Sandy
Le lendemain, je me réveille avec l'impression d'avoir reçu un coup de massue sur la tête. Je me suis assoupie en pleurs sans même prendre la peine de me changer. Direction, la douche pour me rafraîchir et enfiler des vêtements propres !
Le reste de la journée fut ponctué par des recherches de petits boulots que je pourrais effectuer en plus du mien, afin d'amasser la somme demandée par Rob. Le montant n'est pas énorme mais avec mon salaire médiocre et le loyer de mon studio à payer, ça relève de la mission impossible. Jeff, dans quelle pétrin m'as-tu encore entraînée ? Même maintenant que tu n'es plus là, c'est à moi de rectifier tes erreurs, tes impayés. Jeff, tu m'as abandonnée, tu m'as laissée seule face à ce monde impitoyable. Tu as détruit ta vie... laisse la mienne tranquille...
Je sors d'une énième agence. Comme attendu, personne ne veut de moi. Je commence à désespérer lorsque j'arrive au Blue Train. A cette heure de la journée, il n'y a personne. Je retrouve Charlie assis dans son coin habituel devant son ordinateur portable, plongé dans ses comptes. Je me rends à l'arrière du bar et en essuie la surface d'un air las, plongée dans mes sombres pensées.
— Bah alors, Sandy, tu en fais une tête ! Qu'est-ce qui ne va pas ?
J'esquisse un léger sourire devant la bienveillance de mon boss. Ses filles doivent en avoir de la chance d'avoir un père comme lui.
— C'est rien, Charlie. Ça va aller.
Loin d'être convaincu, Charlie referme son ordinateur et s'approche du bar.
— Si tu fais cette tête-là devant les clients, ils vont prendre leurs jambes à leur cou et partir en courant. Allez, Sandy parle-moi.
— En général, c'est les gens qui parlent de leurs problèmes à la barmaid, pas l'inverse.
— Et la pauvre barmaid, qui va l'écouter ?
Je fixe mon bar, distraite. J'ignore pourquoi Charlie est aussi bon avec moi. Je me souviens du jour où l'on s'est rencontré comme si c'était hier. Il y a un peu moins d'un an, je venais de sortir du centre de réhabilitation. J'errais dans les rues de New York sans but, sans raison de vivre et sans personne à qui me confier. Je venais de perdre la seule personne que j'aimais, la seule qui m'aimait. Et c'est devant ce bar que j'ai atterri. C'était un ancien restaurant en ruines que Charlie a acheté et a rénové pour en faire le fameux Blue Train. Je pense qu'au premier abord, il a eu pitié de moi. Je faisais peine à voir à l'époque. J'étais squelettique, mes cheveux étaient ternes, le teint pâle, mes ongles jaunis. Un vrai zombie ambulant. Charlie a pris soin de moi sans jamais poser de questions sur qui j'étais et comment j'en étais arrivée là. Il a compris que je n'étais pas du genre à parler de mes problèmes. Il m'a malgré tout fait confiance, m'a aidée à trouver un studio confortable où loger et m'a offert ce travail. Il m'a appris à mélanger les saveurs pour avoir des cocktails uniques et pertinents. J'ai appris rapidement, consciente que cette opportunité était ma bouée de sauvetage, mon seul moyen de sortir de la merde où je trempais. Charlie a été mon sauveur, mon messie. Sans lui, j'ignore où je serais. Et par peur de le décevoir, par peur qu'il découvre qui j'étais, je ne peux me résoudre à lui parler de Jeff, ni de Rob. Je ne peux pas prendre le risque de le décevoir.
— T'inquiète pas Charlie, j'ai des petits soucis mais ça va s'arranger. Merci.
Je lui fais mon plus beau sourire alors qu'il me lance un regard bienveillant.
— Bon, dans ce cas, je te laisse. J'ai un dîner d'affaires ce soir. Scott ne devrait pas tarder à arriver. Si tu as le moindre souci tu m'appelles.
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Colin: Bring Me Back To Life
FanfictionSandy Mitchell est la sulfureuse barmaid d'un des bars les plus branchés de New York. Tourmentée par les démons de son passé de toxicomane, elle retrouve goût à la vie lorsqu'elle rencontre le ténébreux Colin Spencer. Une romance sombre, passionnell...