Chapitre 65- Le Masque Tombe

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Le sang gicle et se répand sur ma robe immaculée, m'aveuglant durant un bref instant. Ses iris se voilent, la vie le quitte. Il s'écroule à mes pieds.

Rien.

Pas de honte, de dégout ni même de remords.

Le sang chaud dégouline de mes joues jusqu'entre mes seins moulés par cette robe couleur paix. Ma prise se resserre sur le manche de ma dague et mon regard converge vers le roi ennemi.

Je ne perds pas une minute de plus. Ses hommes m'encerclent et c'est instinctivement que je transperce leur cœur, répandant un peu plus la mort autour de moi.

Je sens Primo me venir en aide. Aussi, je me précipite vers le couloir d'où affluent des dizaines d'hommes chaque seconde. Primo saura quoi faire. Et je sais qu'il recevra l'aide nécessaire.

Mes talons s'enfoncent dans la moquette noire comme ma lame dans l'abdomen mollasson des ombriens. J'avance, tue sans réellement m'en rendre compte. C'est comme si le mode automatique s'était enclenché. Me protégeant de l'extérieur tandis que mes pensées implosent et m'entrainent vers un monde sombre et douloureux que je ne connais que trop bien.

Les images transmissent par Rubis tournent en boucle, lacérant mon cœur, mon âme, impitoyables. Il n'y a plus rien d'autre qui compte à part le corps profané de mon père.

Père qui m'a tout donné. Père qui m'a tout appris. Père pour qui je me suis battue tant de fois, allant jusqu'à tuer pour lui. Père qui m'a suppliée maintes fois de rendre les armes pour vivre la vie qu'il avait rêvée pour moi. Père qui comprend mieux qui quiconque cette douleur qui me déchire de l'intérieur depuis des années. Cette culpabilité empoisonnée de notre destin commun : faire la guerre pour donner la paix. Tuer pour obtenir ce salut tant convoité.

Ma lame tranche avec précision. Fluide, vive, puissante.

Ange de la mort.

Feu brulant de vengeance. Feu destructeur et malfaisant.

Je sens les caméras en communication avec la salle de bal autour de moi. Je sais que le pays entier si ce n'est le contient, est témoin de ma folie meurtrière.

Pourtant cela ne me fait ni chaud ni froid. Anesthésiée par la haine.

Je franchis les portes lourdes des cachots, tuant les deux gardes d'un geste si familier de la main. A l'intérieur, seul le chaos m'attend. Et je l'accueil à bras ouverts.

Des dizaines de cœurs battant à tout rompre et autant à arrêter.

Le hurlement du Rubis m'électrocute et je bondis en avant. Elle se rue sur les soldats, ses canines blanches transperce les jugulaires sans laisser aucune chance aux hommes d'Arès. Zelef, toutes griffes dehors retrouve lui aussi son instinct de chasseur. Et malgré son jeune âge, il fait couler le sang sans demander son reste.

Nous avançons et je sais que j'ai atteint le point de non-retour lorsque je déploie ma magie. Les hommes hurlent de douleur tandis que mes flammes les consument vivants.

Moi qui ai toujours mis un point d'honneur à tuer sans faire souffrir....

Leurs visages sont déformés par l'horreur de la situation. Je vois les lambeaux de peaux se détacher de leur corps enflammés. Ils courent dans tous les sens, tombent à genoux, le corps secoué de spasmes, ils hurlent, me supplient de les épargner, de stopper cette folie, ce carnage que j'ai cherché plus que tout à éviter. Leurs larmes s'évaporent sous la chaleur ardente qui règne entre les murs en bétons, laissant des trainées de sel sur leurs joues noircies par les flammes.

Ils implorent ma pitié...et je la leur refuse.

Ainsi, je les regarde mourir lentement dans une souffrance que personne ne mérite. L'odeur de chair brulée me chatouille les narines. Elle ne me dérange pas, élément s'ajoutant à l'irréalité de la situation.

Le feu sacré des Dieux-Tome 1- PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant