Colin: Bring Me Back To Life

7. Chamboulés

Sandy

C'est le cœur battant que je me tiens debout en dessous de mon bâtiment, appuyée sur le capot de la citadine de Colin, attendant patiemment sa réponse. Celui-ci me scrute d'un regard perçant et intense, visiblement en proie à un débat intérieur. Finalement, il repose une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, me laissant chancelante avant de me murmurer avec un sourire:

— OK.

Je rougis de plaisir et lui fais signe de me suivre. Une fois en face de ma porte d'entrée, je me rends compte que celle-ci est entrouverte et que la serrure est cassée.

— Il y a un truc qui cloche...

Colin se pose en face de moi et m'ordonne d'un signe de tête de rester tranquille pendant qu'il pénètre dans mon studio. Je le suis malgré ses recommandations et étouffe un cri de surprise devant l'état de mon appartement. Toutes mes affaires sont éparpillées sur le sol. Mon tapis est retourné, les chaises et ma table basse renversées, mon armoire vidée en entier et les tiroirs ouverts.

Je me précipite vers le tiroir où j'ai soigneusement rangé toutes les économies que j'avais amassées depuis que j'ai commencé à travailler et je découvre avec horreur que la somme qui y était déposée a disparu. J'en avais pour au moins quatre-cent dollars ! Et voilà que cette petite marge de sécurité s'est évaporée. Engloutie par le désespoir, je ramène  mes mains tremblantes à ma tête, et manque de suffoquer.

— Putain ! m'écrié-je au bord des larmes. C'est pas vrai ! C'est un cauchemar !

Colin se penche par terre et ramasse un cadre contenant une photo de Jeff et moi en train de s'embrasser, et dont la vitre s'est brisée. Je m'approche et lui arrache le le cadre des mains, prise par une rage subite. Le verre brisé a déchiré la photo, formant une coupure blanche dans le papier qui représente le visage de Jeff, ce qui m'arrache une plainte silencieuse. Je remets le cadre à sa place et soupire en sortant mon téléphone portable.

— Putain, j'y crois pas !

— Qu'est-ce que tu fais ? m'interroge Colin d'une voix calme.

— J'appelle Charlie ...

Colin se saisit de mon téléphone et annule l'appel.

— L'embête pas avec ça, il est quatre heure du mat'. Viens.

Il me prend la main et nous dirige hors de mon studio bordélique. Dans un silence religieux, nous rejoignons la voiture de Colin et démarrons en direction de son quartier. Les mains sur le visage, je tremble d'anxiété et de colère. Pourquoi faut-il que ça m'arrive à moi ?!

— T'inquiètes, me rassure Colin en posant une main maladroite sur mon épaule. Dès demain, on ira porter plainte. Des cambriolages de c'genre, y en a tous les jours à New York.

— A quoi bon porter plainte ? Les policiers ne pourront rien faire. L'affaire sera classée et ce qui m'a été cassé ne va pas me revenir.

— T'as pu savoir ce qu'ils t'ont volé ?

— De l'argent. Et ils ont cassé mon cadre, abîmé ma photo.

Une larme déchirante coule le long de ma joue avant de venir s'écraser sur ma jupe. Ce cadre était un cadeau de Jeff. Cette photo était l'une des rares qu'on avait prises ensemble. Je sens le poids du regard de Colin peser sur mes épaules. Incapable de l'affronter, je me contente de fixer la route qui défile à travers la fenêtre de l'habitacle, tout en ressassant mes souvenirs.

A mon grand soulagement, Colin ne me pose aucune question indiscrète et se contente de se concentrer sur la route. Une fois chez lui, je me laisse tomber sur son canapé, à bout de forces. Il prend le soin de me remplir un verre d'eau et me le tend avant de s'installer sur sa table basse juste en face de moi. J'ai froid. Je tremble comme une feuille. Prise d'admiration pour un point invisible au sol, je sursaute quand Colin pose ses mains sur mes épaules.