Céleste et Scyllia: Quand Céleste découvre le monde de Scyllia

L'arroseur arrosé

Alors que le deuxième plat principal venait d'être servi et que la fête battait son plein, je me trouvai soudainement totalement repue. J'avais voulu goûter un maximum de mets, et même si je ne prenais que des miettes, je me trouvais brusquement énorme. Comment je vais faire pour combattre les déchus si je deviens une grosse patate volante ? Ma gourmandise me perdra. Je jetai un rapide coup d'œil autour de moi et je réalisais que certains avaient quitté la table, certainement pour digérer un peu avant les desserts. Cependant, Céleste était toujours bien assise, à s'amuser avec Scyllia et les autres enfants.

— Je vais un peu me dégourdir les ailes, murmurai-je à mon amie.

— Ok mais ne va pas trop loin, me répondit Céleste avec douceur, le château est immense, je ne voudrai pas que tu te perdes.

J'opinai du chef et commençai à errer de pièce en pièce. Ce palais était en effet monumental et les couloirs interminables. Malgré tout, aucune pièce ne ressemblait à aucune autre. Tout était décoré avec goût et minutie. Alors que je m'arrêtai devant une statue représentant certainement un de leur dieu, j'entendis des chuchotements de l'autre côté couloir. Je m'approchais à tâtons en faisant battre mes ailes le plus silencieusement possible.

— Tu es vraiment très surprenant, s'éleva une voix masculine que je reconnus aussitôt comme étant celle d'Enzo.

— C'est plutôt vous qui m'époustouflez, complimenta une deuxième voix que j'identifiai rapidement comme étant celle de Lucas.

Je tendis l'oreille tout en essayant de me rapprocher discrètement pour observer la scène. Enzo et Lucas déambulaient tranquillement à travers le corridor tout en contemplant les différents tableaux qui ornaient le passage.

— Et donc la gardienne n'est pas au courant ?

Je pus me rapprocher assez près pour observer Lucas répondre négativement de la tête. De quoi parlent-ils ? Céleste n'est pas au courant de quoi ?

— Tu dois te douter que je vais finir par vous renvoyer dans votre monde, débuta Enzo, Elisabeth et la gardienne ne me laisseront jamais te laisser partir ainsi.

— C'est-à-dire ? demanda Lucas surpris.

— Je serais contraint de t'effacer la mémoire...

— Non ! Mais Non ! s'emporta Lucas. Il en est hors de question !

— Doucement Lucas junior, ne t'en fais pas, j'ai eu une petite id... Mais !

Le directeur tourna précipitamment sa tête vers moi. Il m'avait repérée ! Je ne voulais pas revivre la même punition que la dernière fois. Cela m'apprendra à écouter aux portes ! Complètement paniquée, je décidai de partir aussi vite que mes ailes le permettaient, même si je me doutais que ma course était vaine. Il commençait à incanter un sort dans une langue inconnue et sa voix résonnait dans le couloir. Soudain, mon corps tout entier se heurta à...

— Elisabeth ?

D'un simple revers de la main accompagné d'une simple formule qui m'était étrangère, la noble balaya le sort du directeur.

— Vous m'avez sauvée, la remerciai-je les yeux brillants de reconnaissance et d'admiration.

— J'ai fait bien plus que ça ma chère Lili, sourit Elisabeth en se dirigeant d'un pas sûr vers le corridor.

Je décidai de la suivre et nous nous retrouvions rapidement en face des deux farceurs qui nous dévisagèrent.

— Un sort de surdité, sérieusement, Enzo ? ironisa Elisabeth.

— C'est malpoli d'écouter aux portes ! se défendit maladroitement Lucas.

— Et toi Enzo, tu en penses quoi ? lui demanda la noble tout en articulant clairement.

— Mais vous avez fini de faire des messes basses ? hurla Enzo à plein poumons.

— Hé, doucement, le calma Lucas, on n'est pas sourd !

— Nous non, mais lui oui ! conclut la noble dans un sourire triomphal en croisant les bras contre sa poitrine.

— C'est ce qu'on appelle l'arroseur arrosé, s'amusa Céleste qui venait juste de rentrer dans le corridor et qui n'avait visiblement rien loupé du spectacle.