Tout commence.
Le rideau se lève et la lumière jaillit. Les personnages entrent en scène. Tous semblables les uns aux autres, tu ne saurais les distinguer. Chacun a pourtant son rôle à jouer et tu le sais, toi parmi tant d'autres. Tu sais exactement ce que tu dois faire à présent, sans en connaître la raison, cela n'a aucune d'importance !
Autour de toi, le décor se matérialise, il prend une forme, se déforme, se construit. Un mécanisme complexe qui prend vie, juste sous tes yeux. Finalement, lorsque tout est prêt, tu peux enfin distinguer chaque détail. Tu te trouves dans un stade, immense et bruyant.
La foule... Comme si toutes ces personnes sans visages ne forment qu'un ! Une masse informe et sans nom. Sur le terrain, les joueurs semblent fatigués, la respiration haletante et le corps baigné de sueur. Ils souffrent autant que toi de la chaleur. Le soleil tape durement sur ta nuque, une brûlure éternelle qui lèche ta peau.
Tel est le décor et les personnages présents sur scène en cet instant précis. Ils sont prêts, tout est en place. Tout peut enfin commencer !
Soudainement, ils prennent vie. Ces poupées épuisées commencent à se mouvoir difficilement, comme des automates un peu rouillés. Tu pourrais presque entendre le bruit grinçant de la ferraille mal huilée. Le soleil au zénith sonne le début et la fin, le glas ici ou là-bas.
Tu dois marquer !
Tu dois gagner, à tout prix, peu importe la manière, c'est ton rôle. Cela te frappe ainsi, fortement, et sans que tu ne puisses émettre la moindre explication. Une certitude qui grandit en toi, mais à laquelle tu n'offres aucune forme de réflexion.
Tu dois marquer !
Tu t'élances en avant, poussé par l'adrénaline qui se repend dans ton organisme. Tu sembles invincible et rien ne peut t'arrêter. Les autres joueurs, ces marionnettes sans identité ni conscience, se précipitent en ta direction. Ce n'est qu'une éternelle mascarade et vous en êtes prisonniers. Tous, condamnés à revivre toujours les mêmes instants sans la moindre chance d'échappatoire.
Sans remords, tu te débarrasses plus ou moins facilement de tes adversaires, les yeux rivés sur les cages. Tu y es presque, tu as bientôt achevé ta tâche.
Il n'en reste plus qu'un. Celui-là est différent et tu peux distinguer ses traits. Des cheveux brun coupés court et des yeux de la même couleur. Une mâchoire forte, un nez aquilin et une barbe de quelques jours recouvrent ses joues. L'étonnement te saisit, mais tu ne ralentis pas pour autant. Il est hors de question de t'arrêter. Pas maintenant !
Tes gestes viennent d'eux-mêmes, comme mus d'une volonté propre, comme si tu ne les contrôlais pas. Tu sembles presque spectateur de tes actes. Tu tires, de toutes les forces qui te restent alors que le dernier joueur se rue sur toi.
Après cela, tout se déroule au ralenti. Tu entends vaguement les paroles enflammées du commentateur et tu vois le défenseur, un sourire aux lèvres, s'approcher toujours plus de toi.
Cela ressemble à un film, une scène importante, mais bien trop tardive. Le personnage principal aperçoit le danger, mais est incapable d'agir. Pourtant, tout est déjà décidé, écrit. Il n'y a plus aucune chance de s'en sortir sans dommage.
C'est trop tard !
Tu es cette personne qui regarde, affolée, la menace venir jusqu'à toi. Tu ne peux rien faire, tu aimerais courir, mais tu ne peux pas.
VOUS LISEZ
INSTINCTS Tome 1. L'école qui n'existe pas
FantastiqueLorsque la vie lève enfin son voile de misères, le jeune Delkateï Lytaël entrevoit une once d'espoir dans un parcours semé d'embûches et de désillusions. Le sort offre une chance inédite à cet adolescent italien : une place de choix dans un établ...