XIV

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Je tiens déjà à m'excuser pour le retard que j'ai pris sur Agapé, avec le stress du bac, j'ai eu une grosse panne d'inspiration, et j'ai été incapable de produire quelque chose de potable pendant un bon moment... Je m'en excuse sincèrement et je compte reprendre comme il se doit l'écriture de ce roman (si on peut dire)~
Merci de votre patience et de votre compréhension ;-;

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Tout avait encore échappé à son contrôle.

C'était certainement la pire chose à admettre, mais il devait le reconnaître, la situation lui avait glissé entre les doigts, et il n'y avait pris que bonheur et plaisir.

Seiji était effondré sur son bureau, incapable de travailler et de détourner ses pensées des sensations de la veille. Ses doigts étaient encore engourdis de l'étreinte intime qu'ils avaient eu avec ceux de Sawada. Ses lèvres brûlaient encore de ce contact divin. La simple pensée de ce baiser fit son corps s'affaisser davantage sous son poids et ses joues monter en couleur. Il était partagé entre l'extase et les remords.

En se dirigeant vers le bureau de Sawada, Tsukauchi croisa en chemin un Seiji à l'article de la mort. En jetant un œil à sa voisine, elle lui fit signe qu'elle non plus n'était au courant de rien.
A sa plus grande stupeur, son supérieur était dans le même état.
  « D'accord, il y a définitivement quelque chose qui cloche. Il s'est passé quoi entre vous ?
L'intéressé releva les yeux, soupira, gesticula des mains sans qu'aucun mot ne sorte. Sa bouche était entrouverte, prête à déverser tout ce qu'il avait à dire, mais rien ne venait. Il s'était terré dans un mutisme non contrôlé et son visage s'était voilé d'embarras. Tsukauchi prit la chaise en face de Sawada, la porta à hauteur du siège de son supérieur et s'installa dessus en soupirant.
  « Tsuneoki, raconte-moi, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
  - Je... Il... On s'est embrassés.
  - C'est tout ?
  - Comment ça c'est tout ?
  - Tu devrais t'en réjouir au lieu de te morfondre.
  - Impossible, j'ai l'impression d'avoir fait la plus grande erreur de ma vie, je ne comprends même pas comment m'est venue l'idée de le faire, souffla Sawada, la tête écroulée entre ses bras.
  - Nii-san, je ne t'ai jamais vu te mettre dans un tel état pour quelqu'un, qui plus est pour un simple baiser. C'est que pour toi, il en vaut la peine. Arrête de te lamenter, sors-toi de cet amorphisme et bon sang, montre-lui que tu l'aimes.
  - Et c'est le célibataire vétéran qui me dit ça.
  - Je cache bien mon jeu. Prends au moins en considération ce que je viens de te dire. Allez au boulot. »

Seiji et Sawada n'avaient fait que s'éviter toute la journée, pas un mot n'avait été échangé et le jeu de regard qui persistait entre eux s'était estompé. On aurait pu croire à deux inconnus que tout opposait. Le trentenaire cogitait, incapable de mettre le doigt sur ce que son esprit avait pu le pousser à faire. Le chasseur ruminait, il en voulait plus, mais se refusait à ce plaisir égoïste. Ni l'un ni l'autre ne savait vraiment d'ailleurs qui avait embrassé qui. Ce n'était que justifications floues et abstraites qui en revenaient toujours au même point : les deux étaient coupables. Mais un tel crime à deux, ils ne s'en seraient jamais lassés et auraient volontiers succombé à son vice jusqu'à la fin des temps.

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  « Alors, t'en es où avec ton directeur commercial ?
 -
Riko, s'il te plaît...
  - Non, non, non, interdiction de te défiler, je veux être au courant de tout ! Alors, vous en êtes où ?
  - Tu m'as appelé juste pour savoir ça ?
  - Bien sûr que non, Seiji. Mais ça fait partie des sujets qui m'intéressent.
  -
Ma vie sentimentale n'a rien de palpitant, vraiment pas, pas même de quoi écrire un bouquin.
  - Je suis sûre que c'est faux ! D'ailleurs tu as l'air moins fatigué, le son de ta voix est moins épuisé je trouve. J'imagine que plein de choses se sont passées depuis la dernière fois que je t'ai vu.
  - C'est le moins qu'on puisse dire. J'ai un job, ma sœur est revenue, et...
  - Et ?
  - Je ne peux pas le dire comme ça...
  - J'arrive.
  -
Quoi ? Comment ça tu arrives ? »
Elle avait raccroché, laissant un Seiji consterné affalé dans son canapé, les cheveux en bataille et la cravate à moitié dénouée. Il n'eut même pas assez de temps pour faire trois pas dans la pièce qu'elle martelait déjà sa porte en pestant de la laisser entrer. Les paris lancés, les jeux étaient ouverts, quelle tête pouvait bien afficher Riko de l'autre côté du palier ? Le jeune homme avait misé sur une demi teinte entre la joie et l'agacement.

AgapéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant