Chapitre 9 : L'attaque

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Brune, la poussière lorsque Caïssa tombe au sol, inerte.
Noirs, les habits des cinq hommes.
Argent, la lame lorsque l'un d'eux dégaine son arme.

***

Le plus grand et musclé d'entre eux s'avance, une épée à la main. Je me demande où il a pu la dénicher, car à Palamède, seul les forces de l'ordre, les membres de la cour et de la famille royale peuvent en posséder.
Peut-être faisait-il partie d'un de ces ordres, avant. Car à vue de son habit, de sa cape, et de son masque noir, il s'agit bien d'une Rebelle, ce qui veut dire qu'il l'a renié.
De son visage n'est visible que sa bouche, qui sourit cruellement et ses yeux brillants. Cela lui donne un air de secret, terrifiant, comme si il savait tout de nous et que de notre côté, nous ne savons rien de lui.
Oui, voilà l'impression qu'il dégage, cet air de connaître la suite des événements, pour notre plus grand malheur.

À la façon dont ses comparses l'observent, à l'affût du moindre signe, je comprends qu'il s'agit de leur supérieur. Celui-ci s'avance et vient se planter devant Euphron :

" Les Élus ... Quel honneur !

Ces propos pourraient être élogieux, seulement son ton est ironique et son sourire narquois. Pas très engageant, mais il continue tout de même :

- Ce n'est pas la peine d'afficher cet air, je sais bien que vous tremblez de peur. Vous savez qui nous sommes, n'est-ce-pas ?

Silence.

- Vous êtes les Rebelles.

Bahlit a parlé, mais il est nerveux, il tremble, et cela se voit. Je devine que, en prenant ainsi la parole, il voulait leur prouver qu'il n'a que faire de leurs tours de magie, leurs intrusions dans son esprit. Mais cela ne marche pas.

- Bien, Bahlit, bravo ! le Rebelle sourit, fier d'avoir montré, en utilisant son nom, qu'il le connaît. D'ailleurs, merci pour les renseignements !

Il a lancé cette phrase d'un air enjoué, puis se tourne vers nous, l'air surpris et faussement ennuyé.

- Comment, vous ne savez pas ? Oh, oui bien sûr, il ne vous l'a pas dit ... C'est Bahlit qui nous a indiqué votre emplacement !

Un sourire carnassier fend maintenant son visage, ce qui ne fait que me mettre en colère, mais pas contre Bahlit.
Contre lui.
Il se croit malin, pense nous intimider mais il joue mal, et je comprends qu'il a répété ces phrases de nombreuses fois. Ce qui m'inquiète, en revanche, c'est qu'il n'a certainement pas accéder à la magie noire lui même, ce qui veut dire qu'il a des supérieurs, et quelque chose me dit que les Rebelles sont un immense réseau, bien plus grand que ce que nous imaginions.

Je ressens une brûlure dans le dos, me retourne et vois William qui me fixe.
Il avait raison, et il bout, lui aussi.
Mais nous ne pouvons rien faire, si ce n'est qu'attendre que nos hôtes nous expliquent ce qu'ils comptent faire de nous. Si il le faut, nous nous battrons, mais nous sommes cinq contre cinq, et eux sont bien plus musclés et entraînés que nous. Seul Euphron pourrait se défendre.
Nous sommes à leur merci, et ils le savent.
Heureusement, Sissa prend les devants et parle d'une voix calme et posée, en contraste avec celle de notre adversaire :

- Écoutez, je ne voudrais pas vous brusquer ou paraître impoli, mais mes amis et moi-même aimerions connaître la raison de votre présence.
J'imagine que vous n'êtes pas venu prendre le dîner en notre compagnie, si ?

L'autre est visiblement agacé qu'on l'ait coupé dans son monologue. Cela n'augure rien de bon ...

- Je te conseille de te taire, indien ! Vous n'êtes pas en position de force, et rien ne nous empêche de venir visiter vos songes, à vous aussi ! Pour ce qui est de notre présence, nous avons un marché à vous proposer.

Palamède. I : Le RéveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant