Chapitre 33- Escalvage

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Du sang...encore et toujours du sang....Pourquoi la violence est-elle notre premier reflexe? Est-ce la nature humaine ou seulement le résultat de notre éducation?

J'entre dans la chambre de Tobias. Assis sur son lit, il reste silencieux. Mais malheureusement, moi je suis de très mauvaise humeur.

-Si Son Altesse attend que je m'excuse....

Je n'ai pas fini ma phrase que je reçois une gifle monumentale. Je m'écroule sous la douleur et la surprise. J'écarquille les yeux. Il n'a pas osé? Si?

- Tu n'es qu'une esclave. Contente toi d'obéir à mes ordres.

- Je...

- Lève toi!

Il m'attrape le bras et me force à me lever sans ménagement.

- Je t'avais demandé une chose! Une putain de chose et tu n'as pas été foutue de la faire correctement. c'était pourtant pas compliqué! T'avais juste à aller chercher une épée!

- C'est faux, j'ai l'épée!

-Ha oui? Et elle est où?

-Je...Heu...Je l'avais sur la place mais quand tout a dérapé...

-Quand tu as tout fait déraper, tu veux dire?

-J'ai rien fait c'est lui....

-Lui, est un citoyen model et fidèle à la couronne. Toi tu n'est strictement rien. Juste une gamine qui ne sait pas rester à sa place et la fermer.

-Il insultait mon prince!

-Mais qu'est-ce qu'on s'en fou de ton prince! Il est mort!

A bout de nerf après cette longue et éprouvante journée, je me jette sur lui. Mais épuisée, soufrant de malnutrition et sans plus aucune masse musculaire, Tobias n'a aucune difficulté à m'immobiliser. Il me bascule sur le lit et bloque mes mouvements de sorte que je ne puisse pas lui faire mal. Je me débats, encore et encore. Je cris aussi. Je laisse, enfin, après deux longs mois de torture, sortir toute ma colère, ma rage. Je l'insulte, lui, les Dieux, ces putains de Dieux qui se servent de nous comme des pions dans leur guerre sans fin.

A bout de force, je fini par m'arrêter. Tobias me relâche alors. Son visage ne laisse transparaitre aucune émotion. Je me redresse. Il tend une main vers moi. J'ai un mouvement de recul mais il vient juste essuyer une larme qui roulait sur ma joue.

- Suis moi.

Je m'exécute, trop fatiguée pour lui tenir tête. Il ouvre une petite porte. Derrière elle se trouve une chambre. Enfin c'est une hyperbole. Une pièce de 4 m2, sans aucune fenêtre, avec matelas fait de paille posé à même le sol et un pot pour mes besoins.

-Voilà ta chambre. Cette porte, dit-il en désignant un encadrement dans l'ombre de la pièce, mène vers le couloir. Tous les matins, tu as rendez vous à 4H pile à la blanchisserie pour t'occuper du linge avec toutes les autres esclaves. Je te veux à mon chevet à 6h. Tache d'être à l'heure.

Il fait demi tour, mais s'arrête pour fouiller dans une poche de son jean. Il se saisi de quelque chose qu'il me lance. Un bracelet. Noir, il est écrit en doré dessus "Tobias D'Ombria". Je le mets. Tobias sort et ferme la porte. L'obscurité m'enveloppe alors. Je m'allonge donc sur mon matelas de fortune et essaye de m'endormir.

Je me réveille en sursaut, trempée de sueur. Comme toutes les nuits, je revois l'attaque de mon village, la mort de ma soeur et tous les visages des personnes que j'ai tuées jusqu'à présent. Je passe une main tremblante sur mon visage. Quelle heure est-il? Impossible de savoir. Je décide de me lever et sors dans le couloir. Il fait encore nuit. Je pourrais me recoucher mais je me sens oppressée dans cette petite pièce. De plus ça fait des mois que je suis enfermée. L'espace me manque, la nature aussi... Je marche donc dans ce dédale de couloir jusqu'à une sortie non surveillée. On sortait toujours par là avec Tobias quand on était petits. On était tombés dessus en explorant le châteaux. Un passage caché derrière une tapisserie menant tout droit dehors. Mais une idée me viens. Je quitte mes vêtements. Je tremble d'excitation. Combien de fois ai-je rêvée de faire ça? Je me concentre. J'ai vu tellement de fois Silver le faire. Une lumière dorée illumine un instant le couloir. Yes! I did it! Je me propulse vers la sortie impatiente de pouvoir courir dans les bois. Une fois à l'extérieur, je bondis sur un muret avant de me hisser sur les toits. Je relève la tête et pousse un hurlement de victoire. Je regarde la pleine lune. Un peu cliché non? Alors sous la forme d'un loup, je traverse la ville endormie.

Le feu sacré des Dieux-Tome 1- PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant