Chapitre 5

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Nathan

12 juin 2017, Montréal, QC

C'est mon premier jour de travail aujourd'hui. J'ai été pris dans le petit café qu'on a découvert avec Gabin. Sam, le gérant m'a tout de suite plu, et il manquait de personnel, alors j'ai rapidement été accepté. En plus, une de ses serveuses a décampé une heure avant la fin de son service.

Gabin a commencé à travailler aussi. Apparemment ça lui plaît. Tant mieux. Là où je vais bosser, à part Sam, le videur et maintenant moi qui vais faire le barman, nous sommes en infériorité masculine. Mais ça devrait le faire.

J'ai déjà rencontré une des serveuses, Hailey, et elle avait l'air cool. Un peu débordée par le monde, mais souriante.

J'arrive Chez Sam's vers quatorze heures. Je commence la journée en travaillant l'après-midi, jusqu'en début de soirée. Hailey est derrière le comptoir quand je franchis la porte. Elle m'accueille avec un grand sourire.

— Comment tu vas ?

Je souris puis hoche la tête. Elle me lance un tablier noir que j'enfile rapidement.

Il y a un peu de monde aujourd'hui, mais ça reste assez calme. Plus calme qu'à Paris. J'ai rendu mon tablier vert pour en reprendre un noir, et l'ambiance est beaucoup moins stressante ici. Mais également moins pesante. C'est vraiment calme et détendu et j'adore ça.

Il y a des étudiants qui flânent, des personnes âgées avec leurs journaux. Personne ne se prend la tête, ni n'est stressé ou pressé. Ça change vraiment de la capitale française.

***

Je suis dans la réserve quand j'entends un cri. Bon, quand j'ai dit que tout était calme ici, je me suis peut-être un peu trompé. Je repose rapidement les gobelets en carton et me dirige vers la salle.

— Tout va bien ?

Je fronce les sourcils tout en fixant Hailey, pourquoi est-ce qu'elle hurle comme ça et vient de taper cette blonde ?

Cette même blonde qui se tourne vers moi.

Cette même blonde qui est un fantôme.

Ça ne peut pas être possible.

Ça ne peut pas être elle.

Quoique.

Au vu de la tête qu'elle fait, à sa mâchoire qui a l'air de tomber par terre, je me rends compte que non. Ce n'est pas un fantôme. C'est la jolie blonde qui a disparu de ma vie depuis plus de deux ans. Exactement, deux ans et demi.

Elle a disparu depuis deux ans et demi, et je la retrouve ici, à Montréal, dans un café.

Un café, un putain de café, le même endroit où nous nous sommes vu pour la seconde fois après notre rencontre. Ce sont toujours des cafés qui arrivent à nous réunir.

Je secoue la tête, presque imperceptiblement. J'ai besoin de comprendre. Je la fixe, la détaille, de haut en bas, puis de bas en haut, et je remarque qu'elle fait la même chose.

Elle a changé.

Enfin pas tant que ça.

Je ne sais pas trop finalement.

Ces cheveux ont poussés, ils lui arrivent désormais au milieu du dos. Ses joues sont plus creuses que lorsque je l'ai connu, et la tristesse se lit sur son visage. Ça en est presque infligeant. Ça me serre la gorge. J'observe son visage, son nez est plissé alors que ses yeux sont humides.

C'était un jour d'été IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant