Cent ans. Cent ans que la Nation du Feu a décidé de mettre le reste du monde à genoux, sans que personne ne lui fasse réellement opposition. Seulement, L'Avatar est de retour et avec lui, l'espoir d'un monde enfin en paix.
San, elle, est née au creu...
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Marché équitable
Qu'est-ce-que je vais faire ?
San déambulait, hagarde dans les rues sales de Ba Sing Se depuis ce qui lui semblait à la fois une éternité et une poignée de secondes. Un air absent placardé sur le visage, sa manche plaquée contre sa lèvre éclatée dont le sang avait coagulé depuis longtemps, ses pas la guidaient au gré de la foule sans qu'elle ne se rende compte d'à quel point elle s'éloignait de la taverne où elle logeait.
Malgré la montagne de points positifs qu'apportait une philosophie de vie relativement égoïste, il y avait des désavantages certains, à n'être que trois en tout et pour tout, dans leur petite famille. Et le premier en haut de cette liste demeurait le fait qu'une fois séparés les uns des autres, il était plus que difficile de faire face à cet irrépressible sentiment d'impuissance qui vous envahit sans pouvoir lutter contre et le réfréner. Oui, San était seule au monde, plus personne sur qui compter parce qu'elle avait vu les problèmes arriver vers elle aussi clairement que s'ils avaient agité des fanions multicolores en tirant des feux d'artifices et qu'elle les avait pourtant laissé venir. Comment tout avait pu dégénérer en une matinée à peine ?
Aux premières lueurs de l'aube, San s'était adossée contre une poutre branlante, bras croisés, mi-lassée mi-amusée tandis que Yokah et Rei, plus confiants que jamais, allaient au-devant de négociations avec les fameux « gardes » chargés de réguler le passage vers le cercle intermédiaire. Pour être tout à fait honnête, la Maître du Feu s'était installée dans un coin dans l'optique d'assister au refus magistral qu'essuieraient ses amis, peut-être à une petite bousculade tout au plus et comptait bien profiter du spectacle. Elle prévoyait déjà de traîner les pieds derrière un Rei furax et un Yokah penaud jusqu'à leur taverne où ils auraient tôt fait de plancher sur un plan un tant soit plus élaboré, non sans leur rappeler à tous les deux ô combien elle avait eu raison. Oui, elle aimait bien faire la maline et souligner les peu de fois où elle réussissait à faire preuve de sagesse.
Mais il n'en fut rien puisqu'en quelques minutes, tout avait dérapé sous ses yeux.
Qu'est-ce-que je vais faire ?
Pourtant elle les connaissait par cœur, ces deux-là ! Elle savait Yokah parfaitement incapable de négociations au moins autant que Rei était allergique au tact. Elle avait vu la situation leur échapper, à tous les deux, la conversation s'échauffer, et ce n'est que lorsque le poing de Rei s'abattit sur la pommette de l'un des gardes que son sang n'avait fait qu'un tour et qu'elle s'était arrachée à son observatoire pour rejoindre la mêlée.
- C'est bon, on s'en va ! avait-elle tenté de temporiser, se sachant pertinemment hors de capacité de rattraper le coup. Pas la peine de s'énerver !
Mais la vaine tentative de San de séparer le garde de Yokah s'était soldée par une gifle monumentale qui était venue lui éclater la lèvre inférieure, la laissant complètement sonnée dans la poussière.
