Je n'ai pas dormi. Pour plusieurs raisons que je ne saurai énumérer. Mes pensées n'ont cessées de se bousculer dans ma tête depuis que Seif m'a délaissée. Je n'arrive pas à savoir si je suis en colère ou pas. Comme je ne sais déterminer si ce feu était bien éteint avant que nous n'arrivions. Il y a un monde entre ce que j'espère et ce qui est le plus probable. Depuis plusieurs heures, je tente de comprendre ce qui s'est passé. Je me refais la scène en boucle. Et mes mains sont restées inertes, incapable de produire ne serait-ce que de la chaleur. Les yeux perdus dans les flammes, j'attends que le temps passe dans un état de semi conscience. Rubis, couchée contre ma cuisse, veille sur moi, de son regard écarlate. Elle ne m'a pas quittée une seule seconde depuis des heures, sensible aux troubles qui m'assaillent. Zelef dort un peu plus loin, couché au pied du brasier, se délectant de sa chaleur. Je tends la main vers les flammes et la recule en étouffant un gémissement de douleur. Rubis relève la tête, ses yeux traduisent son inquiétude. Ma gorge se serre tandis que je me roule en boule contre son flanc. Ma tête repose sur son ventre et mes genoux sont collés au marbre de la cheminée. J'écoute sa respiration tranquille et passe mes doigts dans son pelage si doux. Mais je ne dors pas, toujours pas. Le temps reste suspendu entre les doigts de Chronos alors que les grains du sablier tombent. Rien ne va. Rien n'est logique. Je ne me reconnais plus et j'ignore si cela est bien ou mal. Il est parfois bien trop inutile de réfléchir, bien trop épuisant. Mais je n'ai pas sommeil et cela m'inquiète car cela veut dire que mon instinct a repris l'ascendant sur mon humanité. Je suis sur le qui-vive et j'ignore pourquoi. J'attends quelque chose qui ne vient pas, prête à encaisser les coups au péril de ma conscience. Je ne sais si je suis capable de clémence contre celui qui me veut du mal. J'ai peur de retomber dans mes travers, en décevant plus d'un. Tout comme j'ai peur d'aller confier mes inquiétudes aux roi endormi.
Je garde la porte en silence, répétant l'histoire. Les images du soir de la mort de ma sœur commencent à disparaitre de ma mémoire, comme effacées par le temps. Même la douleur semble s'évaporer. Je me souviens des évènements mais je ne revois plus le film, ni ne ressens les émotions. Parfois, on s'accroche tellement à nos souvenir, aussi douloureux soient-ils, que les voir s'éloigner est encore plus insupportable... c'est comme un sentiment de trahison. Une culpabilité si violente qu'elle rouvre les vielles blessures. Je ne me souviens plus de son rire, ni même de son visage. C'est comme si dans chacun de mes souvenirs, ses traits étaient floutés et que ses mots étaient prononcés non pas par elle mais par ma propre voix.
Et le pire dans tout cela, c'est que ça commence à faire de même pour Silver. Je l'oublie, petit à petit.
N'est-ce pas la plus horrible des trahisons, je vous le demande ?
Je me lève, vacillante. Je me rattrape au canapé pour reprendre mes esprit. Ma tête tourne, ma vue s'est troublée jusqu'à se noircir et mes jambes manquent de flancher. Je passe une main tremblante sur mon visage. Rubis ne bouge pas, les yeux mi-clos, elle me laisse l'espace dont j'ai besoin. Je m'avance vers la porte, incapable de rester là sans rien faire. Mon instinct me hurle que quelque chose ne va pas et encore une fois, je suis incapable de patienter. Pour le meilleur et pour le pire...
Le château est vide, la fête est finie et tout le monde dors. Mes pieds nus, me mènent jusqu'aux lourdes portes du palais. En haut des marches qui surplombent la ville, je vacille à nouveau. Les rues sont désertes et la mer calme dépeignent une atmosphère plus électrique qu'apaisante. Le silence pèse sur mon cœur. Mes muscles bandés en témoignent. Le peau nue de mes pieds se délecte de la rudesse des marches. Le soleil réchauffe les pierres tout comme ma peau. J'ai l'impression d'être la seule âme vivante dans cette ville. Je marche vers le soleil, rien de plus simple. Je marche juste.
Mais je me rends compte bien trop tard de l'endroit vers lequel l'astre me mène. Je ne remarque que trop tard la quantité énorme de sang qui se déverse tout autour de moi. Jusqu'à ce que je bute contre le corps et que le mien soit trop choqué pour réagir. Mon hurlement brise l'intemporalité de l'instant. Les cloches sonnent, la mer va et vient, les mouettes piaillent... Le sang à mes pieds prend feu alors que je tombe à genoux près du corps inerte de Céleste. Son ventre déchiqueté laisse se déverser son contenu. Ses boyaux sont trop bien répartis autour de son enveloppe charnelle pour que ce soit un pur hasard. Je pose mes mains tremblantes sur son visage et soulève ses paupières closes, me devant de vérifier. Un nouveau hurlement se répercute contre les murs de Nyx lorsque je découvres ses orbites vides profanées. Je me recule précipitamment, incapable pour autant de détourner le regard. Je trébuche et tombe dans la mare de sang. Entourée par les flammes, je regarde le corps s'embraser et la fumée s'élever dans le ciel azuré.
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Le feu sacré des Dieux-Tome 1- Phoenix
Fantasi"J'ai survécu car le feu en moi brûle plus intensément que le feu autour de moi" Lors d'une nuit où le chaos règnera Un enfant naîtra Fille du feu, elle sera Désolation, destruction, elle verra Un pouvoir dévastateur, elle aura La fin de l'Olympe...