Les membres du Conseil venaient de se réunir. Alertés par Pierrick des projets de Jarle, qui s'accaparait la magie des prisonniers, ils devaient trouver des solutions. De plus, parmi les sujets à aborder, la collaboration de Mia était centrale. Chaque mage fixait Elihan, à l'écoute de son rapport. Quand ils surent que Mia avait accepté leur proposition et que sa première leçon de contrôle avait eu lieu, le soulagement fut palpable.
— Voilà au moins un point encourageant sur la situation, salua Aldwin. Avec la coopération de Mia, nous pouvons enfin agir. Il est temps d'envisager une riposte face à Jarle. Pierrick, penses-tu pouvoir renouer contact avec le baron Osberd ?
Le baron avait œuvré pour la paix aux côtés de Martian, après la Guerre Pourpre. Il avait ainsi côtoyé Pierrick durant plusieurs années. Né d'une mère mage, il avait été conscient, dès son plus jeune âge, des tensions entre cette minorité et le peuple d'Irlondor. Avec l'arrivée de Jarle au pouvoir et les premières traques des mages ou dissidents, il avait fait profil bas, mais il pourrait aider les mages si l'occasion – et de solides arguments – se présentaient.
— Cela ne devrait pas poser problème, assura le vieil homme.
— Est-on sûrs de sa fiabilité ? l'interrogea Lénor.
— Nous n'avons plus eu de nouvelles depuis la Grande Purge, mais je suis convaincu que ses sentiments à notre égard n'ont pas changé. Si rencontre il y a, nous pourrons y aller en confiance.
— Je compte me rendre à Nodys si nous avons son approbation, annonça Aldwin.
— Je t'accompagnerai, déclara Lénor. L'heure n'est plus à la demi-mesure. Le baron Osberd se battra avec nous, ou contre nous.
— Je te déconseille de l'aborder avec de telles paroles, siffla Pierrick.
Il n'eut pour retour qu'un silence chargé de mépris de la part de la mage. Les négociations s'avéreraient ardues, constata Elihan Les deux ambassadeurs devraient ne rien laisser paraître des dissidences au sein même des mages pour convaincre leur auditeur.
— Nous devrons d'abord estimer l'aide qu'il pourra nous apporter, puis entendre ses exigences, tempéra Aldwin. Sa position est précaire, nous devrons nous montrer subtils pour ne pas qu'il refuse nos propositions. Je ne veux pas de menaces, Lénor. Est-ce clair ?
— Nous verrons si ta méthode porte ses fruits, abdiqua Lénor.
— Bien. Quant à toi, Elihan, tu continueras l'enseignement de Mia. Qu'elle progresse au maximum dans ses capacités magiques.
— Elle est dans de meilleures dispositions à notre égard, tenta-t-il aussitôt. Peut-être serait-il temps de lui octroyer plus de libertés.
Elihan observa les réactions diverses des mages : Lénor se tendit sur sa chaise, tandis que Pierrick acquiesçait et qu'Aloïse fronçait les sourcils. Aldwin, lui, réprima un soupir, sachant quels arguments s'opposeraient.
— Que proposes-tu pour que chacun ici y consente ?
— Elle pourrait déambuler dans Adylis plus librement. La grotte et son accès sont constamment gardés. De plus, un mage pourrait lui être assigné et s'assurer qu'elle ne s'échappe pas.
— Cela me convient.
Les autres membres, malgré une certaine réticence, donnèrent leur assentiment à leur tour.
— Quand nous serons partis, tu nous informeras régulièrement des avancées des leçons, ou de tout fait que tu jugerais important. Avant de clore cette séance, j'aimerais qu'on évoque les convois de mages emprisonnés. Ewann, lors de sa mission, a pu comprendre la ressource qu'ils représentaient pour Jarle, et nous alerter sur l'urgence de mettre fin à ces déportations. Je propose que nous contactions nos mages en mission, et que leur priorité devienne de libérer nos compatriotes.
VOUS LISEZ
L'Héritage d'Irlondor
FantasyLe royaume d'Irlondor, après une paix précaire, sombra à nouveau dans la violence et le sang. Survivant au coup d'État fomenté par son oncle, la princesse Miana, âgée de sept ans, est forcée de fuir. Recueillie dans un village du sud, elle se recons...