Chapitre 16 : Révélations

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[Del, encore une fois, parce qu'il faut que je m'habitue à sa petite bouille. À la demande de Promoslucioles, j'ai tenté une sorte de tiare/diadème/truc chelou sur son front. C'est pas terrible mais j'ai tenté sachant que ce dessin m'a donnée du fil à retordre (côté proportions du visage). Je suis pas hyper fière du dessin mais voilà x3]


Rien n'aurait pu davantage bouleverser Delkateï en cet instant. Il lui fallut de longues secondes avant que cette information et ses conséquences atteignent son cerveau. Sur son visage passaient toutes sortes d'émotions, de l'incompréhension à la rage, de la surprise à la prise de conscience finale.

—V-Vous...

Eran l'observait, presque entièrement impassible. Seules ses prunelles brillaient d'un éclat étrange, se rapprochement dangereusement de l'affection, avoisinant la pitié sans jamais affirmer véritablement l'exact ressenti. Il laissa son homologue se débattre avec ses sentiments, absorbant difficilement le choc occasionné.

—V-Vous êtes mon père... acheva Delkateï, sans relever la bassesse de son constat.

—Oui, Delkateï. Je suis ton père.

Le plus âgé semblait calme, trop sans doute, comme s'il avait maintes fois imaginé cette scène. Comme si chacune de ces possibilités était ancrée en cet être, infimes probabilités se comptant par dizaines. Ces paroles utilitaires l'émouvaient bien moins que l'intention en elle-même.

L'Italien recula de plusieurs pas, incapable de contrôler ses mouvements ou même l'effusion de sentiments le submergeant. Eran choisit donc de prendre les devants, éclaircissant les parts d'ombre restantes après cette révélation bafouée :

—Écoute, j'imagine que tu dois te poser encore plus de questions. J'en suis le seul responsable, mais j'en avais assez d'être complice de ces mensonges et je voulais que tu saches. Tu as le droit de m'en vouloir pour tout ce que j'ai pu faire ou ne pas faire, mais...

—C'est à cause de vous que ma mère ne voulait pas que je vienne ici ?

Le silence qu'arbora le trentenaire se révéla plus éloquent que la plus limpide des réponses. Le vouvoiement l'avait également blessé, une telle distance existant entre les deux hommes pourtant parents.

—C'est à cause de ça ? Répondez !

—Oui, c'est certainement à cause de ma présence ici. En grande partie en tout cas.

—Parce qu'il y a autre chose ? s'écria Delkateï, se tournant vivement vers son interlocuteur, le défiant d'un regard incendiaire.

Le plus âgé en vint à regretter son choix. Le garçon se trouvait sur la défensive et il aurait été préférable de lui révéler cette filiation en fin de conversation ou dans de toutes autres circonstances. La suite des événements s'annonçait d'une cruelle complexité, les entraînant vers une pente accrue, vers la chute libre.

—Oui, lâcha son vis-à-vis, à la manière d'un aveu. Ce n'est pas la seule raison.

Les yeux de l'Italien brûlaient d'une rage difficilement contenue, celle qui le consumait intégralement, de la pointe de ses orteils aux mèches immaculées qui couvraient le haut de son crâne. Ce fut ce constat qui encouragea son ainé à mener à bien les explications qui se bousculaient à ses lèvres :

—Joy ne voulait pas que tu viennes ici parce qu'elle savait. Elle savait comme moi ce qu'il t'en coûterait de croiser mon regard.

Une phrase laissée en suspens, instaurant le doute sur son passage comme pire châtiment. Il s'agissait là d'un exercice risqué et Eran aurait préféré passer outre cette épreuve, n'étant pas pourvu des capacités oratoires de Kourrage. Son fils le devança, l'amertume de ses jeunes années où il avait grandi orphelin de père refaisait surface, imprégnant ses paroles de venin :

INSTINCTS   Tome  1. L'école qui n'existe pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant