Chapitre 8

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Soléa

14 juin 2017, Montréal, QC

J'ai hésité une bonne partie de la nuit, et également de la matinée à envoyer un message à Nathan.

Mais pour lui dire quoi finalement ? Que j'étais désolée, que j'avais envie qu'on s'explique, que...

— Soléa ?

Je sursaute et me tourne vers ma grand-mère qui me conduit au Sam's. Elle avait un rendez-vous cet après-midi, du coup elle m'amène au boulot aujourd'hui. Et Hailey me ramène chez moi après le service – cette fille est vraiment un amour.

— Soléa, tu as l'air perdu dans tes pensées.

— Oui, pardon, la journée va être chargée. Je suis désolée, tu disais ?

— Oui. Tu fais quelque chose ce soir ?

Je fronce les sourcils. Ce soir, il y a la soirée chez Thalia.

Donc non. Rien de prévu.

— Je vais sûrement regarder une série. Suits, ça me paraît pas mal, puis, l'acteur principal, Gabriel Macht, je craque. J'ai vu un article sur lui, et du coup, rien que pour ça j'ai envie de voir la série.

— Tu vas bien ?

Non.

— Ouais, nickel.

— Tu sais que tu peux me parler, si ça ne va pas.

J'acquiesce. Je ne peux pas lui dire que j'ai revu Nathan.

Par miracle, on arrive au parking du Sam's au même moment. Et j'ouvre la portière rapidement.

— Mon ange, tu sais que tu peux me parler si tu as besoin ? J'ai l'impression que...

— Ne t'inquiète pas, on se voit ce soir ? Je passerais juste après le travail.

Après mon départ, après mon départ à l'aide, ma grand-mère a fini par venir habiter à Montréal, elle aussi. Plus rien ne la retenais à Nice, ni même en France. Elle avait perdu son mari, sa fille, son gendre. J'étais la seule famille qui lui restait. Au même stade qu'elle était ma seule famille aussi. Alors, elle a tout abandonné. Et on a fini par trouver une maison sur deux étages, coupés en deux appartements. Ma grand-mère logeait au rez-de-chaussée, et moi j'avais accaparée le premier étage.

On avait voulu vivre le plus proche possible, mais tout en gardant notre indépendance. Et c'était plutôt cool.

Ma grand-mère finit par hocher la tête et me sourire. Mais je vois bien que celui-ci est plus crispé qu'autre chose. Elle sait que quelque chose me tracasse, mais je ne peux pas lui dire quoi.

Je lui embrasse la joue et sors. Lorsque je rentre dans le bar, je ne sais pas si j'ai envie de sourire ou pleurer. Une grimace doit même apparaître sur mon visage. Et ça doit être moche.

J'ai toujours aimé bosser ici. Mais maintenant que je sais que Nathan je n'arrive pas à me sentir bien. Ça me fait même stresser.

Il est déjà là. Derrière le bar, et il ne me quitte pas du regard quand je m'approche du comptoir.

Ça m'angoisse.

Je m'arrête une microseconde :

— Salut.

SA-LUT. Mais je suis conne à ce point ou quoi ? Je ne sais pas, j'ai vraiment que ça à dire ? Et puis ma voix qui est devenue plus aigüe au fil de mon mot. Ouais, non, je ne comprends pas. Y a vraiment un truc qui cloche dans ma tête.

C'était un jour d'été IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant