C'était un jour d'été II

Chapitre 4

Soléa

10 juin 2017, Montréal, QC

Lorsque j'arrive au café, pour mon service du soir, Blake est déjà là. Je ne lui ai pas parlé depuis notre pseudo dispute il y a deux jours. Et voilà qu'aujourd'hui je me contente de plisser le nez quand je le vois. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas si c'est à moi d'aller le voir, ou à lui de venir s'excuser.

Je l'observe de l'autre côté du bar, je n'arrive pas à détacher mon regard de lui, parce que je ne sais pas pourquoi il m'a embrassé.

Je prépare trois cocas pour un petit groupe de jeunes quand Hailey - qui est censé bosser elle aussi - s'assoit sur le tabouret en face de moi et me fixe.

— Quoi ? je finis par demander.

— Il se passe quoi ?

— Comment ça ?

Elle hausse un sourcil et tend le menton vers Blake.

— Y a eu quoi entre vous ? Il te lâche pas du regard. Mais en même temps il a l'air en colère. Tu lui as fait quoi ?

— Je lui ai rien fait du tout.

— Pourtant, vu comment il te regarde, on dirait que tu as tué son chien.

— Ou son amour propre.

— Quoi ?

Je secoue la tête et attrape mon plateau.

— Non, rien.

Je suis obligée de passer devant mon ami pour servir mes cocas, et ça ne m'enchante pas vraiment. Je passe devant lui sans vraiment le regarder. Je ne sais toujours pas ce qui lui a pris quand il s'est mis en tête de m'embrasser. Je ne sais pas d'où lui est venue cette idée. Et maintenant je ne sais plus comment réagir avec lui.

— Soléa.

Ses doigts s'enroulent autour de mon poignet et je m'arrête.

— Je suis...

— Les jeunes je vous paye pas pour parler ! Soléa sers-moi ces clients !

Je lève les yeux au ciel mais lève le pouce en direction du bureau où se trouve Sam. J'avais oublié qu'il voyait tout.

Je jette un coup d'œil désolé au brun qui me tient toujours le poignet.

— On parlera après ?

Il hoche la tête et se détourne, pour jouer à nouveau les gorilles.

***

Ça dure une bonne partie de la soirée, ce « jeu » entre nous deux. On se frôle sans arriver à se parler. Et ça m'énerve, parce que j'ai besoin de comprendre, mais il y a beaucoup de travail ici, et c'est impossible de tenir une conversation.

Je retourne au bar, commander des boissons pour des clients, quand Blake m'interpelle.

— Prends ta pause.

J'ai envie d'acquiescer. J'ai envie de poser mes fesses, j'ai mal aux jambes d'avoir trop piétiné. Mais pourtant je dis :

— Il y a encore du monde... Je ne...

Le brun secoue la tête en émettant un petit bruit avec sa bouche.

— Hailey !

Il l'interpelle et lui fait un signe pour qu'elle approche.

— Oui ?

— Soléa peut prendre sa pause ? Tu peux t'occuper des clients ?

— Euh, oui sans doute. Mais pas longtemps, on va bientôt avoir une vague de clients.