Chapitre 23 - Sur un malentendu...

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On frappa timidement à la porte. Alanah alla ouvrir sans attendre et découvrit un Brandon tremper jusqu'aux os.

—Comment tu as fait ?

—Il y a une sortie à l'arrière et un escalier qui mène directement ici. Il est au fond du couloir. Tu n'as pas eu de mal ?

—Non. Tout s'est bien passé. Sauf qu'un type à essayer de me faire peur.

—Et je vois que tu lui as tenu tête. Je vais réussir à te transformer en homme si ça continue.

Une bien mauvaise blague.

Faisant les cents pas dans la chambre, Brandon se gratta l'arrière de la tête. Le voir tourner en rond lui filait la nausée.

—Calme-toi ! fit-elle gentiment. Et dis-moi ce qui te tracasses !

—ça va, c'est juste que nous ne sommes pas entourés d'amis. Nous ne dormirons pas tranquille.

Elle ouvrit leurs sacs, à la recherche de quelque chose qu'elle pourrait se mettre sous la dent. Ce qu'elle dénicha la déprima. A force de manger des fruits, elle se persuada qu'elle se transformerait en lapin d'ici peu. Les vêtements trempés dégoulinaient encore sur le sol. Elle prit donc l'initiative de mettre ceux qui se trouvaient dans le sac à sécher à proximité de la cheminée. Quant à ceux qu'elle portait, ils sécheraient tous seuls, à moins qu'elle ne se décide à rester nue devant son ami.

—Il faut que je m'occupe de ton bras, dit-il soudain.

Il s'approcha et releva sa manche droite. L'attelle de son poignet n'avait pas bougé. Le bandage imbibé de sang séché lui arracha un petit cri et fit perler quelques gouttes lorsqu'il l'enleva. Ce n'était vraiment pas beau à voir. Brandon remit un peu de cet onguent, sans parler.

—Alors ? Demanda-t-elle inquiète.

—Quoi ?

—C'est infecté à ton avis ? s'inquiéta la jeune femme.

Pour elle, ça l'était.

Brandon nia l'évidence. Exceptionnellement, il ne remit pas de bandages par-dessus et déclara vouloir faire sécher la plaie à l'air libre. Les courants d'air s'insinuant par les interstices de la porte la firent tressaillir à chaque fois qu'ils survolaient son bras enflammé. Maintenant, ils devaient penser à se réchauffer.

—Enlève tes vêtements ! reprit Brandon sur un ton assez troublant.

Alanah s'empourpra. Ses propos mal placés ou mal compris la tourmentèrent et l'atmosphère devint plus pesante. Voulait-il...

—Je te demande pardon ?

—Désolé si je me suis mal exprimé. Il faut juste que tu fasses sécher tes vêtements.

Il la fixa d'un air penaud. Ainsi, il ressemblait plus à un enfant qui venait de faire une bêtise qu'à un beau jeune homme. Galant comme pas deux, il sortit de la pièce et la laissa se déshabiller. Avec son bras, il ne fut pas facile pour elle d'enlever cette robe. Elle ne garda que ses sous-vêtements, et une fois terminé, attrapa la couverture couvrant le lit pour la passer sur elle. Loin d'être propre, cette couverture était la seule chose sèche qui trônait dans la pièce, les leurs étant mouillées.

—Tu peux entrer ! fit-elle dès qu'elle se sentit prête.

Avoir les épaules dénudées en compagnie de quelqu'un qui lui plaisait lui donnait de sales idées. Le jeune homme ne se cacha pas pour défaire sa chemise. Il resta torse nu devant elle, sans gêne. La situation devenait de plus en plus stressante.

—Si tu veux que je sorte... commença Alanah. N'hésite pas.

—C'est bon, je peux rester comme ça. Et je n'aurais pas l'air malin si je restais nu devant toi.

—Et je n'aurais pas l'air maligne si je me plantais dans le couloir dans cet accoutrement, ajouta-t-elle en rigolant.

