Chapitre 21 : Règne du Mal

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[Je triche parce qu'il n'est pas vraiment question d'elle dans le chapitre mais il fallait bien que je vous la présente. Voilà Derya, déesse de la nature entre bien d'autres choses :3
La colo est différente puisque je n'ai pas fait d'encrage.]


Delkateï ne put rester impassible face à ces quelques mots. La surprise se lut sans peine sur ses traits, imprenable et sans issue. Son homologue se détourna, indifférent à son trouble. L'air se faisait encore plus glacial, fort de ce silence épais et lourd de sens. Chacun en avait conscience, comme s'il fallait y voir un signe particulier.

La faible lueur des lampes semblait trembler sous l'effet d'un courant d'air invisible. Les ombres se formaient tout autour d'eux et Jyn paraissait jouir pleinement de l'atmosphère lugubre qui s'installait.

Certes, savoir que la Sixième zone pouvait être à l'origine de l'assassinat de Céleste était une chose, l'affirmer coupable de tous les fléaux dont Diolyde était victime en était une toute autre. Comment une école qui ne figurait sur aucune carte pouvait être en conflit avec un établissement, tout aussi méconnu ? Jusqu'où pouvait aller cette rivalité ?

Jyn poursuivit, sans quitter l'autre du regard et en détachant chaque syllabe méticuleusement :

—Et à présent, tu as peur toi aussi.

L'Italien percevait le dégoût serti d'ironie, une marque toute personnelle abandonnée par son ainé. Une fierté féroce l'empêchait de donner raison à ce dernier, la manifestation d'un caractère bien affirmé. Il ne put se retenir de souffler, du bout des lèvres :

—Parce que tu pensais que je serais différent des autres ?

—Je n'attends plus rien de mes semblables, j'ai appris à ne plus rien espérer de vous. Rien ne saurait m'émouvoir, pas même...

—Pas même la mort d'une élève ?

—Mais tu aurais certainement dû l'être malgré tout, acheva Jyn, sans prêter attention à l'interrogation de son interlocuteur, comme si la réponse n'avait rien d'un secret jalousement gardé.

—Pourquoi ? Je ne suis qu'un putain d'Italien repêché dans la rue par un type qui a eu pitié de moi. Rien de plus ! Qu'est-ce qui peut bien me rendre différent, hein ? À part une prétendue histoire de volonté divine ?

Le plus âgé se réduisit au silence, comme parvenu aux limites de ce qu'il pouvait communiquer. Pourtant, il remit de l'ordre dans ses longs cheveux violets avant de lancer :

— J'attends certainement plus de toi, comme tout le monde. Tu n'es plus le petit Italien perdu. Tu ne l'es plus aux yeux de personne ici.

—Pourquoi est-ce que ça devrait être différent pour moi ? Je n'ai pas changé en mettant les pieds ici, je suis toujours le même. Alors pourquoi les gens semblent en savoir plus sur mon compte que moi-même ! rugit Delkateï, le regard brillant.

Jyn recula sans que la peur n'y soit pour quelque chose. Il semblait sur le point de se détourner à nouveau, de fausser compagnie au nouvel élève comme pour lui faire regretter son affront. Celui-ci le remarqua juste à temps, s'exclamant encore plus fortement :

—Dis-moi pourquoi, Jyn !

Il se stoppa dans son élan, ses prunelles turquoise devinrent fixes l'espace d'un instant. Il hésita, un trouble impérieux naquit entre ses entrailles. Quel était son rôle ? Avait-il seulement le droit de dévoiler tout cela ? Que penseraient les Dieux de son initiative ? Pour la première fois depuis bien longtemps, il sembla incertain, comme si la peur venait de retrouver le chemin de son être.

INSTINCTS   Tome  1. L'école qui n'existe pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant