Insomnia

Z E H N

Je restais figée sur place, espérant que j'ai juste mal entendu. Elle ne pouvait pas être Jo, ce n'était pas possible. Minho l'avait tué. Il l'avait tué sur le capot de la voiture. Comment pouvait-elle être ici ?
Je sentais désormais le bout de son flingue sur ma tempe, son souffle chaud contre ma joue, puis elle me glissa dans l'oreille :

"Ça fait longtemps toi..."

Sa voix avait toujours une connotation de folle alliée. Je tournai le regard vers Minho, celui-ci restait de marbre et fixait un point devant lui. Je déglutis avec peine alors que Jo apparaîssait devant moi. Elle était toujours la même. Les même cheveux soyeux et blonds qui se séparait sur le milieu de sa tête et qui lui arrivaient aux milieu du dos, les même yeux bleus azur pleins de vivacité. Et d'une intensité qui lui appartenait seulement à elle. Elle avait juste fait une mèche rouge sur le côté de sa tête.

"Ça fait longtemps, tout les deux. Vous m'avez manqué."

Son arme était braquée sur nous et je ne décrochais mots, je gardais le silence, ayant peur de merder.

"T'es morte, c'est pas possible que tu sois ici." cracha Minho entre ses dents.

Jo rigola fort puis quand ce rire fut passé, elle lui répondit :

"À croire qu'ils ne voulaient pas que ça se passe.
- Menteuse, trancha Minho, comment c'est possible ?
- Je te l'ai dit. Ne m'oblige pas à répéter, chéri.
- Ne m'appelle pas comme ça, connasse."

Jo s'approcha de moi, ignorant la remarque de Minho. Elle ancra son regard instense dans le mien. Ses deux yeux étaient allumés d'une lueur de joie mais aussi d'une petite de folie.

"Tu n'as pas changée, toi."

Elle me sourit, ce qui me surpris. Jamais elle ne m'avait sourit comme ça. Aussi sincèrement. D'ailleurs, elle ne m'avait jamais souri. Son flingue pointait toujours en direction de Minho, qui la défiait du regard.
Putain, était-il vraiment inconscient ?
Si j'avais bien compris une chose, c'était de ne pas la provoquer.
Oh que non. Ne jamais la provoquer.
Jo replaça une mèche blonde derrière son oreille, sans me quitter du regard.

"Toi, tu ne partiras plus. Tu resteras avec moi."

Elle était toujours vivante, pourtant, la voix l'avait annoncé. J'étais en plein brouillard alors que Jo me faisait descendre de mon perchoir et me tirait avec elle. Je gardais les yeux sur un Minho tout aussi perdu que moi. Du bout de lèvres il me dit :

"T'inquiètes, je suis là."

Néanmoins, cela ne me détendit pas. Au contraire, il n'allait plus être avec moi. J'allais être seule avec une grosse psychopathe de service.
Alors, oui, je m'inquiètais et non, il ne serait plus avec moi.
Jo me tirait le bras puis rangea son arme en la glissent dans son pantalon, au niveau de la hanche. Elle ne portait pas d'étui, donc devait improviser.
Puis elle lâcha ma main pour passer un bras autour de mes épaules. J'étais totalement déroutée par rapport à son comportement envers moi, sa soudaine réapparition... Tout me semblait illogique. Tout était illogique et n'avait aucun sens.
Elle était morte et revenait comme si de rien n'était.
"Bonjour, je suis pas morte en fait !"
Sans blague, comment c'était possible de réssuciter ? Était-elle un dieu ?
Bon, je partais vraiment loin.

"Maintenant, tu vas faire tout ce que je te dis, sinon ton p'tit coéquipier en paiera les conséquences." me chuchota-t-elle au creux de l'oreille.

J'allais devenir sa poupée, et cela m'effrayait. Si je faisait quelque chose de travers, c'était Minho qui paierait. Et ça, et ça, c'était hors de question. Je ne voulais pas qu'il paye à ma place. J'hochai alors la tête, paniquée et troublée. Jo était tellement paradoxale. Elle avait l'air gentille et douce, mais cachait des faces de psychopathe. Avec les autres, elle montrait sa face de folie, mais avec moi, son masque tombait. Pourquoi seulement avec moi ? Pourquoi ne me montrait-elle pas son vrai visage ? Pourquoi pourtait-elle autant de masques ?
Ces questions étaient sans réponse.
Jo m'emmena dans un hôtel. Maintenant, les hôtels me faisaient peur, dû à l'explosion. Elle entra dans le hall et se planta devant la réception. La femme qui était derrière leva la tête :