Les Immortels - TOME 1

Chapitre 38 - La belle, l'esclave et le condamné

Démolian tenait désormais son couteau, à hauteur de la gorge du jeune homme. Appuyant de plus en plus sur sa jugulaire, Alanah vit le pire arriver. Très vite, le sang perla, et une légère expression de douleur se forma sur le visage du concerné. Si elle ne faisait rien, celui-ci allait le tuer.

Une menace qu'elle prit grandement au sérieux et cette fois-ci, elle ne compterait sur personne pour la sauver.

—Quel plaisir de pouvoir enfin exaucer son rêve ! Déclara sombrement Démolian avec un léger sourire narquois. Je n'aurais jamais cru avoir autant de chance !

—Ne faites pas ça ! L'implora difficilement la jeune femme.

—Et pourquoi ne le ferais-je pas ? Éluda son ennemi. Serais-tu prête à accéder à ma demande si je le laisse en vie ?

Une question à laquelle elle ne souhaita pas répondre. Mais oui, il s'agissait bien de cela. Elle ne voulait pas qu'il meurt. Surtout pas à cause d'elle. En revanche, accepter en échange de devenir sa maitresse... Un sacré dilemme.

—Quelle proposition ? Fit-elle semblant de demander pour gagner du temps.

—Ne joues pas les idiotes ! Se renfrogna-t-il tout en lâchant sa proie pour s'intéresser à elle.

—N'acceptes rien venant de lui ! Grogna Brandon d'une voix faible. Tu m'entends !

Elle l'observa, en train de se débattre avec acharnement. Les larmes perlèrent aux coins de ses yeux, sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit. Pourquoi devenir la reine de quelqu'un qui désirait vous tuer ?

Cela n'avait aucun sens. Démolian devait sans doute avoir une raison particulière de lui intimer cela. Elle aurait tant aimé en savoir plus.

—Tu sais ce que je veux ! Et c'est le seul moyen de sauver ton ami. Ou plutôt tes amis ! Si tu ne fais rien, ils mourront. Et de toutes manières, il vaudrait mieux que tu acceptes tout de suite. Cela causera moins de dommage.

—Pardon ? S'étrangla-t-elle de peur.

—Tu as compris. Dans le premier cas, ils restent en vie.

—Et que se passera-t-il si je refuse ?

Démolian eut un vague sourire, avant d'ajouter qu'un simple oui sauverait bien plus que deux personnes, et qu'elle devait voir plus loin. Ce qui ne changeait pas grand-chose à ses yeux.

—Rien ne me garantit que vous tiendrez parole, fit Alanah tentant à tout prix de réfléchir à une solution.

—Evidemment que non, il faudra me faire confiance.

Elle ne lui ferait jamais confiance, à moins d'être folle.

—Alanah, n'en tiens pas c...., commença Brandon, aussitôt étrangler par la magie du sorcier.

—Alors, Alanah, as-tu décidé ?

Celui-ci attendit une réponse de sa part, tandis que dans le même temps, une masse jusqu'à présent inerte, se mit à bouger tranquillement à l'autre bout de la pièce. Que choisir ? Elle n'avait pas les infos nécessaires pour accepter ou non.

Ryan se réveillait enfin. De quel côté se trouverait-il cette fois-ci?

Se massant la tête, il remua, puis se releva péniblement.

—Je ne vous crois pas, argua-t-elle.

—Dois-je donner serment ?

—Al ! L'interpella Brandon, qui se débattit désormais avec une force invisible de plus en plus acharnée. Ne fais rien...

Démolian attendit une réponse. De plus en plus impatient, celui-ci reporta aussitôt sa colère sur la jeune femme. La magie l'entrava immédiatement, puis bloqua partiellement sa respiration, la faisant agoniser de plus en plus. La douleur fut telle que ses gémissements se mêlèrent à ceux de son ami également emprisonné. Mais sa souffrance stoppa dès lors qu'elle se mit à le supplier. Elle pouvait retourner le problème dans tous les sens, si elle n'acceptait pas, Brandon mourrait par sa faute et ça, elle ne le supporterait aucunement.

Si accepter la proposition de Démolian lui permettait de gagner du temps... et sans aucun dommage... Pourquoi refuserait-elle ?

—J'attends, lança-t-il en accroissant l'emprise qu'il avait sur elle.

—Al ! Brailla de nouveau son ami.

Comment choisir ? Le visage tordu de douleur, la jeune femme tenta de retenir le moindre trait du visage de son ami, comme s'il pouvait lui insuffler la réponse qu'elle attendait.

—Il va mourir ! Menaça Démolian en pointant son couteau sur sa gorge. Décide-toi !

Il appuya plus fort, encore et encore, et dès lors que la douleur fut insupportable, celle-ci cria un "oui", plus que distinct, forçant Démolian à faire demi-tour, et à arborer un sourire qui allait d'une oreille à l'autre.

Elle avait accepté, et Brandon serait somme toute sauvé. Quant à elle, son destin changerait du tout au tout.

—Parfait ! S'exclama le roi un rien tendu. Je crois que tu viens d'illuminer ma journée.

Ce n'était pas son avis, même quand l'air déçu de son compagnon de voyage la frappa de plein fouet. Lui signifier silencieusement qu'elle était désolée, n'aurait rien changé.

—Désormais, je peux certifier que l'avenir sera des meilleurs.

Pour lui, oui.

—Gardes ! Emmenez celui-ci aux fers et ne le quitter pas des yeux un seul instant ! Quant à l'autre...

Les yeux noirs du tyran se tournèrent rapidement vers Ryan, tout juste remis sur pieds. Le lui ferait-il payer ? Ou continuerait-il à se servir de lui ?

Incapable de le deviner, la demoiselle observa la scène en silence.

—Quant à toi, tu vas accomplir une des tâches les plus prenantes.

Ryan n'osa pas moufter, écoutant attentivement de son regard clair. Le même qu'à leur rencontre. Il parut redevenir lui-même dans les minutes qui suivirent. Son comportement avait-il vraiment changé en présence de Démolian ?

—Laquelle ? Murmura-t-il après avoir passé quelques secondes à le défier du regard.

—Tu seras au service exclusif de ma future reine (il se tourna dans sa direction) et tu ne la lâcheras pas d'un pouce. Accompagne-la.

—A son service ? s'étrangla celui-ci.

Même la demoiselle eut du mal à saisir cette requête.

—Oui, comme dame de compagnie. Un genre d'esclave. Ce sera très intéressant pour vous deux.

Une expression qui la fit sourire intérieurement.

—Tu vas l'accompagner jusqu'à mes appartements et faire en sorte qu'elle se repose. Evidemment, si vous tentez de comploter contre moi. J'ose espérer que tout tes propos soient vrais Ryan. Je hais le mensonge... Oh, et soignes ces plaies. Je n'ai pas envie qu'elle saigne partout.