Chapitre 38- Révolte

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En sortant de l'amphithéâtre, seul le silence se fait entendre. Les regards ombriens tous posés sur moi, je traverse la foule. Je m'enfonce dans la foret qui borde la ville, là, je laisse libre cours à ma rage. Je hurle, je tape, je pulvérise avec des impulsions magiques. Puis je me calme et me transforme en loup. J'attrape une biche que j'achève. Une fois mon estomac remplis pour la première fois depuis des semaines. Je me retransforme en humaine et matérialise une épée. Et s'est ainsi, nue en pleine foret, que je commence un long entrainement.

Je m'entraine ainsi toutes les nuits en plus du reste de mon emploi du temps. Je ne dors plus. Ma haine m'empêche de ressentir la fatigue. J'use de ma magie afin de faire disparaître mes cernes de plus en plus visibles de jour en jours. Mon corps regrossit, se remuscle petit à petit. Fara m'aide discrètement en me faisant parvenir des compléments alimentaire, des gélules pour favoriser la prise de muscle. Mon corps reprend peu à peu forme. Je passe mes nuits à m'entrainer ou à saboter l'armement Ombrien: le fais sauter des usines, tue des généraux, fait disparaître de l'armement...

Pour toujours et à jamais...

J'ai, grâce là aussi à Fara, récupéré, un corset et un short noir, une paire de cuissardes assorties et une cape munie d'une capuche afin de cacher mon visage. Celui-ci est maquillé au possible durant mes "missions" afin qu'on ne me reconnaissent pas. Enfin, je suppose que les autorités Ombriennes ont compris que c'était moi mais faute de preuves et de témoins ils ne peuvent pas m'incriminer. Enfaite si ils le pourraient, le roi a tout pouvoir. Seulement, ils se font détruire de l'intérieur par une pauvre esclave...cela ternirait leur réputation. Alors j'agis dans l'ombre chaque nuit sans crainte d'une sanction. Je tue. Encore et encore.

Seuls Fara et Jordan sont au courant. Il reste une semaine avant la fête à laquelle Anya doit participer. Je suis aux écuries et m'occupe de Calypso. Son poil soyeux brille sous les rayon du soleil. Il fait extrêmement chaud aujourd'hui. Soudain un cris se fait entendre. Je me tourne vers la ville. Des pigeons s'envolent. Un autre hurlement retentit. J'accours en direction de celui-ci.

J'arrive sur la grande place. Il y a un attroupement. Je me faufile entre les personnes. Au centre de la place se tiens Tobias. A ses pied est recroquevillé un corps tremblant. Anya...

Je me précipite vers elle tandis qu'il lui assène un énième coup mais celui-ci me percute et je m'écroule sous sa force.

-Azania...murmure Anya

Je me relève et m'interpose une nouvelle fois.

-Dégage!

-Non.

Il me fusille du regard. Nous nous sommes rarement adressés la parole depuis mon arrivée mais je sais qu'il commence à avoir de l'estime pour moi. Je remarque les coups d'il qu'il me lance discrètement lors des exécutions publiques ou lorsque je nettoie sa chambre.

Mais aujourd'hui il semble hors de lui. Il lève son poing et je n'ai pas le temps de l'éviter. Il me touche au visage. Je tombe à coté d'Anya qui pousse un cris strident. Je reste quelques secondes à terre, sonnée. Le lève une main à mon visage et la retire tachée de sang. Ma lèvre est éclatée ainsi que mon arcade sourcilière. Mais la vue d'Anya me ramène à la réalité. Elle saigne abondement au bras droit. Son muscle est sectionné si bien qu'on aperçoit son os. Je me relève et m'approche d'elle en vacillant. Je m'agenouille, ignorant Tobias.

-Azania...

J'arrache une bande tissu à ma robe et lui fait un garrot avec. Elle perd beaucoup trop de sang. Il faut recoudre au plus vite. Je scrute la place du regard. Une vielle couturière se tiens à l'autre bout assise dans son stand. Je pose mon front contre le sien.

-Je reviens.

Elle hoche la tête mais je vois bien qu'elle lutte pour ne pas s'évanouir tant la douleur est forte. Je me lève et parcours la distance qui me sépare de la femme la tête haute.

-Vous auriez une aiguille?

Elle ne me répond pas , le regard fixé sur un point derrière moi. La peur du châtiment royal?

Je me serre dans l'établit et me dirige vers un forgeron qui exerce dans la rue. Je plonge l'aiguille et ma main dans le feu afin d'éliminer les bactéries qu'il pourrait y avoir dessus. Le bout de métal rougit aussitôt. Je le retire des flammes. Des murmures se font entendre à la vue de ma main intacte. Je soutiens tous les regards sans faillir.

Terry est maintenant aux cotés de sa sur et fusille Tobias du regard. Je m'approche d'eux et en tournant le dos à Tobias, je tends une main vers Anya.

-Tu vas avoir mal...

-Vas y...Fais le...

Je jette un coup d'il à Terry. Son regard intense me scrute. Un frisson me parcours l'échine. Il hoche la tête. Je prends une grande inspiration et commence à coudre. Anya hurle et se débat sous la douleur. Terry la maintient comme il peut. Je vois bien qu'il lutte. Que cette scène le rend malade. Mais il reste. Pour sa sur. Celle-ci fini par s'évanouir dans les bras de son frère paniqué. Je termine le plus rapidement et le plus proprement possible.

Derrière moi se trouvent sa mère et son père. Les sanglots de Marie me brisent le cur mais je me force à poursuivre. Une fois que j'ai terminée, j'arrache un autre morceau à ma robe et le trempe dans l'eau de la fontaine. J'éponge le front d'Anya trempé de sueur. Puis passe le relais à Terry. Je me relève et parcours une nouvelle fois la place du regard. Je trouve ce que je cherche au pied d'un mur. Des herbes médicinales. J'en fait un cataplasme et arrache une nouvelle bande à ma robe. Celle-ci ne couvre plus grand chose de mon corps à présent. Terry lève les yeux sur moi. Son regard bleu me coupe le souffle. Il le descend sur mes jambes nues. Ses yeux s'assombrissent. Mes reins s'enflamment et j'ai honte de ressentir cela ici, devant des centaines de personnes avec le corps inerte d'Anya à mes pieds. Mais le désir n'est pas ce qui défini l'Homme? Qui le pousse à se surpasser, à réaliser l'impossible? Je ne devrais pas me sentir gênée.

Je désir cet homme, cet homme aussi beau qu'insupportable. Je le sais maintenant.

Je fais un bandage à Anya. Mes mains tremblent. Terry pose les siennes dessus.

-Laisse moi faire.

J'acquiesce et m'éloigne le plus vite possible de lui, mes hormones en ébullition. Il faut pourtant que je ne laisse rien paraître. Il ne doit surtout pas s'en rendre compte. Je rends l'aiguille à la dame tandis que Terry soulève Anya dans ses bras. Mais alors que je m'apprête à le suivre, une ombrienne m'interpelle.

-Jeune fille?

Je me retourne vers elle. Elle me sourie et me tends un gant mouillé et des glaçons.

-Prenez ça. Pour votre il.

-Je ...merci beaucoup...

-Ce n'est rien.

Je ne réponds rien, trop émue. Je rejoins Terry, le gant appliqué sur mon il mais sur mon chemin des dizaines de personnes viennent me féliciter, me remercier. Dans leurs yeux brille un mélange de fierté, d'admiration, de respect et de bienveillance.

Lorsque je me poste à ses cotés Terry m'adresse un signe de tête.

-Leur vision des solariens vient de changer. A toi de ne pas les décevoir maintenant qu'ils croient en toi.

-Je ne les décevrais pas.

Il ne réponds rien. Mais en marchant vers la maison Fleming, mon regard tombe sur un calendrier.

16 avril

Aujourd'hui j'ai 19 ans et dans deux jours ça fera un an que Sylver est mort. Que va-t-il se passer? Qu'est-ce qu'Ares a bien pu préparer pour célébrer la mort de son ennemi?

Le feu sacré des Dieux-Tome 1- PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant