Chapitre 22 - L'auberge malfamée

15 3 0
                                    

         Ils marchaient depuis dix minutes et la pluie revint aussitôt à la charge. Alanah crut qu'à son réveil, le calvaire serait définitivement terminé et son entrain disparut quand elle vit le sale temps. Ils seraient morts de froid avant d'avoir régler leur problème.

Son estomac criait famine malgré le petit déjeuner composé de fruit et de pain légèrement humide. La boue s'insinuait dans ses bottes et ses chaussettes. Au milieu de la journée, une éclaircie parue derrière les nuages. Or la pluie ne céda jamais sa place au soleil.

—Ça va continuer encore longtemps ? se demanda-t-elle à haute voix. Y a de quoi péter un câble.

—Je préfère être trempé que mort. Pas toi ?

—Drôle de comparaison. Y a mieux ? fit Alanah dubitative.

—Pourquoi ?

—Parce qu'à ce rythme-là, on sera mort de froid.

—Tu préférerais quoi ?

—Etre chez moi.

Ils écoutèrent la pluie et sa cacophonie interminable. Si ça continuait ainsi, Alanah deviendrait folle. Quelques jours avaient passé depuis son arrivée ici, et s'en était déjà trop. Où était donc passé le splendide soleil qui s'était montré le jour de leur arrivée ?

—Bethesa grouille de soldats et on ne pourra pas contourner la ville...

—Pourquoi nous ne pourrions pas le faire ? s'enquit-elle perplexe.

—Parce qu'il fait froid et les soldats aiment ratisser l'extérieur de la ville pendant leur patrouille. Ils cherchent des gens comme moi.

—Si nous n'étions pas recherchés, nous pourrions dormir au chaud sans problème.

—Si nous n'étions pas recherchés, nous ne nous serions pas lancés dans cette histoire ! rectifia Brandon agacé.

Et cent points pour Brandon. Ni l'un ni l'autre ne souhaitaient se faire attraper et passer une deuxième nuit à grelotter de froid à cause de leurs vêtements trempés. Son père avait tenu le coup durant des mois. Comment avait-il pu tenir le choc ? Si elle l'avait très peu vu pendant son enfance, c'était bien pour cette raison.

—Tout ce que je veux dire, c'est que nous ne tiendrons pas jusqu'à Arlington sans dormir au chaud, sans porter des habits secs et en ne mangeant que deux ou trois fruits par jours.

—Je sais ! répondit Alanah en s'immobilisant.

Brandon s'arrêta par surprise. En silence, ils se défièrent du regard.

—Nous aurions dû écouter Malia. Ainsi, Ryan ne serait pas parti et nous serions déjà à la maison, finit-elle par se dire.

—Il est un peu tard pour des regrets.

—Je sais.

—Alanah...

—Pourquoi tu n'as pas voulu nous aider tout de suite ? Il doit y avoir une raison.

Elle pouvait toujours essayer d'obtenir satisfaction. Après tout, elle le méritait bien.

—Je l'ai dit.

—Tu as quand même accepté d'entreprendre cette virée qui va devenir un cauchemar. C'est absurde quand on y réfléchit.

—Je t'ai dit pourquoi je ne voulais pas, répéta-t-il l'air sévère.

—Pourtant, tu te lances dans les mêmes problèmes. Tu n'aurais eu aucune difficulté à nous renvoyer chez nous, admets-le ! A cette heure-ci, nous ne serions plus qu'un mauvais souvenir.

Les Immortels - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant