Chapitre 24 - A deux contre cent

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—Quoi ? hurla Alanah pressée. Tu plaisante ?

—J'ai l'air de plaisanter ?

Prise de vertiges, elle se tétanisa, alors que le moment était plutôt mal choisi. Sur conseil de Brandon, celle-ci passa en premier. Sauter par la fenêtre ne fut pas une bonne idée. Les soldats arrivaient, elle n'avait pas le choix. Si elle tardait trop, Brandon se ferait attraper.

Sans réfléchir, elle se jeta dans le vide et se réceptionna en douceur sur l'auvent. Répéter l'opération pour retomber sur le sol ne lui causa aucun dommage supplémentaire si ce n'était une vive douleur dans le bras. Vint le tour de Brandon. Il s'élança et ne trahit aucune peur en sautant dans le vide.

—Viens ! cria le jeune homme en lui prenant la main.

Les jeunes gens foncèrent dans les rues sans avoir une seule idée de la destination qu'ils prenaient. Les voyant courir comme des fous, les quelques villageois trainant encore dans la rue s'écartèrent de leur chemin.

En déboulant sur la place centrale du village, les habitants prirent peur et s'éparpillèrent telle une nuée d'oiseaux effrayés. Les soldats les pourchassaient encore et les rattrapaient à petits pas, grignotant le moindre centimètre les séparant. C'était sans compter sur l'aide d'une autre troupe qui arriva en face d'eux, les prenant en tenaille.

Blanc comme un linge, Brandon ne parvenait plus à réfléchir. Elle dut le faire à sa place.

—Rendez-vous ! hurla le chef tout en muscles dans l'espoir que tout s'arrête maintenant.

Alanah dégaina d'une main son épée, imité par son ami. Tous deux prirent la décision de faire face à leurs ennemis. D'autres arrivèrent derrière eux, réduisant leurs chances de s'en sortir. Bientôt, une cinquantaine d'hommes les encerclèrent, éclairés par les rares lumières restantes. Ils attendaient les ordres de leur meneur. Un instant, Alanah crut se tenir devant une horde d'ombres tueuses.

Ni l'un ni l'autre n'osa bouger. Elle sentit son sang se glacer.

Pris au piège comme des rats, ils ne parviendraient jamais à se défaire d'un tel nombre.

—Prête ? lui demanda Brandon le souffle court. C'est maintenant ou jamais.

—Non. Ils n'attendront pas que je le sois de toute manière. Hein ?

—On aurait peut-être dû prendre le temps de s'entrainer.

—C'est un peu tard pour cela, tu ne crois pas ! Ironisa celle-ci.

L'ombre d'un sourire passa sur les lèvres du jeune homme.

—On aura tout de même passer de bon moment ensemble ! s'exclama Brandon pour détendre l'atmosphère. Il faut garder ça en tête.

Ces moments avaient été tendus.

—Si tu crois qu'on va y rester... déclara-t-elle.

—Oui en partie.

—Si on s'en sort, je te botte les fesses.

—Ah oui ? sourit Brandon à la fois amusé et tendu.

—Je tiens toujours mes promesses.

—Essaies de rester à côté de moi.

Leurs mains s'effleurèrent un court instant et Alanah jeta un dernier regard du côté du jeune homme en espérant pouvoir recommencer cette opération autant de fois qu'elle le voudrait par la suite.

La horde passa à l'offensive, épée brandie. Ils firent de même, se jetant sur leurs ennemis dans le seul but de leur asséner des coups mortels.

Brandon décapita d'un coup la tête du premier type placé sur son chemin, pendant qu'Alanah déchira le flanc gauche d'un deuxième tentant de l'attaquer par derrière. Elle évita de justesse la lame d'un autre qui fendit l'air à une vitesse incroyable. Le tintement métallique des armes créait un concert strident agressant les oreilles de chacun.

Elle esquiva le premier coup du soldat venu la combattre et se prépara à riposter. Le faire avec un seul bras s'avéra compliqué en plus de neutraliser une partie de son équilibre, son bras droit devint un poids mort dont elle ne pouvait se défaire.

Hélas, elle rata son coup et permit à son ennemi de repasser à l'attaque. La lame la manqua d'un cheveu et siffla à son oreille. Enervée d'avoir raté une occasion en or, elle ne le loupa pas la deuxième fois. Son bras gauche vola dans les airs et trancha nettement la gorge de son opposant. La respiration coupée, il ne put réprimer l'hémorragie qui le tuerait d'ici peu et s'écroula sèchement sur le sol en gargouillant de peur. Elle ne le regarda pas mourir, trop occupée à esquiver les coups des autres soldats.

Lorsqu'elle fit volte-face, Brandon avait disparu. Alanah s'était éloignée de lui et elle ne remettrait pas la main dessus avant un moment. Une dizaine de tête les séparait. Ils furent vite submergés, terrorisés et crevés. Si son ami se battait avec efficacité, ce n'était pas le cas de la jeune femme qui manquait cruellement d'expérience et de technique.

Une main agrippa son épaule. Une autre son bras droit. Un cri de douleur sortit des tréfonds de sa gorge.

Les soldats l'agrippèrent. Elle fit de son mieux pour se défendre. Elle trancha quelques doigts imprudents, puis des mains. Au final, leur sang se répandit à grosse goutte sur ses vêtements.

Ils étaient beaucoup trop nombreux. Il en arrivait tout le temps. En quelques minutes, Alanah se retrouva incapable d'esquisser le moindre geste. Des dizaines de mains la cramponnaient, tripotaient ses seins, bloquaient ses mains. Pousser des hurlements de rage et se débattre de toutes ses forces les incitaient à être plus violents. Ses ennemis commencèrent à se délecter de l'entendre crier comme une sauvage.

—Alanah ! rugit au loin la voix de Brandon.

Mais elle était prise au piège et elle ne pourrait rien. Quelqu'un la débarrassa de son sac, pour l'emmener droit vers un endroit qu'elle ne connaissait pas. Elle rua. Elle voulait plus que tout retourner auprès de Brandon.

Un morceau de tissu apparu devant ses yeux et on la bâillonna. Puis un homme se chargea de lui lier les mains. Personne ne prit garde de faire attention à son bras blessé.

Dans le lointain, elle put entendre résonner les hurlements désespérés de Brandon ainsi que le tintement des épées s'entrechoquant. Au fil des secondes, la douleur lancinante de son bras la fit tourner de l'œil. Sa vue se brouilla petit à petit. Elle supplia qu'on vienne l'aider.

Des mains poisseuses et perverses se posèrent sur son corps, profitant de sa chair, la portant comme une vulgaire poupée de chiffon.

—Emmenez-la ! ordonna la voix d'un homme qu'elle ne vit pas. Et activez-vous.

La seconde d'après, on l'assomma d'un coup derrière la tête et l'obscurité prit la place.

Les Immortels - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant