Redemption

18. Ouroboros

La question du bloc de glace fut finalement ce qui posa le plus de problème. Si les Avengers ne voulaient pour rien au monde garder le Titan sur leur planète, là où un réveil malencontreux aurait tôt fait de tous les anéantir, ils savaient que ce ne serait pas le cas du SHIELD. Lorsque Nick Fury allait savoir qu'on avait laissé un ennemi potentiel à quelques milliers d'années-lumière de leur surveillance, il allait très certainement gueuler. Le vieux directeur ne faisait confiance qu'à son œil restant, et à ses deux bras droits – quoique Coulson ait désormais un peu plus de valeur que l'agent Hills niveau secrets d'état : on ne pouvait tenter un enlèvement sur quelqu'un que l'on pensait mort. On pouvait visiblement dire la même chose d'Odin, qui refusa rapidement de laisser un tel risque entre les mains de simples mortels, même si Stark pensait plutôt que le but de l'asgardien était de rentrer à la maison avec son nouveau trophée de guerre et en sachant avoir tout contrôle de la situation. Aucune de ces deux options ne furent cependant triomphante : une troisième voix bien plus convaincante obtint finalement gain de cause. Sur la demande de Býleist, Thanos resterait sur Jotunheim.

Les arguments de ce dernier étaient, en fin de compte, bien plus raisonnables. Effectivement, laisser une telle responsabilité à une planète telle que Midgard était irresponsable. Ils étaient peut-être plus avancés que d'autres dans certains domaines, mais la magie leur échappait encore, et il fallait bien plus que la technologie qu'ils avaient réussie à développer pour contenir le Titan Fou. Et quand bien même retenir Thanos aurait été certain, les humains n'avaient que très peu de connaissances sur le reste de la galaxie et n'étaient également pas aptes à se protéger des invasions – comme il avait été possible de le voir quelques mois plus tôt. De plus, la distance était également à prendre en compte. Il ne fallait pas risquer que le bloc soit fondu ou endommagé à cause d'un passage trop prolongé dans le Bifröst. Quant à Asgard, bien que plus sûre en termes de protection, les autres conditions n'étaient pas non plus idéales. Le climat demandait beaucoup trop d'aménagements, et la magie n'était pas vraiment leur domaine d'expertise – c'était d'ailleurs un miracle, d'après Býleist, que Loki ait pu trouver une sorcière suffisamment puissante pour lui partager ses pouvoirs.

Après avoir exposé tout cela avec un calme olympien et une prestance qui confirmait d'office son lien de parenté avec le Dieu de la Malice, le Jotun proposa sa planète avec un petit sourire. Loki se rallia de suite à la cause de son frère biologique, rapidement suivi par les Avengers. Tony voulait bien jouer les bons amis du SHIELD, rien ne lui faisait plus plaisir que de laisser le Titan ici, et s'il avait quelques arguments à rapporter à Fury, il n'y avait plus à hésiter. Ce fut cependant plus dur de convaincre Odin. Le vieux roi ne se décida à lâcher l'affaire que lorsque Býleist fit remarquer que cette décision serait un bon moyen de débuter une paix durable entre les deux mondes – et lorsqu'on parlait politique, bien-sûr que le vieux roi était prêt à la jouer raisonnable. C'est donc avec beaucoup d'hésitation que le roi consentit à laisser Thanos sur la planète glacée.

Thanos, et la Cassette de l'Hiver. Si tout le monde semblait avoir oublié l'artefact, il reposait toujours à quelques pas de Loki, qui s'empressa de le reprendre entre les mains lorsque Býleist le mentionna. Ce dernier réclama ce qui, selon lui, appartenait déjà à Jotunheim et attendait depuis trop longtemps d'être réuni avec son peuple. Ceci fit bien évidemment encore grincer des dents au vieux roi. Néanmoins, la Cassette était nécessaire afin de complètement maintenir la prison de glace du Titan : c'était en partie de là qu'elle venait, et la puissance de l'artefact dépassait de loin celle de Thanos, aussi fort soit-il. Aussi le roi donna une fois de plus le dernier mot au Jotun, dont l'œil encore valide brillait de satisfaction. Tony se rendit compte que le Géant des Glaces venait d'obtenir tout ce qu'il voulait, ayant amené la conversation exactement là où il le voulait, et cela ne semblait pas non plus avoir échappé au Dieu de la Malice qui souriait, regardant son frère avec fierté.