Trois mètres au-dessus du Ciel

Lettre 02 : "Je suis trop réelle pour sortir de tes rêves "

Cher Antoine,

J'ai pris l'avion. Je ne me souviens presque pas du vol, j'ai pris tellement d'anxiolytique avant de monter dedans que je me suis endormi presque à la minute où j'ai posé mes fesses sur le siège. Ne te moque pas, tu sais que je déteste les avions et j'en ai rien à faire que ce soit soi-disant le moyen de transport le plus sûr qui existe.

Revenir en Europe et particulièrement en Espagne est plus facile que ce que j'avais appréhendé. L'espagnole me revient rapidement, mais l'agitation de la capitale est difficile. Je ne pense pas pouvoir m'y faire à nouveau. Je suis devenue une fille de la campagne. Oui pour moi aussi, c'est une surprise. J'apprécie le calme, la proximité avec mes voisins. J'aime la Thaïlande, la chaleur du soleil, la mer à proximité.

Je voulais aller te voir dès que j'ai posé les pieds sur le sol. Ensuite, j'ai réalisé que j'avais passé 15 heures dans un avion et que c'était peut-être une meilleure idée de prendre un douche et de trouver un truc décent à manger. J'ai fini « Chez Ludo », oui le restaurant existe toujours, c'est toujours la même décoration et surtout la même carte. J'ai commandé la paella, comme avant et finalement, il ne manquait que toi.

Lucca m'a immédiatement reconnu, elle m'a demandé des nouvelles de toi. Je me suis contentée de lui dire qu'on devait se voir dans les prochains jours. J'étais heureuse qu'elle n'insiste pas. Comment est-ce que j'aurais pu lui dire que j'étais là pour signer les papiers du divorce ? Alors que même moi, j'ai du mal à y croire. Tu me manques Antoine. Tellement que s'en est presque stupide. Tes blagues vaseuses me manquent, la manière, tout sauf masculine que tu as de crier à la moindre petite araignée. Ta détermination me manque, la manière que tu as de toujours travailler dur pour obtenir ce que tu veux.

J'ai merdé hein ? Ce qui me rassure, c'est que j'en souffre probablement plus que toi. Après tout, tu es celui qui est parvenu à refaire sa vie.

Moi, je n'aimerais jamais quelqu'un comme je t'aime. Je mène ma barque comme je peux, mais je suis incapable de passer à autre chose, même s'il n'y a plus d'espoir.

Donc tu ne peux pas m'en vouloir. Tu ne peux pas être en colère contre moi parce que j'ai débarqué en plein milieu de ton entraînement, comme si de rien n'était. Oui j'étais beaucoup trop habillée pour l'occasion et oui, j'étais bien trop maquillée. Est-ce que vraiment, tu peux me rapprocher de vouloir être à mon avantage ?

Je sais que tes coéquipiers ont apprécié le geste. J'entends encore leur sifflement lorsqu'ils m'ont remarqué assise dans les gradins. Koke a trottiné vers moi et m'a demandé comment j'avais fait pour m'échapper de ses rêves. Je lui ai répondu un truc tout pourris du genre « je suis trop réelle pour sortir de tes rêves ». C'est seulement à ce moment-là que tu as remarqué ma présence. Les gars se sont mis à rire et tu as jeté un regard vers moi et pour la première fois en cinq ans, j'ai eu la sensation d'être en vie.

C'est difficile à décrire, mais c'était un peu comme sortir d'un long sommeil. Tu sais quand tous tes muscles sont durs au premier abord, mais même si c'est douloureux, tu les bouges parce que tu sais qu'après ça ira mieux.

Te revoir a été extrêmement douloureux, et tellement bon en même temps, je ne pense pas que tu puisses réaliser à quel point.

Tu as quitté le terrain tellement vite que j'ai eu du mal à te suivre armais de mes talons de dix centimètres. Spoiler alerte les Jimmy Choo ne sont pas faites pour courir. Elles sont graves, belles et me font un cul d'enfer, mais courir ? Nope.

J'ai trottiné derrière toi en te demandant de t'arrêter, de toute évidence, tu n'avais pas envie parce que tu as claqué la porte des vestiaires tellement fort derrière toi que pendant un instant, j'ai cru qu'elle était sortie de ses gonds.

Avec tout mon amour

Shay