Samedi matin, gueule de bois et douleur aiguë au crâne. C'est tout ce que l'esprit de Seiji pouvait articuler qui soit censé. Il était seul dans son lit au moment de son réveil, mais il remarqua assez vite que les draps sur la place voisine avaient été froissés dans la nuit. Il n'avait pas souvenir de bouger autant, l'explication, et il avait peur de l'admettre, était que quelqu'un avait dormi avec lui. Étant incapable de pointer le doigt sur les événements de la veille, il avait parié pour tout un tas de situations plus catastrophiques les unes que les autres. Mais il n'avait pas osé imaginé la pire, autrement la plus fabuleuse de toutes.
Dans la pièce, des vêtements avaient été éparpillés sans attention sur le sol. Il reconnaissait ses propres affaires, constatait que le reste était sur lui, mais à qui étaient le manteau et le pantalon qu'il savait ne pas être les siens ?
Les rideaux avaient été entrouverts, de quoi éclairer la pièce sans l'éblouir. La lumière provenant du salon était plus forte que celle de la chambre. Quelqu'un était dans la pièce d'à côté. Mako ? Il regarda son réveil, dix heures passées, elle était déjà partie à cette heure-ci.Plutôt que d'hésiter plus longtemps, il se leva, titubant au début, il s'équilibra et s'apprêta à ouvrir la porte. Que redoutait-il autant ? Il avait peur de reconnaître le visage qui allait se trouver derrière cette porte, plus peur encore de ce qui avait pu se passer et dont il ne se souvenait pas.
La porte s'ouvrit lentement, laissant le temps à ses yeux fatigués de s'habituer progressivement à la lumière. Il se glissa petit à petit hors de sa chambre, l'appartement semblait désert, jusqu'à ce qu'il entende tousser dans le salon. Il poussa encore un peu plus la porte qui grinça subitement, attirant le regard de la silhouette assise sur le canapé que Seiji n'avait vue que de dos.
Sawada.
Il s'était alors levé et se dirigeait, à moitié nu soit dit en passant, vers Seiji. Ce dernier allait à nouveau s'engouffrer vers son lit quand la raison l'en empêcha.
Pourquoi voudrais-je le fuir ?
Il s'attendait à être câliné, ou embrassé, mais au lieu de ça, Sawada avait instauré cette distance sécuritaire dont il ne s'était jamais défait. Outre, visiblement, la nuit dernière dont Seiji n'avait toujours aucun souvenir. Il avait parlé, mais ses mots avaient sonné dans le vide, comme s'il ne les avait pas entendus. Il avait le sentiment d'être encore sonné et ne prêtait attention à rien d'autre qu'à essayer de se souvenir, mais rien ne venait.
Le constat évident était qu'il s'était passé quelque chose pour que Sawada soit là, devant lui, simplement vêtu d'une chemise déboutonnée au niveau du col et d'un boxer.Une main venue se poser sur son épaule l'avait ramené à la réalité foudroyante qui défilait devant lui. Il avait instinctivement eut un mouvement de recul, qu'il n'avait alors jamais montré à l'homme qu'il aimait. Ce dernier retira sa main et hésita à parler, pris par la surprise.
« Pardon, je n'aurais pas dû, soupira-t-il.
La première chose que nota Seiji était une expression qui se voulait...déçue ? Non, plutôt inquiète. Sawada était inquiet.
- Vous voulez un café ? »
Il était réceptif, oui, il voulait un café. Le trentenaire avait à faire pour la première fois à un animal à moitié sauvage, il ne communiquait plus que par des expressions faciales qu'il décryptait petit à petit. Le Seiji bavard et plein d'entrain avait laissé son âme dans le fond de son verre.Il n'articula pas le moindre mot pendant un temps qui parut durer une éternité. Sawada redoutait plus encore un Seiji silencieux et impassible que le même modèle dans son format d'agressivité non maîtrisée. De raison, il n'avait pas la moindre idée de l'hostilité qu'il pouvait bien lui inspirer, et il n'aimait pas ne pas savoir où étaient les limites.
Il buvait son café dans un silence de plomb, même les gorgées qu'il prenait ne faisaient pas le moindre son. Il osait à peine respirer de peur de briser le calme dans lequel Seiji s'était plongé. Il se refusait à prendre le risque.
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Agapé
RomansaSeiji est un homme lambda, à peine âgé de la trentaine et cadre dans le monde de la mode féminine. Il mène une vie simple, jusqu'au jour où il rencontre un mystérieux inconnu, dont le charme ne le laissera pas indifférent. Entre une vie privée agité...