Palamède. I : Le Réveil

•Prologue : le royaume de Palamède•

Il ne faut pas croire que ce que l'on voit. Certaines choses sont invisibles au yeux, au cœur aussi, et existent pourtant.
C'est le cas de Palamède.

***

Palamède, c'est un royaume. Également l'une des nombreuses choses que les Hommes n'ont pas découvert.

Aujourd'hui, on s'interroge beaucoup sur l'espace, sur la possible existence d'autres êtres vivants, tout là haut. Certains vivent pourtant à côté de nous, sans qu'on les remarque.
C'est le cas de personnes que l'on rencontre tous les jours, mais surtout des Palèmes. Eux, personne ne les a jamais vu. Vraiment.

Cela paraît incroyable et ça l'est. Enfin, pour nous autres, Hommes de la Terre. C'est comme ça qu'ils nous appellent, les Palèmes.
Parce que eux, ils connaissent notre existence. Certains s'infiltrent même dans notre monde, à la recherche de nouvelles pratiques qui pourraient leur être utiles. Non, ils n'ont pas le même mode de vie que nous.
C'est la conséquence de leur exil.

Mais pas la cause.
On ne peut pas dire que ce soit leur choix, à tous. Certains ne sont pas d'accord.
C'est surtout la décision d'un homme.

Il s'appelait Palamède.

Je dis "il s'appelait" parce qu'il n'est plus de ce monde. Ni du nôtre, ni de Palamède. Vous me suivez ?
Il a vécu il y a longtemps, il y a très, très longtemps.
À l'époque de la guerre de Troie, qu'il a connu.
Ce guerrier faisait partie du camp grec, mais ce n'est pas ce qui nous intéresse. Pas en premier lieu, du moins. En fait, le rapport avec tout ça est que, durant cette bataille, il a imaginé un jeu, dans le but de divertir ses camarades.

Les échecs.

La suite, on la connait. Les Grecs vaincurent, rentrèrent chez eux victorieux et Palamède eut sa retraite. En prime, une île, pour ses années de bons services. Il y emmena sa femme, ses enfants, ses petits enfants, ses amis. Il régnait sur l'île comme bon lui semblait, et celle-ci fut renommée.
Vous devinez son nom.

Mais il faut mesurer chaque chose, où on s'en lasse. On s'en dégoute, même.
Palamède avait trop guerroyé.
Il voulait une fin de vie tranquille, une sécurité assurée pour ses proches. L'ancien combattant redoutait les guerres et ne voulait pas que l'on s'empare de son domaine.
Quoi de plus légitime ? Encore faut-il employer la bonne méthode.

Mais je manque à tous mes devoirs : je ne peux continuer mon récit sans vous préciser une chose, ma foi non négligeable.
En ce temps, la Magie existait.
Elle existe toujours, d'ailleurs. Enfin, nous y reviendrons plus tard.
Bref, si la Magie était présente, alors les mages aussi, Palamède le savait. C'est pourquoi il fit appel à l'un d'eux, fort renommé, également un de ses plus vieux amis.
Son souhait : protéger l'île des attaques, de la violence et de la folie des Hommes.
Du monde, en somme.

Le seul moyen était de créer un dôme inébranlable, une bulle increvable.
Une cache dorée, qui fut effacée de la mémoire des Hommes de la Terre.

Parfois, on hésite à faire quelque chose et puis, une fois l'action accomplie, on recommence.
On ne peut plus s'arrêter.
La Magie peut avoir cet effet, d'autant plus que Palamède avait un nouvel ennui. La violence extérieure ne pouvait plus les atteindre, parfait ! Mais qu'en était-il de celle qui pouvait atteindre l'intérieur du dôme ? Comment l'irradier ? Car elle pourrait être autrement plus dangereuse.
Sans compter qu'un royaume autonome n'est pas simple à gouverner. Il fallait des gens pour cultiver, d'autres pour soigner, pour diriger, pour garder un contact avec le monde extérieur ...
Palamède voulait des règles, de l'ordre. Et il fallait que ce soit rapide. Que cela soit fait en un coup de baguette magique.