S E C H S

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Bien évidemment, la voix nous avait dis que les soins médicaux étaient interdis. Ben voyons. Je restais donc avec cette atroce douleur dans le molet, alors que le sang continuait de couler. Je sentais les forces me quitter de secondes en secondes. Minho s'agenouilla près de moi, assise contre le mur de la ruelle. Nous étions dans un quartier vide de Busan, là où personne ne pourrait venir nous déranger. J'ancrai mon regard dans le sien, et il me sourit faiblement.

"J'ai de quoi te soigner... Mais il va falloir que tu sers les dents : je n'ai rien pour anesthésier..."

J'opinai du chef, n'ayant presque plus la force d'articuler une seule syllabe. Minho prit d une boîte de premiers secours posée près de lui et posa un genoux à terre. Il essaya de soulever mon jean mais, puisqu'il collait à la peau, il n'y parvint pas. Je grimaçai de douleur.

"Je crois que j'ai des ciseaux..."

Il leva le regard vers moi, attendant sûrement une approbation. Je la lui donnai puis il se mit à découper le bas de mon jean. Quand la blessure fut découverte, le sang recommença à couler à flot. Minho pressa la blessure, je voyais ses mains devenir rouge à cause du sang. Il posa son regard paniqué sur moi. Les gouttes de sang de Jo hornaient toujours son visage angélique.

"Andréa, presses la blessure s'il te plaît."

Je m'exécutai du mieux que je pouvais alors qu'il prenait un bout de tissus de son t-shirt pour le nouer autour de mon genoux déplié. Il le serra aussi fort qu'il put et le sang coulait, mais beaucoup moins fort. Sans demander autre chose, il imbiba une pince à épiler, trouvée dans la boîte premiers secours, d'antiseptique. Puis il introduit cette dernière dans le trou formé par la balle.
Je serrais les dents du mieux que je pouvais mais la douleur était affreuse. Des larmes de douleur roulaient sur mes joues sans que je ne contrôle rien. Ensuite, Minho jeta la pince et la balle loin et fit un bandage après avoir désinfecter la plaie.

"Ça va ?" il me demanda.

Je hochai la tête, incapable d'articuler une seule syllabe. La douleur était encore présente.

"Tu te sens de pouvoir marcher ou pas ?"

Je fis "non" de la tête. C'était vraiment une possibilité à abandonner. Il se mordit la lèvre inférieure, ne sachant pas quoi faire. Il se mit sur ses pieds et me porta en princesse. J'entourai son cou de mes bras et il débuta une traversée du quartier. Nous atteignîmes la voiture, garée plus loin.

"Je dois trouver des anti-douleurs.
- Minho... je dis d'une voix faible, t'inquiètes... Ça va aller."

Il ancra son regard dans le mien alors qu'il me posa sur le capot nettoyé de la voiture.

"Tu... T'es sûre ? J'habite pas loin alors...
- Oui, je suis sûre. Ne te donne pas autant de mal pour moi. D'accord ?"

Il hocha la tête, l'air déçu de ne pas pouvoir m'aider plus, puis il ouvrit une portière de la voiture et m'installa dans cette dernière. Il ferma la portière et s'installa à son tour face au volant. Il ferma la portière et posa son front sur le volant. Il souffla en fermant les yeux. Il resta comme ça quelques secondes puis mit le contact. Il démarra et atteignit une grande route. Il avait l'air de savoir où il allait. Je glissai mon doigt sur le cadran et vis que le joueur 14 nous suivait à la trace.

"Merde... je soufflai.
- Quoi ?
- Le joueur 14 nous colle aux basques."

Il jeta un coup d'œil au rétroviseur à sa droite.

"Effectivement."

Je regardai la tête de ce joueur et vit qu'il s'agissait d'un homme. Il avait une tête qui faisait peur : elle était coupée sur la diagonale par une large cicatrice. Minho accélérera mais le joueur 14 ne nous lâchait pas.

"Fais chier !"

Il fit un demi-tour au beau milieu de la route et s'empressa de semer le joueur qui nous suivait. Il y parvint et prit une autre route. Il pila et sortit de la voiture. Il me prit sur son dos et couru dans les rues. Il arriva devant un bâtiment assez épuré et monta les escaliers. Il défonça la porte d'un appartement et me posa dans le canapé. Il tourna les talons et se dépêcha d'aller chercher quelque chose dans la salle de bain. Il revint avec un verre d'eau et des cachetons blanc.

"Prends ça."

Je regardais les cachets et lui tour à tour.

"Andréa ! Fais moi un peu confiance ! Si j'avais voulu ta mort, je t'aurais laissé avec Jo !"

Il avait tellement raison. Je pris les trois cachetons et les avala avec de l'eau. Par miracle, je ne sentais plus la douleur de ma jambe.

"Maintenant, peut-être que tu pourras marcher..."

Il m'aida à me lever et effectivement, je pouvais marcher comme il faut. Il opina du chef. Nous atteignîmes la cuisine. Je passa un pied par-dessus la fenêtre.

"Je suis là !"

L'homme à la cicatrice était désormais dans l'appartement. Minho dégaina son arme. Les deux hommes pointaient chacun leur arme sur l'autre, prêts à tirer à tout moment.

"Andréa, fuis !"

Je regardai Minho.

"Pars !"

Je fis "non" de la tête : je n'allais pas encore l'abandonner. Je ne voulais pas le laisser seul. Mais il avait l'air si sûr de lui que je sortis par la fenêtre qui donnait sur une sorte balcon en fer rouillé. Je descendis l'échelle de fer qui menait derrière l'immeuble. Je m'éloignais un peu et attendis.
Aller Minho, viens.
Une détonation retentit et je vis un corps tomber par la fenêtre. Des cheveux très noirs et l'homme était vêtu d'un t-shirt blanc.

Je tombai à genoux, les yeux baignés de larmes. Je voyais flou alors que les larmes coulaient sur mes joues en abondance. Ma tête tomba en avant et mes épaules étaient secouées de sanglots. La douleur n'était effectivement plus dans ma jambe, non, mais dans mon cœur. Ce dernier était serrer. Je continuais de pleurer seule. J'avais perdu un coéquipier... Mais pouvais-je le qualifier d'ami ?
Je ne sais pas, mais il était tout pour moi, dans ce jeu. Les larmes coulaient toujours sur mes joues. Comment était-ce possible de pleurer autant pour une personne que l'on ne connaît que depuis 55 heures d'après le bracelet ? Je ne sais pas, mais je pleurais la mort de Minho. Tout cela sonnait tellement faux. Cela ne pouvait pas être possible. Minho ne pouvait tout bonnement pas être mort.

"Tu... N... Ne p.. peux pas me faire ça..." je soufflai.

C'était limite si j'étais en colère contre lui. En colère qu'il m'ait laissé tomber de cette manière. Je lui devais tant. Il ne pouvait pas me laisser, il devait gagner ce jeu. Il le devait. J'entendis quelq'un descendre l'échelle et relevai la tête.

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