Chapitre 8 : Clair obscur

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—Delkateï...

Une voix familière et féminine s'éleva au milieu du silence brut. Le dénommé ne ressentait rien, les sentiments mêmes étaient diffus, comme inopportuns en ces lieux. Il croassa :

—Est-ce que je suis mort ?

—Non. Tu ne l'es pas encore.

—Où suis-je ? C'est quoi ce bordel ?

— Nous ne sommes nulle part. Cet endroit n'existe pas.

La panique ne vint pas. Delkateï demeurait étrangement calme malgré les mots qui résonnaient. Cela s'imposait à lui comme une évidence, il n'était même pas sûr qu'ils soient prononcés. La noirceur environnante emprisonnait les émotions, coulait contre l'être de l'Italien.

—Je ne comprends pas.

—C'est normal, mais cela viendra, un jour. Tu as encore beaucoup à faire avant de connaître le repos. Nous comptons sur toi.

—« Nous » ?

—Les Dieux, évidemment.

Un choc grandit en Delkateï, un sentiment solitaire qui prenait toute la place. Il avait toujours cru en leur existence, mais tout cela allait bien plus loin qu'une simple légende.

—C'est une blague ?

—Penses-tu réellement que c'en est une ?

—Mais quel est le rapport avec moi ?

—Ne crois pas au hasard, Delkateï. Il y a toujours une raison à tout et ta vie ne fait pas exception. Il est beaucoup de choses qui ne peuvent être changées sur cette terre, tu l'apprendras bientôt. Les Dieux ne sont pas impuissants, ils sont partout et suivent aussi tes pas. Ton destin dépasse l'imagination. Tu vas en avoir peur, mais il te faudra l'accepter, c'est ce que l'on attend de toi.

Le silence reprit ses droits, épais et lourd de sens. Les sentiments de Delkateï sommeillaient à l'état brut, purs et incomparables. Ils surgissaient soudain, recouvrant une âme perdue et saisie d'une grande fragilité. Les révélations précédaient le vide, détruisaient la moindre certitude.

—Et qu'est-ce que je dois faire maintenant ?

—Je vais partir et toi, il faudra que tu réintègres ton corps. Il est de ce monde une noirceur que tu ne conçois pas. Tu en auras bientôt un exemple, et tu devras te battre contre cela. Diolyde t'ouvre ses portes et cela n'a rien d'un hasard. Tu as ta place dans ses rangs et il te faudra dénouer le mystère qui se cache derrière l'école. Nous te souhaitons bonne chance, Delkateï !

Tout s'estompa, le néant accompagné de cette voix énigmatique, ne restant que l'incompréhension et les interrogations, éternelles. Delkateï était perdu, de toutes les manières possibles. Les émotions refaisaient surface brutalement, sans égard pour l'intégralité de l'humain.

Un décor étrange prenait forme alors que la vue était rendue au jeune garçon. Une étendue d'eaux boueuses et sombres qui disparaissaient derrière l'horizon. Surplombant cela, la pâleur de la Lune veillait, calmement, aussi insensible que l'on pouvait être face à ce désastre. Delkateï n'eut pas le loisir de s'apitoyer sur son sort, un ordre clair s'imposa à lui :

Cours !

D'abord réticent, le Napolitain se laissa submerger par les questionnements sans fin. Le liquide épais lui arrivait aux chevilles et dégageait une forte odeur de charognes.

Fuis, maintenant !

Derrière lui, les eaux noires bouillaient dangereusement, précipitant Delkateï dans son choix. Malgré la difficulté, il s'élança en avant, fuyant l'horreur qui prenait vie à quelques centimètres à peine. Il trébuchait régulièrement, mais sans jamais tomber réellement, l'adrénaline circulait dans son organisme. Il ne pensait plus, ne songeant qu'à son existence qu'il s'évertuait à sauver. Il ne souhaitait que s'échapper de cet endroit dépourvu d'identité, qui n'existait nulle part ailleurs que dans son esprit.

Les tumultes sombres s'approchaient sans connaître de répit, incroyablement menaçants. Le jeune Italien jetait des regards derrière son épaule, prenant conscience de l'horreur qui le rattrapait. L'instinct de survie se révélait plus fort que tout, régi par une volonté efficace et primitive. Il banda les muscles et accéléra encore la cadence. Le liquide visqueux retardait sa progression alors que la panique grandissait.

Soudain, Delkateï trébucha, s'étalant de tout son long sur le sol invisible. Les eaux noires s'engouffraient dans sa bouche et dans ses yeux, par tous les orifices ainsi offerts. Le jeune homme ne parvenait pas à reprendre ses esprits, tentant d'évacuer le liquide de son organisme. Sa respiration se faisait chaotique et douloureuse tandis que l'odeur en devenait pestilentielle, défiant l'imagination. Péniblement, il se releva se jeter dans sa cavale sans rien distinguer autour de lui.

Ne t'arrête pas, Delkateï. Il existe une solution à tout. Les Ténèbres même peuvent être vaincues.

L'adrénaline combattait la fatigue qui n'était déjà plus rien. La volonté du Napolitain se résumait à se sortir vivant de ces lieux. Il voulait vivre, rien de plus. Vivre ! Ce simple mot tournait en boucle dans son esprit alors que l'effort demeurait interminable. La course semblait sans fin tandis que les eaux en furie léchaient les mollets de Delkateï.

Il n'y avait plus rien. Le liquide sombre cessait de s'étendre juste là. À peine concevable, une lumière minuscule restait visible, si loin ! Un éclat de clarté irréel, se dessinant dans l'obscurité la plus totale.

Delkateï !

Les volutes étaient toutes proches et le bruit avoisinant l'insupportable. La Lune même avait été engloutie par les Ténèbres dont rien ne semblait pouvoir freiner la progression. Un sens profond pour qui voulait bien le trouver. L'Italien n'en eut pas l'occasion, prisonnier de l'horreur à son paroxysme. Il n'était plus question de réflexion ou de sentiments humains rationnels.

Alors Delkateï sauta, ainsi, sans plus y penser. Avait-il eu une autre solution ? La lumière grossit sans lui octroyer l'occasion d'y songer. La chute fut longue alors que la clarté recouvrait l'ombre à son tour. Le jeune garçon ne laissa échapper aucun son, étonnamment léger et calme. Ses yeux se fermèrent d'eux-mêmes alors qu'il quittait ce lieu abject.

Tout petit chapitre mais très important que ce soit pour ce qu'il s'y passe ou pour le sens. Beaucoup de choses sont voulues (comme le fait qu'il y ait peu d'informations en première partie et ça reste très vague).  

J'ai perdu pas mal de lecteurs en peu de temps et j'ai aussi besoin de me poser de ce côté-là. J'ai besoin de soutien et je publierai quand l'envie me prendra (vu mon caractère vous n'aurez pas à trop attendre). Voilà, désolée pour ça et pour la petite attente mais c'est pas toujours évident pour moi (sans parler des problèmes familiaux actuels).

Je ne le répéterais jamais assez mais votre soutien m'est capital. Je suis une très jeune auteure et je manque de confiance en ce que je fais. Si vous lisez ces lignes, laissez-moi un commentaire (je ne demande pas grand chose, hein), une étoile. Vous n'avez pas idée à quel point ça m'aide. 

Je vous embrasse tous ;3

INSTINCTS   Tome  1. L'école qui n'existe pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant