Les Immortels - TOME 1

Chapitre 2 - L'opportuniste

Alanah se cacha dans sa chambre le reste de la journée, livre en main. Les lignes défilaient lentement sous ses yeux, et lui permirent de faire abstractions des perturbations alentours. Elle entendit les rires des nouveaux arrivants lorsque sa mère leur fit faire une visite guidée des lieux. Elle se crut tranquille jusqu'au moment où ils passèrent devant la porte de son antre restée ouverte. Elle n'aurait jamais cru regretter un tel choix, lorsque ceux-ci stationnèrent devant la porte.

—Salut ! l'interpella le fils de la famille en vacances.

Leurs regards se croisèrent presque immédiatement. Habillé d'un jean déchiré et d'un vieux T-shirt, Alanah se contenta de lui faire un sourire forcé avant de se replonger dans ses activités sans prêter plus d'attention. Avec un peu de chance, il partirait vite fait sans l'embêter ! Les rêves malheureusement, avaient tendances à ne rester que des rêves.

—Tu fais quoi ? Ajouta-t-il peu de temps après.

Comment lui expliquer l'évidence sans paraître malpoli ?

—Ça ne se voit pas ? rétorqua-t-elle.

—Si, tu tiens un livre. Mais ça ne veut pas dire que tu lis. J'en connais qui font semblant et ils ne sont pas vraiment doués pour mentir. Et généralement ces personnes veulent seulement se donner un air intelligent...

—Stop ! S'écria-t-elle à demi.

Le jeune s'arrêta net, interloqué.

—Fais-je partie des gens doués pour les mensonges ? Où suis-je de ceux qui veulent se donner un air intelligent ?

—Je n'en sais rien. Je ne te connais pas encore suffisamment.

Mauvaise réponse, qui l'exaspéra d'autant plus et la blessa en partie. Un argument qui l'incita d'autant plus à s'éloigner.

Elle crut la discussion finie, or celui-ci se permit d'entrer dans la pièce, mains dans les poches, sans lui demander d'autorisation. Une impolitesse qui vexait profondément la jeune femme. La journée commençait de toutes évidences très mal.

—Bah vas-y, fais comme chez toi ! ironisa Alanah agacée. Ce n'est pas comme si on se connaissait depuis des années.

—Merci, dit-il avec un vague sourire.

Et il ne comprenait pas l'ironie.

Le blond détailla la collection de livres dans sa bibliothèque, son bureau et son lit. Il fit volte-face et se trouva devant une grosse armoire plus haute que lui, qui occupait tout le côté droit de la porte. Il n'y avait pas énormément de place dans sa chambre. Alanah s'en contentait. Elle pouvait aisément faire un tour à trois cent soixante degrés sur elle-même sans buter contre un obstacle en particulier.

-Tu lis quoi ? Parut-il s'intéresser.

Alanah ne lui répondit pas, et priait pour qu'il ait décampé au plus vite, dans le cas où elle jouerait les ignorantes. Pendant quelques secondes, ils se défièrent du regard en silence, puis il détourna le regard ver elle et le livre qu'elle tenait entre ses mains. Il chercha dans la bibliothèque ce qui ressemblait à la couverture, puis décida d'en prendre un. Cette fois, elle en eut plus qu'assez.

—Repose ça ! ordonna Alanah offensée.

C'était plus fort qu'elle. Lorsqu'on prenait l'un des livres de son père sans le lui dire, elle devenait incontrôlable. Son père était tout pour elle à l'époque et ses livres étaient la dernière chose qui lui restait. Elle considérait ses œuvres comme ses trésors. Hors de question qu'un inconnu s'amuse à les lui prendre dans le simple but de fouiner dans sa vie. Son frère n'avait déjà pas le droit d'y toucher, alors lui ne le pourrait en aucun cas.