J'essayais d'ouvrir les yeux tant bien que mal mais je ne vis que le néant. Tout était enveloppé d'une étrange obscurité qui semblait tout dévorer sur son passage. J'avais l'inquiétante sensation de tomber dans un vide infini. Où étais-je et quand retrouverais-je mes amis ? Soudain, je sentis mes pieds atteindre un sol invisible. Je commençais à virevolter autour de moi et à inspecter les alentours. Je découvris une faible lumière un peu plus loin et me hâtais-je en battant frénétiquement des ailes.
- Céleste, Céleste, hurlai-je à en perdre haleine.
Une porte entrouverte se dessina devant moi. Je me précipitai pour me rendre de l'autre côté et dû me cacher brièvement les yeux tant la lumière m'éblouissait. Le blanc de cette pièce était si immaculé et si lumineux qu'il m'agressait les yeux.
- Ne crie pas ainsi Lili, nous sommes quand même dans un hôpital.
Je rouvris doucement les yeux et trouvait Céleste, agenouillée près d'un lit, une joue posée sur les draps aussi blancs que la neige.
- Que faisons-nous ici ? lui demandai-je décontenancée.
- Voyons Lili, c'est le jour de ma naissance, me répondit-elle en se redressant.
- Le jour de quoi ? répétai-je choquée. Mais Céleste, c'est imposs...
- Chut, murmure Céleste en posant son index contre ses lèvres, maman se repose, l'accouchement l'a épuisée.
- L'accouchement ? Mais que...
Je m'arrêtais brutalement et décidai finalement d'inspecter le lit. Je tentais de me rapprocher pour l'observer de plus près. Était-ce vraiment la mère de Céleste ? Je n'osais à peine le croire. Je commençais à me pencher sur la couchette, quand une voix familière m'interpella.
- Vous êtes également venue voir la petite Céleste ?
- Scy... Scyllia ? Mais que fais-tu ici ?
- Mais voyons Lili, minauda-t-elle, je suis la sage-femme.
J'inspectais plus méticuleusement la jeune fille qui portait une blouse blanche avec un stéthoscope autour du cou tout en poussant un chariot de soins.
- La sage-femme ? Mais c'est du délire ! On est tombé où là ?
- Allons Lili, calmez-vous ou je serais dans l'obligation de vous faire sortir, me gronda Scyllia. Nous allons voir si le bébé va bien.
Scyllia saisit son stéthoscope et commença à ausculter Céleste. Que se passait-il au juste ? Ce n'était définitivement pas la Céleste et la Scyllia que je connaissais. Et Lucie était-elle vraiment alitée ? Je devais vérifier ça. Je commençais à me diriger vers le lit, quand j'entendis une voix masculine s'élever.
- Comment va le nouveau-né ?
- Lu... Lucas ?
- Bonjour Lili, je ne savais pas que tu rendrais aussi une petite visite.
- Tes parents ne sont pas avec toi ? s'inquiéta Céleste.
- Ils sont partis chercher quelque chose à manger, répondit Lucas. Sirius les accompagne d'ailleurs, je l'ai vu acheter une peluche dans la boutique de cadeaux.
- Et une peluche de plus pour ma mère, s'amusa Céleste. Mon père ne s'arrêtera donc jamais de la gâter.
- Ce sera juste la cinquième depuis que Lucie a été admise ici, pouffa Scyllia en montrant les quatre peluches trônant fièrement sur la table de chevet.
Ok... J'étais en plein délire ou prise d'une hallucination ou... À moins que... Que s'était-il passé avant que nous arrivions ici ? La chute, le néant, le déchu ! C'était certainement le damné qui... Mais c'était impossible, un déchu n'a pas de tels pouvoirs ! Je commençais à me souvenir de notre bref combat contre notre adversaire. Dès qu'il était apparu, il avait évoqué l'abondance d'essence magique de ce monde. Et si on l'ajoutait aux pouvoirs de Raven que le déchu avait littéralement absorbés... Oh non !
- Céleste, Scyllia, Lucas, criai-je, nous sommes dans une dimension hallucinatoire créée par le déchu !
Mes amis me dévisagèrent et éclatèrent de rire. Bien entendu, ils ne me croyaient pas. Comment leur faire entendre raison ? Alors que je me creusais la tête pour trouver une solution, je sentis que l'atmosphère changeait autour de moi. Le blanc immaculé laissa place à un brun roux semblable aux feuilles mortes en plein automne. J'entendis des gémissements et des hurlements s'ajoutant à des bruits de portes qui claquent et de pas précipités. Je tentais d'appeler mes amis au milieu de tout ce brouhaha, mais aucune voix n'arrivait à s'extraire parmi ce bruit assourdissant. La pièce dans laquelle nous nous trouvions se fit de plus en plus petite et le brun roux se teint en un rouge sombre rappelant la couleur du sang cristallisé. Le bourdonnement incessant se tassa et je ne perçus que des pleurs continus. C'étaient ceux de Céleste.
- Céleste, l'appelai-je d'une voix douce.
Soudain, la silhouette de Céleste se matérialisa devant moi. Elle était seule dans cette petite pièce, son visage plongé sur le lit couvert de sang.
- Où sont passés tous les autres ? lui demandai-je avec douceur en me rapprochant d'elle.
- Ma mère est morte, me lâcha-t-elle entre deux sanglots.
- Oui, elle...
- Et mon père est parti, s'énerva-t-elle en se redressant et me faisant face.
- C'est vrai, bredouillai-je, mais...
- Ma mère est morte, me répéta-t-elle. Elle est morte en couche, tu sais ce que cela veut dire ?
- Elle est décédée quand elle a accouché... répondais-je d'une toute petite voix.
- Elle nous a quittés en me mettant au monde, s'écria Céleste. Elle m'a donné la vie au péril de la sienne ! Crois-tu vraiment qu'une vie vaille mieux qu'une autre ? Penses-tu réellement que mon existence surplombe la sienne ?
- Céleste, je... bafouillai-je les larmes aux yeux.
- Je ne veux pas de cette vie, si elle n'y est pas. Je ne veux pas vivre sans l'avoir à mes côtés. J'ai besoin d'une mère, de ma mère.
- Mais nous sommes là, tentai-je de la rassurer.
- Et mon père qui est parti au moment où j'avais le plus besoin de lui ! Il s'est barré ! Il n'a même pas essayé de me connaître, de découvrir sa progéniture, de chérir l'enfant que lui a donné la femme qu'il aimait !
- Mais nous avons peut-être trouvé une piste à cela... Son pacte avec les déchus, c'était sûrement pour vous protéger.
- Me protéger de quoi ? Il devrait être à mes côtés pour affronter les damnés et ce satané veilleur masqué qui leur ouvre les portails !
- Peut-être qu'il...
- Arrête de lui trouver des excuses ! Il a fui, tout simplement !
- Céleste...
- Si j'avais eu le choix, j'aurai préféré ne jamais naître et que ma mère et mon père vivent ensemble et heureux dans un monde, avec ou sans séraphins, je m'en fiche, mais qu'ils soient tous les deux et sans moi !
- Tu ne peux pas dire ça ! tonnai-je de toutes mes forces.
Mes cris fondèrent sur mon amie qui disparut brutalement. La pièce était désormais vide et un noir obscur aussi sombre que les ténèbres elles-mêmes prirent possession des lieux. Je me sentais de nouveau tomber dans le vide, le néant avait repris sa place.
![](https://img.wattpad.com/cover/141527297-288-k741378.jpg)
VOUS LISEZ
Céleste et Scyllia: Quand Céleste découvre le monde de Scyllia
FantasiAlors que Scyllia continue d'étudier à l'académie, Enzo donne exceptionnellement un "cours spécial" sur les mondes parallèles. Toujours dans la démesure, il décide d'invoquer l'une des personnes les plus importantes du monde dont il parle. Cependan...