Chapitre 13

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Mia rentra fourbue de sa leçon avec Elihan, à la tombée du jour. Elle avait travaillé la formation de ses boucliers et leur longévité jusqu'à l'épuisement, puis avait rejoint sa chambre, où elle venait d'engloutir une maigre pitance. Assise sur son lit, elle sentit ses yeux papillonner et sut que le sommeil la gagnerait promptement. Ses membres étaient courbaturés, il valait mieux qu'elle recouvre ses forces si elle voulait s'exercer le lendemain. Elle s'apprêtait à souffler la bougie posée à côté de son lit lorsque son escapade matinale lui revint en tête.

J'espère que Pierrick sera parvenu à apaiser Aloïse... Je ne peux plus agir de manière aussi inconsidérée, dans un tel environnement. Excepté Pierrick, je n'ai personne. Je ne suis plus à Vorne, je n'ai plus l'influence de Nataniel qui me sortirait d'un mauvais pas.

Son cœur se serra à la pensée de son ami. Si seulement elle avait pu savoir ce qu'il était advenu de lui après leur capture... Mais il semblait que, comme pour Laria, leur sort lui demeurait obstinément inconnu. Avec un soupir, elle s'allongea. Elle entendit soudain un froissement. Interloquée, elle chercha sa provenance, avant de se relever d'un bond.

Le parchemin ! Attendant d'être lu depuis l'aube, fourré dans sa poche.

Quelle sotte je fais ! se morigéna-t-elle.

Elle déplia le manuscrit froissé et approcha la bougie pour le déchiffrer.

« Ma fille. »

C'était une lettre. Elle continua sa lecture.

« Viendra un temps où tu devras apprendre.

Apprendre qu'un fardeau pèse sur tes frêles épaules. Apprendre que de ta destinée dépend le sort d'un royaume tout entier.

Sache que, même si je ne suis plus de ce monde quand tu liras cette lettre, je resterai avec toi, pour toujours.

J'aurais aimé te voir grandir et t'épanouir plus longtemps, que cela se passe autrement. Néanmoins, ton sourire radieux restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Alors qu'une nouvelle guerre se profile à l'horizon, je dois me résoudre à te le dire : tu seras amenée à régner sur Irlondor. Mais bien plus que cela, tes choix... »

Mia, dont les yeux s'étaient plissés au fil de sa lecture, chercha fébrilement la suite. Sans succès. Rien ! Rien d'autre n'était écrit ! Elle remarqua que le parchemin était déchiré. La partie manquante devait demeurer quelque part, elle ne savait où.

Tremblante, elle reprit le parchemin et le relut inlassablement, jusqu'à ce que l'évidence germe dans son esprit.

Cette lettre m'est destinée.

Mia n'aurait pu expliquer la raison de cette conviction soudaine, mais elle sentait au fond d'elle que son hypothèse était véridique. Tout concordait ! Une lettre rédigée par un monarque d'Irlondor, avant sa mort, pour sa fille.

Une nouvelle guerre qui se préparait, ce qui était le cas suite aux vives tensions entre l'armée et les mages, relatées par Pierrick. Et surtout... son règne après la mort de son père.

Sa tête se mit à tourner.

« Tes choix... Tes choix... » se répéta-t-elle. Si seulement elle pouvait lire la suite !

« Sache que, même si je ne suis plus de ce monde quand tu liras cette lettre, je resterai avec toi, pour toujours. »

Des larmes perlèrent à ses paupières quand elle lut à nouveau cette phrase, une immense tristesse s'empara d'elle.

L'Héritage d'IrlondorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant