Les Immortels - TOME 1

Chapitre 27 - Le roi et l'esclave

Les sabots des chevaux éclaboussaient les villageois plantés des deux côtés du chemin. Aucun ne râla ni ne protesta, tant la terreur qu'imposait la présence des soldats les paralysaient. Tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à Démolian faisait régner la crainte, la peur et tout un tas d'autres choses.

La rue serpentait tranquillement jusqu'à se transformer en une artère gigantesque où les badauds vendaient leurs produits. La route désormais pavée projeta ses échos dans toute la ville.

Si les pauvres habitations se situaient à l'entrée de la ville, les plus riches, elles, reposaient au pied du palais blanc. Un édifice sublime, plus grand que ce que Ryan avait déjà pu voir dans sa vie. Les reflets du soleil percutaient les fenêtres, les faisant briller de mille feux. Un escalier géant conduisait à l'entrée du bâtiment, haute d'au moins deux étages.

Ebahi devant tant de splendeur, Ryan ne put se retenir d'ouvrir et de fermer bêtement sa bouche tel un poisson dans l'eau. Ils laissèrent leurs montures et continuèrent à pieds, en silence.

Dans le couloir principal, des torches sur leurs supports en fer projetaient leurs lumières vacillantes. Un parfum fleuri flottait dans l'air, puis plus loin celui du pain.

Une armée de serviteurs s'affairaient sans se préoccuper de la horde couverte de boue salissant tout sur son passage. Un peu partout, des gardes patrouillaient, l'œil vif et l'arme à la main. Différentes nationalités de serviteurs travaillaient pour le roi dont certaines ne parlaient pas leur langue.

Le Général le tira subitement à droite, le sortant de sa rêverie. Ils étaient arrivés. Ils débouchèrent alors dans une immense salle où reposaient nombre de statues ainsi qu'un gigantesque fauteuil orné de dorure. Avec la lumière du soleil, le trône brillait comme l'astre du jour à son zénith. Au-dessus, une inscription dans une langue inconnue accueillait les visiteurs.

Ils étaient seuls. Le général Brog, un lieutenant et lui dans une pièce quasi vide et très silencieuse.

Si Ryan se tenait droit, les deux soldats, eux restèrent au garde à vous. Enfin, il entendit quelqu'un approcher. Une personne venait d'une arrière salle que Ryan distinguait à peine.

Il se dévoila enfin. L'homme beaucoup plus grand que lui, avançait d'un pas léger. Il flottait, trainant derrière lui une cape pourpre bruissant au moindre de ses mouvements. Il laissa courir ses doigts le long de l'accoudoir de son trône.

Maigre, les cheveux grisonnants, une fine barbe sur le menton, ses étranges yeux sombres parurent regarder chacun des trois hommes en même temps. En le voyant ainsi, on aurait pu le prendre pour un homme tout à fait banal.

—Ravi de te rencontrer ! lança-t-il d'une voix cristalline. Tu dois être Ryan ?

—Oui, répondit-il simplement d'une voix qui ne trahissait aucune peur.

—Qu'y a-t-il ?

—Rien.

—J'aimerais que tu évites de me mentir, lança l'homme d'une voix trainante.

—Je vous imaginais autrement, avoua-t-il malgré lui.

Le sorcier si redouté par tout un pays ricana seul dans son coin. La réflexion était-elle si drôle ? Concentré sur les dorures qui ornementaient son siège, Démolian ne répliqua pas dans la seconde. Il parut être ailleurs, dans un monde qui n'était qu'à lui.

—On ne vous apprend donc pas qu'il faut se méfier des apparences ?

—Si.

—Alors, il est temps que tu me voies tel que je suis vraiment.