C'était un jour d'été II

Chapitre 20

Nathan

— T'as rencontré quelqu'un ?

Je l'entends mais je n'arrive pas à détourner le regard de la télé. Evelyn, raconte comment elle a rencontré Rafe, comment Rafe a tout fait pour pouvoir lui parler.

Je ne sais pas quoi répondre à Soléa. J'ai envie de lui dire que si elle me pose cette question, alors elle sait très bien que oui j'ai rencontré quelqu'un. Mais l'intonation de sa voix me fait également comprendre qu'elle ne les a pas toute lues. Sinon elle l'aurait appelé par son prénom. Victoire. Et elle aurait également compris qu'il ne s'était rien passé entre nous.

Je regarde encore un instant la télé, Rafe vient de se prendre une seconde piqûre et je pourrais presque rire. Mais je suis trop tourmenté.

Je n'avais rien de prévu aujourd'hui. Je n'avais pas de rendez-vous, personne à voir. Mais j'avais besoin de prendre l'air. J'avais besoin d'être seul, d'avoir du recul. C'était trop pour moi, trop d'un coup. J'en venais même à me demander pourquoi j'avais proposé à Soléa de me suivre. En faisant cela, j'avais fait fuir Aria.

J'ai passé la journée dans le studio de Gabin du coup. J'avais fui mon appartement sans savoir quoi faire aire, ou aller, puis je m'étais rappelé que j'avais ses clés pendant son absence.

Prends tes couilles à deux mains. Elle t'a suivi à l'autre bout du monde et maintenant c'est toi qui la fuis ? Tu crois qu'elle va accepter ça longtemps ? OK, elle a fait la même chose. Et oui, il te faut du temps, mais vous avez eu deux ans pour vous y faire alors je te demande pas de te remettre avec ni de l'épouser dans l'absolu. Mais si vous arrivez à régler vos problèmes, et à aller de l'avant ça serait pas mal. Alors rentre chez toi petit con et assume.

C'est ce que m'a dit mon meilleur quand je l'ai appelé à bout de nerfs pour lui dire que j'avais envie partir. Du coup je suis rentré, et je les ai vu, elle et Aria, parler comme si de rien était. Enfin, elles étaient toutes les deux en larmes et Soléa disait m'avoir gâché la vie. Mais il n'en restait pas moins qu'elles parlaient sans s'entre-tuer.

Je me tourne enfin vers la jolie blonde, qui me fixe toujours. Je me rends compte que je ne lui ai pas encore répondu.

— T'as lu toutes les lettres ?

Question con. Je sais très bien que ce n'est pas le cas, mais je ne sais pas quoi lui répondre. Comment lui parler.

— Non. Mais Nathan je veux que ça soit toi qui me parle maintenant, je veux savoir ce que tu penses. Je les lirais tes lettres. Mais je suis flippée à l'idée que tu finisses par me détester dans ces lettres. J'ai peur de lire que t'aies tourné la page, et que...

Je fronce les sourcils. Elle se fait beaucoup trop de soucis. Et en même temps... elle a raison.

Elle a lu les lettres dans l'ordre. Sinon elle serait dévastée. Et elle ne l'est pas. Et elle veut que je lui dise ce que je pense. Je vais lui briser le cœur. Mais je ne suis pas obligé de le faire tout de suite.

— Elle s'appelle Victoire.

La jolie blonde plisse le nez, mais hoche quand même la tête. Elle attend que je continue.

— Je l'ai rencontré à une soirée, un an après que tu sois partie. C'était pour la nouvelle année je crois. Gabin m'avait amené à une soirée. A l'époque je ne sortais pas trop. Et... ça s'est passé comme ça. On a parlé, beaucoup. On s'est embrassé quelques mois plus tard. Une seule fois. Deux grand max. Mais j'ai tout stoppé avec elle après ça. Je lui ai dit que je n'arrivais pas à t'oublier.

Soléa entoure un coussin de ses bras et relève les genoux contre elle.

— C'est ce que je te dis dans ces lettres. Malgré tout ce que j'ai fait, malgré toutes ces années. Je n'ai pas arrêté de t'aimer. C'est pour ça qu'à part ce baiser entre Victoire et moi, il n'y a rien eu d'autre. Ni elle, ni personne d'autre. J'ai même essayé de te détester pour essayer de tourner la page. Mais ça n'a pas marché, parce que je t'avais dans la peau. Je t'ai encore dans la peau. Et à aucun moment je ne suis arrivé à t'oublier. A passer à autre chose.