[J'ai réalisé que je ne dessinais pas assez Del. Je ne dessine presque pas mon protagoniste ... C'te honte ! Du coup, fallait y remédier, le voilà. Je me promets de dessiner sa petite gueule plus régulièrement]
Finalement, le soleil s'était levé. Avec l'aube, la vie avait repris son cours, comme si rien ne s'était jamais produit. Diolyde s'agitait de cette présence inopinée et joyeuse. Delkateï y voyait presque une offense. Comment pouvait-on ignorer de la sorte ce qu'il avait vécu ? Il en perdait la volonté de confier cette aventure malencontreuse à qui que ce soit.
Tous ces gens semblaient se moquer pas mal du chaos qui avait été sien. Ses colocataires ne mentionnèrent pas une seule fois cette fameuse nuit. Comme si, quelque part, tout avait été oublié. L'Italien en souffrait plus que de raison, enfermé dans un douloureux mutisme. Personne ne comprenait, personne n'était capable de comprendre. Quelle déception que d'apprendre qu'ici aussi, les individus préféraient se cacher les yeux plutôt qu'affronter la réalité !
Delkateï avait découvert un endroit dans l'école particulièrement calme. Il était rapidement devenu son jardin secret, et personne n'y venait jamais. Situé au deuxième étage de l'établissement, l'adolescent y laissait libre cours à ses émois.
Une cigarette se consumait devant son regard éteint. Un plaisir néfaste qui avait pour unique mérite de soulager les déboires de son esprit qui lui échappait sauvagement. Les interrogations débridées se déchainant sur son être. Un sourire défait franchit le seuil interdit de ses lèvres. Ce fait résumait à lui seul l'état du jeune homme, les mensonges et la honte. Les secrets et la peur. L'inavouable !
Ce lieu lui permettait une vue imprenable sur l'extérieur. Sur la petite cour bordée de verdure où les étudiants flânaient parfois, et même sur les remparts. Sur les tours qui s'élevaient de leurs pierres fortes où quelques fenêtres perlaient. Plus loin, la neige éternelle s'étendait jusqu'à perte de vue, le brouillard et le froid clouait au sol toute trace de vie. Diolyde paraissait ainsi comme un véritable miracle, un mirage dans ce désert de glace.
Les volutes s'échappaient dans l'air, corrompant la pureté de cette dernière. Les arabesques éphémères se fondaient dans le décor pour finalement disparaître. Delkateï y trouvait là un bien ironique destin. Devait-il y voir un signe de l'existence ? Ou rien qu'une cigarette, ce plaisir d'adolescent fou que rien ne raccrochait à la vie à l'exception de l'amour maternel ?
Une nouvelle bouffée expirée pour se rapprocher encore un peu de la Mort. L'Italien l'embrassait ainsi, sans peur ni regret. Malgré le soulagement apporté, les souvenirs de cette nuit ne le quittaient pas. Il ressentait toujours chaque sensation, chaque bribe de douleur. Comment oublier l'impensable ? Comment rejeter une nature qui s'était éveillée à la pâleur morbide de la Lune ?
Une part de lui le suppliait de se rendre chez Kourrage pour lui livrer tout ce qui pesait sur son cœur depuis ces événements. À lui, ou à une quelconque autre personnalité digne de recevoir ce fardeau. Mais Delkateï se heurtait à une seconde partie de son âme qui, au contraire, refusait d'exprimer quoi que ce soit. Les mots, emmurés dans le silence, entravaient leur possesseur, dans une longue plainte muette.
Les paroles d'Andrew, le grand garçon à la peau sombre, défilaient en boucle dans son esprit dérangé. Celles-ci avaient le goût amer de vérité.
—Delkateï ?
L'adolescent se retourna sans se presser. Ses sens étaient comme endoloris, tout comme ses membres d'être restés si longtemps inactifs. C'était un état étrange, à la frontière du réel. Là où l'imaginaire reprenait ses droits, bouleversant bien davantage qu'une seule existence.
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INSTINCTS Tome 1. L'école qui n'existe pas
ParanormalLorsque la vie lève enfin son voile de misères, le jeune Delkateï Lytaël entrevoit une once d'espoir dans un parcours semé d'embûches et de désillusions. Le sort offre une chance inédite à cet adolescent italien : une place de choix dans un établ...