𝟷𝟸. 𝙾𝚞𝚟𝚛𝚒𝚛 𝚕𝚎𝚜 𝚢𝚎𝚞𝚡

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Ouvrir les yeux 

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Ouvrir les yeux 

***

     - Je n'avais pas tellement prévu que ma soirée se termine ainsi, en venant ici.

     - Oui, eh bien moi non plus si tu veux tout savoir.

     Les timides rayons de la prime aube filtraient par le verre brouillé de la fenêtre, se posant, presque bienveillants, sur les deux amants d'une nuit, tournés l'un vers l'autre, les yeux d'ambres fermement accrochés aux orbes mordorés.

     - Tu es finalement meilleur élève que ce que je l'ai cru au début.

     - Raaah, on est vraiment obligé de parler de ça ?

     - Tiens, regardez qui joue les prudes à présent !

     Le jeune homme étouffa un grommellement insatisfait, bien plus pour la forme que par véritable agacement alors que face à lui, la Maître du Feu pouffait de rire. Au fond, il aimait bien la voir rire. En tout cas, il préférait cela à contempler sa détresse et les larmes rouler sur ses joues sans pouvoir rien faire de plus intelligent que rester les bras ballants.

     - Alors ? Qu'est-ce-que ça veut dire ? Pour nous, j'entends.

     - Je ne sais pas trop. Toi, tu es toujours avec Mai, non ?

     - Oh, eh bien... J'en sais rien. Les choses ont beaucoup changé en trois ans. Je suppose que oui, plus ou moins. On va dire que je n'ai pas tellement eu le temps d'en discuter avec elle avant de quitter le pays. Mais, et de ton côté, qu'est-ce-que ça donne ?

     - Moi ? Je suis mariée au vent.

     Ce fut à son tour à lui, de pouffer de rire. Un rire un peu amer, mine de rien, puisque dans sa poitrine, il sentit son cœur le pincer, faiblement, même si une certitude s'imposait dans son esprit. Il n'avait pas le droit de lui imposer cela.

     - Tu l'as trouvée toute seule celle-là ?

     - Ne sois pas jaloux de ma répartie, s'il te plait. Cela rendrait la situation gênante pour nous deux, je t'assure.

     Un sourire encore légèrement goguenard esquissé sur les lèvres de la jeune femme, il la vit détacher son regard du sien et passer ses mains derrière sa nuque, le regard perdu vers le plafond décrépi de la chambre.

     Un silence apaisé s'installa, s'affala allègrement sur les draps râpés, se lova paresseusement au creux des coussins comme un chaton en quête de chaleur. Malgré le peu d'heures de sommeil que tous les deux se traînaient, malgré les cernes violacés et les yeux rougis par la fatigue, le Maître du Feu se sentait bien incapable de se rendormir. Pour une fois que ses pensées ne s'embrouillaient pas les unes avec les autres, pourtant... Le voilà incapable d'en profiter comme il se le devait.

𝙻'𝙴𝚟𝚎𝚒𝚕Où les histoires vivent. Découvrez maintenant