Nathan
Il y a un silence de plomb dans la voiture.
Après avoir énoncé ma dernière règle, enfin techniquement, ma seule et unique règle, Soléa s'est contenté de hocher la tête et souffler un tout petit "OK". Et depuis, c'est le calme plat. Et je n'ose même pas bouger le bras pour allumer la radio pour mettre de la musique tant j'ai peur de briser ce silence bizarre.
Elle veut que l'on reste ami, mais se rend-elle compte que c'est quelque chose de tout bonnement impossible entre nous ?
Mon téléphone vibre et fait un bruit épouvantable sur le plastique de la voiture. La jolie blonde, qui avait l'air perdue dans ses pensées, sursaute et tourne la tête vers moi. Du coin de l'œil je la vois ouvrir la bouche, mais la referme aussi vite et se retourne vers la fenêtre. Il y a deux ans, elle m'aurait proposé de lire le message qui m'avait été envoyé, et j'aurais accepté. Mais là, ni elle ni moi ne parlons, ne proposons. Je me rends alors compte que plus rien n'est comme avant. Et je ne suis pas sûre que tout arrive à le redevenir non plus.
— Est-ce que Aria va bien ? Et... tout le monde en fait ?
— On peut en parler quand on sera arrivé ? Je n'ai pas très envie de parler maintenant.
— Oh. Euh, oui, d'accord. OK.
Elle ne dit plus un mot et je me retiens de renifler. La vérité, c'est que j'ai tellement envie d'avoir des explications que je pourrais m'arrêter sur le bord de la route pour qu'on ait cette discussion maintenant. Mais je n'ai pas prévu tout ça pour rien. Alors je préfère que l'on reste dans ce silence pesant. Encore quelques heures s'il le faut.
***
Je ne pensais pas que Soléa savait monter une tente. Mais elle m'a rapidement appris qu'elle en faisant quand elle était petite avec son grand-père – sa voix a chevroté quand elle en a parlé – et plus récemment, elle en a fait avec ses amis, dont la tête de gland. Vraiment super.
Quoiqu'il en soit, on en était là. Ma jolie blonde était avec moi pour faire du camping, et elle m'aidait à monter cette foutue tente.
On s'est mis d'accord sur d'autres règles sur le trajet. On ne parlerait du vif du sujet que demain. Mais je la sens tendue, elle est tellement mal à l'aise et sur les nerfs que je me demande si elle ne va pas tomber dans les pommes.
Est-ce que c'est à cause de moi ? Est-ce moi qui la fais se sentir comme ça ? Avant, tout était plus simple, tout était plus facile entre nous. Mais il y a eu tout ça. Mes mensonges, son ex, tout ce bordel entre ma famille et la sienne, la perte de son grand-père, et pour finir sa fuite.
Sans rire, si on regarde bien, il n'y a aucune raison pour que ça marche entre nous. Mais j'ai besoin d'y croire, j'ai besoin de penser que quelque chose de plus fort peut nous laisser une chance. N'est-ce pas ce qu'elle m'a dit dans sa dernière lettre ? Que si deux âmes étaient faites pour être ensemble, le destin finissait toujours par les rassembler ? Je ne peux pas croire que tout ce qui s'est passé entre nous et même après n'est pas important. Ça ne peut pas être du vent, ça ne peut pas se terminer comme ça.
On vient de partir se balader une fois que la tente a été mise en place. Il est déjà un peu tard, mais avec un peu de chance on va pouvoir voir le coucher de soleil. On est assis sur l'herbe en face du lac et personne ne parle. On ne parle toujours pas, mais je sens son regard constamment sur moi. Au bout de ce qui me semble une éternité, elle parle enfin :
— C'était prévu ?
Je tourne la tête vers elle et la fixe bizarrement. Mon regard sur elle doit la gêner car elle ramène ses genoux contre sa poitrine et a le visage rivé sur mes baskets.
VOUS LISEZ
C'était un jour d'été II
RomanceC'était un jour d'été II : Ne m'oublie pas Deux ans. Cela fait deux ans que Nathan n'a plus de nouvelles de Soléa. Elle l'a abandonné, et il en vient même à en douter de son existence. Elle a disparu, elle n'est plus en France, la maison de ses gra...