Insomnia

Z W Ö L F

PDV Minho

Je la secouais dans tous les sens, les larmes noyant mes yeux et roulant en abondance sur mes joues.

"Andréa ! ANDRÉA RÉVEILLE TOI PUTAIIIN !"

Cela faisait quelques secondes que ses yeux s'étaient fermés et je ne pouvais, pour une raison inconnue, me résoudre à ce qu'elle soit partie pour de bon. Non, Andréa ne devait pas. Elle n'en avait pas le droit. Et moi dans tout ça ? Qu'est-ce que j'allais faire sans elle ?

"ANDRÉA OUVRE LES YEUX !
- Ça sert à rien, Minho, on l'a perdu..." souffla Jo.

Je me tournais à la vitesse de la lumière et aggripai le col de sa veste.

"Toi, tu ferme ta grande gueule ! Tant que la voix ne l'a pas annoncé, il y a une chance ! Alors ta gueule et aide moi à la bouger !"

Je la lâchai et prenai Andréa en princesse pour ne pas qu'elle reste au beau milieu de la route. Malgré ma vue brouillée par les larmes, je trouvai le trottoir et déposai délicatement ma coéquipière dessus. Jo était restée sur la route à me regarder, visiblement en incompréhension.

"Tu fous quoi ? Aide-moi avec Andréa !"

Elle me regarda un instant avant de s'avancer vers moi. Elle s'agenouilla près de Andréa et se pencha pour chuchoter quelques mots que j'entendis :

"Pardonne-moi, mais j'ai été obligée..."

Elle se redressa, se releva puis s'apprêtait à partir quand je l'ai arrêté :

"Alors c'est comme ça ? Tu vas l'abandonner ? Mais t'es qu'une pute ma parole !
- Tu ne peux pas comprendre..."

Je me levai et me postai devant elle.

"Si je comprends bien que tu t'apprêtais à te casser en laissant Andréa mourir !"

Elle ancra son regard bleu dans le mien avant de briser sec le contact visuel créé. Elle pivota sur ses talons puis courut loin. Je la regardai, impuissant.
Alors c'était comme ça ? Elle allait la laisser mourir ?

"Minho..."

L'appel de mon nom me dit regagner la terre et je me précipitai près d'Andréa. Elle se réveillait doucement alors que je posai les genoux à terre. Je séchai mes joues trempées par les larmes et recouvrai une vue normale. J'aidai Andréa à se redresser doucement, une fois en position assise, elle sembla chercher quelqu'un.

"Jo ? Où est Jo ?"

Je sentis quelque chose se briser en voyant l'espoir dans ses yeux. Ou était-ce peut-être parce qu'elle cherchait cette lâche.

"Minho, où est Jo ?"

Elle posa son regard émeraude sur moi alors que je replaçais une de ses mèches brunes derrière l'une de ses oreilles.

"Désolé, je fis une fois que j'avais fini, elle est partie.
- Hein ? Arrête, je suis pas d'humeur à déconner. Elle est où ?
- Je suis sérieux : elle vient de partir."

Je vis les larmes commencer à noyer ses beaux yeux. Elle baissa le regard puis la tête, ne voulant visiblement pas que je la vois pleurer, puis fit d'une voix cassée :

"J'aurais dû m'en douter. Elle m'a menti, cette connasse.
- De quoi tu parles ?"

Elle redressa le visage puis me répondit d'une voix sèche et cassante :

"Rien, c'est bon."

Je l'aidai à se lever puis elle tenta de marcher mais elle avait été percutée tellement fort que ses jambes ne la tenaient plus.

"Viens, je vais t'aider."

Je me baissai un peu puis elle monta sur mon dos. Depuis l'annonce du départ de Jo, elle était devenue sombre. Je ne saurais pourquoi, mais elle me semblait triste et en colère à la fois. Je commençai à marcher avec elle sur le dos, quand elle me demanda :

"Mais en fait...
- Mh ?
- Si elle est partie, c'est qu'il y a une bonne raison, non ?
- Sûrement je ne sais pas. Elle ne m'a rien dit puis elle s'est cassée."

Elle glissa de mon dos pour atterrir sur le bitume. Je me retournai.

"Qu'est-ce qu'il y a ? Viens, on doit y aller."

Elle me fixait durement. Et ses paroles me firent l'effet d'une claque :

"Pourquoi tu ne l'as pas retenu ? Pourquoi tu l'as laissé partir ?
- Hein ? T'insinues quoi au juste ?
- Tu l'as laissée partir et tu ne l'as pas retenu ! Pourquoi tu as fait ça ?
- Mais j'ai rien fait ! Dis pas de conneries, si elle est partie c'est juste qu'elle s'en fou de toi, Andréa ! J'ai essayé de comprendre mais elle ne m'a rien dit ! Alors tes insinuations de merde là, tu te les garde !"

Elle me regardait, impuissante, puis elle fondit en larmes. Je ne savais pas pourquoi elle pleurait mais tout ce que je sais c'est que je l'ai prise dans mes bras. Et je l'ai serré fort. Elle ne m'a pas repoussé et a même répondu à l'étreinte.

"Pourquoi tu pleures ?
- Pour rien...
- Il y a quelque chose, dis le moi."

Elle fit "non" de la tête et je compris que cela ne servait à rien d'insister. Elle n'était sûrement pas prête à me dévoiler ça. Je me détachai de l'étreinte puis elle sècha ses larmes avec la manche de son sweat noir avant de commencer à remarcher. Je ne sais pas quels pouvoirs avait cette fille, mais elle s'était pris une balle dans le mollet puis m'avait sortit d'un incendie suite à une explosion sans jamais faiblir. Elle avait l'air vraiment déterminée. Je la suivais de près, au cas où. Je ne voulais que plus rien ne lui arrive. Elle n'avait que 16 ans et se retrouvait ici.
Mais qu'est-ce qu'elle avait fait pour se retrouver coincée dans un délire pareil ?