C'était un jour d'été II

Chapitre 1

Nathan

8 juin 2017, aéroport Paris- Charles de Gaulle.

Deux ans. Deux ans que Soléa est partie. Deux ans que mon cœur est brisé, parti avec elle. Alors aujourd'hui j'ai l'intention de prendre mon destin en main. J'ai fini mes études cette année, et mon contrat dans le petit journal où je travaillais vient de finir. Alors je suis là, avec ma grosse valise pour partir avec Gabin, mon meilleur ami.

Il y a quelques mois, il m'a dit qu'il partait faire un stage en entreprise pour ses études. Et il m'a proposé de venir avec lui. Au début je n'étais pas trop chaud. Je ne voyais pas l'intérêt de partir alors que j'allais sûrement me faire chier à mourir dans un pays que je n'avais peut-être même pas envie de visiter. Et puis j'allais y faire quoi, moi, là-bas ? Gabin avait son stage, mais je ne pourrais même pas visiter comme je veux, je n'avais pas de prévision d'embauche. J'ai failli refuser.

Puis il m'a dit où il partait.

Montréal.

C'était trop beau pour être vrai.

Je crois que mes yeux se sont illuminés quand il m'a dit qu'il partait au Canada, parce que son regard réprobateur m'avait fait flipper sur le coup. Il savait que je pensais à elle. Mais j'y voyais un signe. Ca ne pouvait pas être autre chose.
"Je ne te demande pas de venir pour la retrouver Nathan" m'avait dit mon meilleur ami.
Bien sûr que j'avais acquiescé. Mais est-ce que ça voulait vraiment dire que j'allais l'écouter ? Sans doute pas. C'était trop m'en demander.

Elle était partie. Et personne ne savait où, personne ne savait qu'elle comptait partir. A part Aria, sa colocataire et amie. Mais on aurait pu la torturer qu'elle ne nous aurait rien dit.

•••

13 janvier 2015, Paris

Je deviens fou.

Peut-être que je n'aurais pas dû lui envoyer cette photo. Mais il fallait qu'elle la voit, qu'elle voit comment on pouvait arriver à être heureux malgré toute cette merde.

Mais je n'ai eu aucune réponse. Aucune foutue réponse de sa part, le néant. Une semaine que j'ai envoyé cette photo, et je n'ai toujours rien. Je n'ose même plus aller frapper chez elle comme un taré.

J'ai besoin qu'on s'explique. J'ai besoin de la voir, de voir dans ses yeux si ça vaut la peine. Ou s'il vaut mieux que j'arrête de la harceler.

Depuis quelques mois, je me demande pourquoi on s'est rencontré, pourquoi il a fallu que je tombe amoureux d'elle. Pourquoi il a fallu que mon géniteur soit l'assassin de ses parents.

Il m'aura tout volé. Mon bonheur, ma famille, et maintenant, l'amour de ma vie.

Même mort il continue de me faire du mal.

Un grand coup frappe à la porte d'entrée et je fronce les sourcils. J'hésite un instant avant d'aller ouvrir.

— Elyan ?

Ma voix reflète l'incompréhension, et je la fixe longuement.

— Qu'est-ce que tu fous là ? Et comment tu savais que j'étais là ?

Elle secoue la tête et force l'entrée pour rentrer, me repoussant contre le mur. Je déteste quand elle est comme ça, à se croire chez elle alors que pas du tout. Je ne comprends pas comment elle et Soléa peuvent être autant amies, elles sont tellement différentes !

— Paul m'a dit que tu serais là.

— Paul ? je répète.

Merde, il y a un problème avec Soléa ?!