Chapitre 7 : Les cauchemars

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" Pitié ! Ne me faites pas de mal ! "

Une nouvelle plainte déchire la nuit et me bouleverse.
Je ferme les yeux.
Ce n'est qu'un rêve.
Ce n'est qu'un rêve.
Je me le répète, j'essaie de me convaincre puis, prise d'un élan de courage, je les réouvre, mais Bahlit se tord toujours de douleur. Ce sepctacle est insoutenable. Que dois-je faire ?
Je ne peux pas le laisser comme ça, je le sais, mais j'ai trop peur de sa réaction. Bahlit est quelque peu ... Imprévisible, et je doute qu'il tienne à ce que je le trouve dans cet état.

Une ombre se faufile entre les couchages, bien plus téméraire que moi. Elle s'approche du rêveur, s'accroupit, pose une main sur son épaule et murmure :

" Schh ... Tout va bien, calme toi. Schh ... "

Cette voix, je la connais.
C'est celle de William, plus douce, plus rassurante que d'ordinaire. Il continue de bercer Bahlit, sussurant des paroles réconfortantes à son oreille.
Miracle ! Bahlit se rendort, apaisé.
Je ne peux m'empêcher de contempler ce spectacle inattendu et étrangement beau.
Jamais je n'aurais cru voir William émaner autant de douceur et consoler un de ses compagnons, et je suis heureuse de m'être trompée.
Déçue de moi même, aussi. J'aurais dû me lever moi aussi, sans réfléchir. Sans peser le pour et le contre. Si je veux survivre, il le faudra bien.
Cette vision tourne et retourne dans mon esprit jusqu'à ce que je parvienne à me rendormir, à plonger dans un sommeil sans rêves.
Caïssa me réveille au petit matin ;
pour tirer Euphron de sa couche, c'est une autre histoire ...

***

En chemin, je n'écoute  que distraitement les récits Sissa car, même si le  préférant épier Bahlit.
Ses traits sont tirés, de longues cernes violettes couvrent son visage et son air est morne, fatigué.
Rien d'étonnant ... Je me demande depuis combien de temps durent ses terreurs nocturnes.
Quant à William, rien ne laisse paraître qu'il a joué les anges gardiens cette nuit.
Enfin, à quoi m'attendais-je ? Un sourire bienveillant ? Une expression plus sereine ?
J'ai tout de même l'impression qu'il sait quelque chose : hier soir, il ne s'est étonné de rien, comme si c'était normal. Comme si il était habitué, plutôt. Il n'a pas réveillé Bahlit, et n'a même pas chercher à connaître la raison de ses cris, la description de son cauchemar.
Cependant ... William sait cacher ses sentiments et, si je veux savoir si il cache quelque chose, je ne le lirai pas sur son visage. À part pour cette histoire avec Sissa ...
Du calme, Aliénor.
Je m'occuperai d'une chose après l'autre, et je dois d'abord lever le mystère sur les cauchemars de Bahlit.

Puisque c'est William qui ferme la marche, je profite de cet instant pour le questionner, un peu à l'écart et sans risque d'interromption.
Discrètement, je ralentis jusqu'à être à sa hauteur et pouvoir lui parler sans que l'on entende notre discussion.
Nous n'avons jamais vraiment conversé seul à seul, aussi William me jette un coup d'œil méfiant. Ainsi, il m'exprime clairement qu'il veut que je lui explique la raison de mon rapprochement.
J'engage la conversation, adoptant un ton que j'espère détaché :

" William ... As-tu bien dormi, cette nuit ?

- Oui, merci, son ton est plus sec et il ne me lâche pas des yeux.

- Il y a eu de drôles de bruits, n'est ce pas ? Aucun d'eux ne t'as réveillé ?

- Aliénor ... il soupire. Ne joue pas à ça avec moi. Je me doute bien que tu n'as que faire de mon sommeil, et je sais que tu m'as vu parler à Bahlit. J'imagine que tu as des questions. "

J'en reste pantoise, et je sens le rouge me monter aux joues. Il est vrai que je n'ai pas été très subtile, mais je ne me doutais pas que William m'avait remarqué. Il va falloir que je me montre plus finne.

Palamède. I : Le RéveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant