𝟷𝟷. 𝚄𝚗𝚎 𝚕𝚘𝚗𝚐𝚞𝚎 𝚗𝚞𝚒𝚝

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Une longue nuit

     - Il sait très bien que c'était toi, à avoir raison. A ton avis, pourquoi est-ce-qu'il continue à faire la gueule ?

     San avait les yeux rivés sur l'étui à parchemin soigneusement cacheté qu'elle avait préféré nonchalamment laisser choir sur le sol, peut-être dans l'espoir qu'il ne disparaisse de lui-même, peut-être pour que cette décision ne se prenne sans elle. Non, tout était déjà réfléchi d'avance. Et dès l'aube, comme prévu, elle quitterait Ba Sing Se en compagnie de Yokah et Rei malgré le maigre, très maigre réconfort qu'avaient été pour elle les paroles du Maître de l'Eau lorsqu'elle était rentrée, la tête basse, à l'auberge.

     - Nos magouilles, elles ont des limites. On ne pouvait pas aider le Seigneur du Feu, même indirectement, et Rei le sait autant que toi ou moi. Franchement, si tu n'avais pas fait le premier pas, je crois que c'est moi qui l'aurais fait. Cette mission... C'était une mauvaise idée dès le départ.

     La gorge de San se nouait rien qu'en resongeant aux paroles de son ami, à sa poigne aussi réconfortante que possible posée sur son épaule. Elle savait Rei buté, borné, plus têtu qu'une montagne refusant de ployer dans la tempête. Au fond, elle n'était pas vraiment étonnée du fait qu'il ne lui ait adressé ni un mot ni un regard de toute la soirée, durant laquelle ils s'étaient efforcés de planifier leur départ de Ba Sing Se, pourtant... Pourtant elle se sentait blessée. Blessée parce qu'elle avait cru bien faire, sincèrement et que – plus que tout – la seule fois où son épéiste s'était adressé à elle, cela avait été pour la gratifier de sa sentence, irrévocable :

     « C'est bien. Maintenant on sait qu'on ne peut pas te faire confiance. »

     C'était vrai. Personne ne pouvait lui faire confiance, ni ses amis, ni ceux qu'elle avait connus dans la Nation du Feu, ni ces inconnues engagées dans la quête de l'Avatar. Elle était bien trop paumée, bien trop inconstante pour qu'on puisse se fier à elle, même si cela lui faisait mal de se l'avouer. Non, c'était même pire. « Ça me tue ». Les reproches de Rei tournaient et retournaient dans sa tête, en même temps que s'ajoutaient celles de Zuko, encore fraîches dans son esprit, celles de son père, si anciennes et pourtant encore si tranchantes, incisives, celles de la directrice de l'Académie, de ses amies de l'époque et même de Lu Ten.

     Personne ne pouvait lui faire confiance.

     Et cet étui cylindrique, posé là, continuait d'attiser les flammes du doute, de la remise en question, avec l'ardeur de l'huile jetée dans le foyer d'une cheminée. Il en éclipsait même les vapeurs de l'herbe qu'elle avait fumé quelques heures plus tôt, même les beaux yeux vert d'eau de cette fille qui était restée accoudée au comptoir toute la soirée durant, en attente que San ne daigne venir l'aborder.

𝙻'𝙴𝚟𝚎𝚒𝚕Où les histoires vivent. Découvrez maintenant