Les Immortels - TOME 1

Chapitre 31 - Démolian

L'esprit embrumé, Alanah ouvrit les yeux. Lentement, en bougeant le moins possible, elle évalua les lieux une seconde fois. Personne dans la pièce hormis les deux gardes à l'entrée.

Alanah se redressa péniblement. Avoir passé la nuit en position semi assise avait eu raison de son pauvre dos. Ses muscles crièrent au secours et ses os craquèrent un bon coup avant de la laisser régner de nouveau en maitre.

Le capitaine de la garde entra pile à ce moment, surprenant ses deux fidèles postés depuis plus d'une journée. Son armure remise, il lui sembla avoir pris dix kilos de muscles supplémentaires durant la nuit.

Un autre le suivit de très près, plus petit, le teint halé et des yeux marrons aux apparences mesquines.

—On y va !

L'acolyte du capitaine la releva sans ménagement, réveillant la douleur de son bras et la détacha.

Alanah s'amusa presque de pouvoir sentir ses mains libres durant les quelques secondes de liberté qu'il lui offrait. Ensuite, on lui passa des fers. Des bracelets métalliques entourèrent ses poignets et deux autres ses chevilles. Le tout l'empêchait de marcher normalement.

Ils quittèrent le camp au lever du jour avec quelques hommes de la garde rapprochée du Capitaine qui se prenait pour un dieu. Tout le monde eut droit à une monture, sauf elle.

Evidemment, c'était plus marrant de voir les prisonniers souffrit ainsi. Un trajet long et horrible durant lequel elle s'amusa à compter le nombre de pas exécutés.

En parallèle, elle s'intéressa aux différentes conversations des soldats, qui parurent s'amuser de la situation. Une journée horrible qu'Alanah affronta tant bien que mal, avec tous les tracas que cela impliquait. Calvaire qu'elle ne pensait pas voir se finir aussi rapidement.

Elle devina facilement leur itinéraire et vit pour la première fois, le palais immaculé d'Arlington. Un bijou architectural jamais vu chez elle. En contrebas, des colonnes de fumée montaient dans le ciel. Malgré la présence du soleil, la matinée fraiche engourdissait ses membres et elle n'avait pas de manteau. Une fine vapeur sortait des naseaux des chevaux et envahirent l'air de leurs couleurs blanches.

Gênée par ses chaines, Alanah eut énormément de mal à suivre le rythme et manqua plusieurs fois de s'étaler le nez dans la terre lorsqu'on lui demandait de presser le pas. Elle ignorait combien de temps ils avaient mis pour atteindre la citée. D'ailleurs, elle s'en fichait. Cette réponse ne lui sauverait pas la vie.

La rue montait tranquillement entre les maisons en bois. Au passage des soldats, les riverains s'éparpillèrent pour laisser champ libre, évitant qui plus est de croiser leurs regards. La peur régnait.

En début d'après-midi, ils atteignirent l'entrée du palais. Le Capitaine et ses amis lui firent traverser des couloirs interminables et un peu sombre. Lors du trajet, Alanah s'aperçut également qu'un nombre incroyable de serviteurs travaillaient pour le roi. Il en sortait de partout, et aucun ne leur accorda la moindre attention. A part les domestiques, ils ne croisèrent personne d'important. Il faut dire qu'avec ses habits dégoutant, Alanah passait pour plus pauvre que les employés. Elle ne risquait pas d'être élue au rang de miss Univers.

Elle n'aurait aucune chance de s'évader. Ce château, beaucoup trop grand était un véritable labyrinthe, fourmillant de couloir qui partait dans tous les sens. Avec ses liens, penser à courir se révéla inutile. Le sprint s'interromprait au bout de dix mètres. Et dans un tel dédale, inutile d'espérer trouver la sortie du premier coup.

Les soldats lui firent passer une immense porte en bois et refermèrent derrière eux. Un trône avec de magnifique dorure se dressait au bout. Des fenêtres rectangulaires montant jusqu'au plafond permirent à la lumière naturelle d'illuminer la pièce. Contre les murs, des statues aux formes diverses, représentaient majoritairement des femmes dénudées, qui les dévisageaient les uns après les autres.