L'atmosphère de plus en plus pesante commençait à la rendre dingue. Elle était mal à l'aise de le voir torse nu. Non pas qu'elle ne le trouvait pas beau à voir. Les muscles qu'il cachait sous sa chemise étaient pile ce à quoi elle s'attendait. Noueux, puissant... Elle se surprit à le déshabiller du regard à chaque fois qu'il lui tournait le dos. Problème, c'était la première fois qu'elle voyait un homme à demi déshabillé et qui plus est dans la même chambre qu'elle. Elle était complètement novice en la matière.

Assis l'un à côté de l'autre, ils observèrent le feu se consumer dans la cheminée et diffuser ses rayons de lumières à travers la pièce. La pluie battait le toit et seules quelques torches restèrent allumées à l'extérieur de la ville. Autrement toutes les maisons se retrouvèrent plongées dans le noir intégral.

—Tu devrais dormir. On va se relayer, lança-t-il lorsque la nuit fut très avancée.

—Tu ne te sens pas en sécurité ? devina la jeune femme anxieuse.

—Non, je ne le serai jamais. Et je m'interdis de dormir à tes côtés une fois de plus.

Le prenant comme un compliment de sa part, elle se posa tout de même une question.

—Pourquoi ?

—La nuit dernière, tu n'as pas arrêté de me donner des coups. J'en ai même pris dans la figure. Deux dans les côtes, et un autre... termina-t-il gêné...Bref.

—Oh ! Désolée.

—Dors. Tu prendras le relais plus tard ! insista-t-il.

Son souffle lui frappa la joue gauche, chaud et envoûtant. Elle se plut à s'imaginer avec lui un jour, sauf que Brandon ne vivait pas dans le même monde qu'elle. Elle ne devait pas y penser, ça ne se ferait jamais.

Pour une fois, Alanah obéit sans réfléchir et se coucha sur la paillasse aussi dure que le sol. Elle n'eut pas besoin de prendre beaucoup de temps pour trouver le sommeil et fermer les yeux. En fait, elle ne fit pas attention au moment où elle s'était véritablement endormie. Ce n'est qu'en se réveillant en sursaut de longues heures après qu'elle comprit ce qui se passait. Brandon remettait sa chemise lorsqu'il la vit haleter et chercher sa respiration.

—Tout va bien ?

Elle hocha la tête, cherchant encore à comprendre ce qu'elle venait de voir. Le voyant se rhabiller, elle vérifia s'il était possible d'en faire autant de son côté. Elle fut plus que ravie de voir que c'était le cas. Cette fois, le jeune homme se contenta de se retourner pour préserver son intimité.

—Je vais regarder, menaça-t-il en rigolant.

—Si tu fais ça, je vais chercher un Broyeur et le forcer à te dévorer tout cru ! s'exclama Alanah pas du tout amusée.

—Je plaisantais. Oh zut ! Je vais le faire en fait.

Alanah guetta ses moindres faits et geste et se rassura de ne le voir rien faire.

—Si tu le dis. J'ai fini, à ton tour de te reposer.

Brandon était parti pour s'allonger et Alanah commença à ranger les quelques affaires qui étaient sèches lorsque survint un bruit auquel elle ne s'attendit pas.

Dehors une masse de soldats fondaient sur l'auberge et semblait s'engouffrer à l'intérieur. Aussitôt après avoir tendu l'oreille, Brandon devina sans problème pour quelles raisons ils venaient ici.

—Ils nous ont trouvés ! C'est pas vrai ! jura Brandon dont la nervosité se transforma en colère.

Alanah rangea leurs affaires au plus vite et chargea le premier sac sur son dos. Elle aida Brandon à terminer le sien et d'une volée, la porte d'entrée de l'auberge claqua à l'étage en dessous. Les cris des soldats en chasse se répercutèrent dans tout le bâtiment. La jeune femme pensa prendre le deuxième escalier afin de s'enfuir, mais Brandon avisa une autre méthode lorsqu'il vit le premier d'entre eux débarquer dans le couloir.

Il ouvrit la fenêtre, située à trois mètres du sol. Malgré l'obscurité, il put distinguer un petit auvent sur lequel atterrir. Un plan fou, mais leur seule échappatoire.

Les Immortels - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant