Chapitre 84 - A Feu et a Sang (2)

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Je me réveille aux cotés de Seif. Son bras passé autour de ma taille me met mal à l'aise. Et même si sa présence m'apaise et que je l'apprécie, je n'ai pas l'habitude du contact charnel. Sa respiration régulière me chatouille le cou. Embarrassée, je lorgne sur la porte entre ouverte. A cet instant, je ne suis pas capable de profiter de sa chaleur corporelle. Je me redresse, doucement, et scrute son visage endormit. Ses traits détendus, lui confèrent un air juvénile si opposé à sa rage qu'il a habité ce matin. Je pose une main dans ses boucles noires que je caresse nonchalamment. Mon cœur se serre, plus le temps passe plus je me questionne sur la précocité de notre enrôlement dans cette guerre. Je ne suis pas sure que nous soyons assez stables émotionnellement pour mener à bien cette boucherie. Quand je vois le nombre de fois où nos émotions nous ont ait choisir les mauvais chemins, moi la première. Les adultes se sont dédouané de toute responsabilité en laissant place à la nouvelle génération, des enfants formés au combat, certes, mais aucunement à la dure réalité de la guerre. Nous ne savions pas où nous mettions les pieds et encore aujourd'hui nous l'ignorons.

Le soleil illumine toujours les rues immaculées de Nyx. La blancheur de la capitale, m'horripile : la vérité, est qu'elle est tachée à jamais du sang d'une enfant, d'une innocente.

Je me dégage doucement de l'étreinte du roi, faisant attention à ne pas le réveiller. Il se retourne en grognant, les paupières toujours closes. Un dernier regard et je passe la porte. Dans le séjour vide, me m'arrête un instant, le cœur au bord des lèvres. Ma tête tourne et mes mains tremblent. Je serre les poings, enfonçant mes ongles dans mes paumes, les lacérant par la même occasion. J'étouffe un gémissement de douleur et ravale mes larmes. Mes jambes se dérobent et je m'écroule contre le canapé. A présent, mon corps entier tremble. Ma tête repose sur l'accoudoir en cuir miraculeusement frais. Je prends le temps qu'il me faut. Je ne me précipite pas, reconnaissant ma faiblesse. J'inspire et expire doucement. Je tache de me concentrer sur des images douces et joyeuses. Puis je me relève, calmée. Je me regarde dans le miroir mural. Si mes cernes trahissent mon maque de sommeil, ma crise d'angoisse, elle, passe inaperçue. Je me dirige vers ma chambre et ouvre la porte sans cérémonial. Riven dors à poings fermées, Aurora assoupie à ses côtés. A mon entrée, Rubis relève la tête et m'épie de ses yeux rouges. Je lui sourie et elle se lève pour venir à ma rencontre. Je m'accroupis à sa hauteur et pose mon front contre le sien. Je serre son pelage entre mes doigts. Mes yeux se ferment pour apprécier ce contact entre elle et moi. Zelef saute à son tour du lit. Je regarde le lion s'étirer avec paresse.

-Tu veillerais sur elle ?

Il me regarde de ses yeux aux pupilles allongées. Le dorés de ses iris félines me ramènent celles de Silver. Je comprends sans difficulté sa réponse et lui souris en guise de remerciement. Je me relève pour me placer aux pieds du lit. Je regarde l'enfant, heureuse d'enfin voir son visage enfantin détendu.

-Cette enfant en a déjà trop vu...

Un main se pose dans mon dos et je sursaute surprise. Seif s'arrête à mes côtés, liant ses doigts aux miens. Il garde le silence, submergé par les mêmes émotions qui m'habitent. Je serre sa main. Et je le vois hocher la tête. Il me tire à sa suite, nous éloignant de l'objet de tous nos états d'âme. Il s'adosse à la cheminée du salon, plongeant son regard ombragé dans le mien.

-J'ai besoin de voir la scène, de me rendre compte de la situation. J'ai besoin de voir son corps.

Je me laisse tomber sur le canapé, la gorge serrée par l'émotion. La panique s'empare de mon moi. J'essaye de me contrôler, de reprendre l'ascendant sur mon enveloppe charnelle. Mais Seif continu de me fixer, décidé.

-Je peux t'y emmener mais son corps...

J'hésite. Ma voix s'évanouie dans un murmure teinté d'angoisse, l'alertant par la même occasion. Je vois parfaitement son corps tout entier se tendre. Ses muscles bandés par l'anticipation, lui donnent un air menaçant que je n'aime pas.

Le feu sacré des Dieux-Tome 1- PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant