Colin: Bring Me Back To Life

8. Flamme Aurorale

Sandy

Je fais volte face, bouillonnante de rage face à cette voix familière que je reconnaîtrais entre mille. Serrant les poings, j'affronte le regard de celui qui m'a déçue plus que quiconque, tout en m'efforçant de ravaler mes larmes. Il est adossé contre la paroi de ma porte d'entrée, un air contrit sur son visage ce qui ne tarde pas à me mettre hors de moi. Sans m'en rendre compte, je me mets à hurler ... hurler ma rage ... hurler ma peine ... hurler ma déception.

— TU T'EXCUSES POUR QUOI AU JUSTE ? CE QUE T'AS FAIT T'AS PAS SUFFIT ? T'ES REVENU POUR REFAIRE UN TOUR, AU CAS OU TU AURAIS OUBLIE QUELQUES BILLETS PAR-CI PAR-LA ?

Il s'approche de moi, le visage déformé par la tristesse, les mains tendues vers moi comme pour me prendre dans ses bras. Je me dégage, ne supportant pas de le laisser me toucher.

— Sandy, je ...

—NON, CHRIS. Chut... Ne dis rien. Tu as choisi ton clan. Depuis quand tu es son bras droit ? Tu l'accompagnes dans ces déplacements maintenant ? Tu t'attaques à moi ? Tu es tombé si bas ? C'ÉTAIT TOUTES MES ECONOMIES, PUTAIN !

Chris semble regretter puisqu'il s'installe sur mon canapé, les coudes sur ses genoux, ses mains enveloppant son visage. Dans une voix cassée par un sanglot ravalé, il s'exclame :

— Tu comprends pas Sandy ! Il me tient en laisse. Je peux pas lui désobéir ... je peux pas lui échapper. Si je le fais je suis un homme mort ! Tu comprends, Sandy ? Un homme mort ! 

— Pourquoi ? Qu'est-ce que tu as fait ?

Chris ne me répond pas et se mure dans un silence de mort. Je m'installe à ses côtés et pose mes mains sur ses épaules. Malgré ma rage, le voir dans cet état m'anéantit. 

— Si tu as des soucis tu sais que tu peux m'en parler, reprends-je avec une voix plus posée. Je peux t'aider. 

— Tu peux rien faire pour m'aider. Pas cette fois. Je savais pas qu'il comptait s'en prendre à toi. Je l'ai appris plus tard dans la soirée. Je suis venu voir l'ampleur des dégâts mais t'étais pas chez toi. T'étais où ? J'ai flippé. 

— Chez un ami.

— Le mec aux cheveux longs ? 

J'acquiesce en silence, trop honteuse pour dire quoi que ce soit. Qu'est-ce que j'avais en tête au juste ? Si mon appartement n'avais pas été dans cet état, qui sait jusqu'où je serais allée avec lui. 

— Alors Rob avait raison. T'es passée à autre chose, c'est ça ? T'as oublié Jeff. 

Je relève les mains des épaules de mon frère de cœur avant de poser mes pieds sur le canapé et enrouler mes bras autour de mes genoux.

— Comment veux-tu que je l'oublie ? Putain, Jeff était toute ma vie, mon âme sœur. Jamais je ne pourrais l'oublier. Jamais je ne pourrais en aimer un autre. Mon cœur est enterré à ses côtés. Tu le sais.

— Mais t'as quand même passé la nuit dans le lit d'un type que tu connais à peine.  Je croyais que tu valais mieux que ça.

Une colère froide s'empare de moi en entendant les mots de Chris. Je comprends qu'il n'ait toujours pas réussi à faire le deuil de son frère, de là à se permettre de me juger de cette façon ! Je me lève, poings serrés et mâchoire crispée, et brandit un index accusateur vers Chris. 

— De quel droit tu te permets de me parler de cette façon ? Ce n'est pas le cas, et tu le sais très bien. Et même si c'était le cas, j'ai parfaitement le droit de refaire ma vie avec un autre homme ! Jeff est PARTI !