce que tu veux que je les liste toutes ? Je te préviens on n'est pas rendu !

— Je ne sais pas, à chaque fois que je dis et, tu continues, alors j'en profite... Et ?

— Je m'excuse de n'avoir pas pu te satisfaire au lit...

— Quoi ? s'exclama la duchesse.

— On va s'arrêter là, s'empressa de répondre Alice. Si tu te mets à t'excuser pour des choses qui n'ont pas eu lieu, ce n'est pas la peine. Mais je doute que vous veniez tous uniquement pour le voir s'excuser. Autre chose à me demander ?

— En fait... Ce que j'ai dit à propos du banquet n'était pas faux en soi.

— Et en quel honneur ?

— Pour souhaiter la bienvenue aux ambassadeurs d'un autre plan ! J'ai nommé, la gardienne, la libellule et... Lucas junior !

— C'est toi qui payes ?

— Bon... Très bien... Oui, c'est moi qui paye. Vous aimez ça, vous, les nobles, faire payer les honnêtes citoyens qui n'ont presque rien !

— Tu n'es pas honnête, à la limite d'être citoyen et tu es loin d'être dans le besoin, commenta Elisabeth.

— Dans ces conditions, j'accepte de faire une petite réception ici, céda Alice. De toute façon, je m'ennuie un peu en ce moment, avec mon frère et mon mari qui sont partis.

— Besoin de quelqu'un pour chauffer ta couche ? proposa Enzo avec un regard lubrique.

En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, le directeur se retrouva avec deux belles traces de main rouge sur le visage. L'une venait de la duchesse, l'autre de la sœur du roi. Pendant cet échange, aucun élève n'avait osé parler. Avec ce qu'avait avoué Enzo, il était difficile de le défendre, même si au final, nous avions eu gain de cause. Je voyais à présent que son comportement farceur pouvait aller bien trop loin et qu'il ne savait pas s'arrêter. Peut-être était-ce pour ça qu'Elisabeth était toujours aussi dure avec lui et n'arrêtait pas de le frapper. Même les personnes gentilles pouvaient avoir un comportement destructeur qui devait être encadré.

Céleste et Scyllia: Quand Céleste découvre le monde de ScylliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant